Questions de société
Nouveau calendrier universitaire: courrier de B. Paulré (30/06/10) & dossier

Nouveau calendrier universitaire: courrier de B. Paulré (30/06/10) & dossier

Publié le par Bérenger Boulay

Courrier de Bernard Paulré - Elu au CA de Paris 1 (liste Pour une Université des Savoirs):

Chers Collègues,

Notre Université va traiter d'une question cruciale pour les conditions detravail de ses personnels enseignants et administratifs ainsi que pour cellesde ses étudiants, il s'agit du futur calendrier de l'année universitaire.


Deux projets de calendriers transitoires pour l'année 2010-2011 vont êtresoumis
au Cevu de Paris 1 le 1er juillet 2010 et auCA le 5 juillet 2010 (en attendantles futurs nouveaux calendriers pour 2011-2012 non encore dévoilés)


Depuis quelques années, une évolution silencieuse et presque invisible seproduit dans l'enseignement supérieur français, consistant à placer la deuxièmesession d'examens non plus en septembre mais fin juin - début juillet.

L'une des raisons affichées est la désaffection qui semanifeste, pour un grand nombre d'unités de valeur, à l'égard de la session deseptembre. Une autre est la mise en place d'un système LMD fondé sur une"vraie" semestrialisation (cf. note de l'AMUE : LMD et nouveaucalendrier, un peu surprenant : <http://www.cdul.fr/sites/www.cdul.fr/IMG/pdf_LMD_Calend.pdf).

Il semble que la décision récente et salutaire deValérie Pécresse d'accorder un dixième mois de bourse aux étudiants soit uneforme d'incitation à la mise en place d'une année universitaire qui irait effectivementde septembre à fin juin mais qui, pour les enseignants, peut se prolonger,compte tenu des jurys, jusqu'à mi-juillet (cf. exemples de Paris 7 et del'Université de Franche Comté à la fin de ce mail, choisis quasiment au hasard.L'argumentaire de l'Université de Limoges est également reproduit).  

Enfin, ce nouveau calendrier s'accorde parfaitement  — mais est-ce surprenant ? — à la masterisation, en particulier aucalendrier des épreuves du Capes.

Etablis en fonction d'une annéeuniversitaire allant de septembre à début juillet, ces nouveaux calendriers, se traduisent en fait par unedétérioration des conditions de travail des enseignants et des personnelsadministratifs. Aux semaines de cours effectués sans aucune coupure au 1ersemestre et suivies immédiatement, dans certains cas, de la première sessiond'examens avant Noël (cf. exemple de l'Université de Franche Comté), s'ajoutenten fin d'année le cumul de plusieurs sessions d'examens, menées simultanémentavec l'organisation de l'année suivante, et les procédures de recrutement desnouveaux enseignants qui absorbent une certaine énergie, pour une partie desenseignants au moins, au mois de mai.

Les nouveaux calendriers entrainent une détérioration des conditions de vie etde travail des étudiants : (i) le salariat étudiant, que nous déplorons maisqui, à ce jour, est une réalité non dissimulable et malheureusement considéréecomme inévitable dans bon nombre de cas, devient impossible, ce qui revient àinterdire l'accès à l'enseignement supérieur à tous les étudiants qui, pour desraisons variées, sont obligés de travailler ; (ii) la durée de chaque semestreest souvent, dans les universités ayant adopté ce système, réduite d'unesemaine au moins, entre autres raisons pour laisser la place à deux semainesdites "de soutien" en juin  qui semblent n'être bien souvent qu'unesorte d'aimable bavardage. On voit mal comment un étudiant qui a loupé une oudeux épreuves va se remettre à niveau en à peine deux semaines avec quelquesjours de rattrapage pédagogique effectués par d'autres enseignants que ceux quiont dispensé les cours. A l'Université de Limoges on utilise aussi le mot"tutorat" pour désigner ces journées. L'expérience montre d'ailleursque, dans certaines universités, ce soutien est assurée, pour une année, par unseul enseignant, pour un résultat vraiment médiocre puisque la seconde sessioncompte aussi peu d'étudiants que celle de septembre...

Je ne développerai pas ici la question du délai légalde deux mois qui doit séparer la 1ère de la 2èmesession d'examens, et je renvoie à un texte de l'UNEF (cf. fin de ce mail) pour un exposé clair du problème.

La compression du temps aura également comme effet l'appauvrissement descontenus pédagogiques, la diminution du temps de maturation nécessaire ducontenu des u.v., et la réduction des plages de vacances utilisables pour faire avancer la recherche et la préparation de publications par les enseignants (toutes les vacancessont réduites à une semaine à Lyon 2).

La mise en place des nouveaux calendriers pourra avoir aussi pour conséquencede modifier les dates de remise des mémoires de Master. Dans certainesuniversités déjà, les étudiants doivent désormais rendre leur mémoire de M2R enjuin. Qu'en sera-t-il de l'organisation des M2 Pro ?

La concentration du travail de préparation des sessions d'examen, del'enregistrement des notes, de la préparation des jurys et de la préparation dela rentrée conduira dorénavant les personnels Biatos à travailler en flux trèstendus (encore plus tendus qu'actuellement).

Enfin, contrairement au souhait de Jacques Calvet dansla note de l'AMUE déjà citée, la mise en place du nouveau calendrier ne permetpas aux étudiants de passer d'une université à l'autre en cours d'année : unexamen des différents calendriers adoptés par les universités françaises révèleleur hétérogénéité, sans compter que certaines d'entre-elles, et non des moindres, ont choisi pour l'instant de conserver la session de septembre. Cet argument demobilité et d'uniformisation nationale des calendriers semble donc fallacieux, au moinsdans l'immédiat.


Les exemples de calendriers joints permettent d'entrevoir deux cas defigures :

- Au mieux l'année universitaire débutemi-septembre et s'achève mi-juin. Les semestres comportent de 12 à 14 semainescomprenant enseignements et sessions d'examen (La 1ère session du 1er semestrea lieu en décembre ou janvier. La 1ère session du 2ème semestre a lieu en mai).La 2ème session pour chacun des semestres de l'année est organisée en juin. Undispositif de soutien est organisé avant celle-ci. Les enseignants sont libéréspour le 1er juillet. Ils disposent en principe des deux mois d'été et desquinze premiers jours de septembre pour leur recherche. Mais dans le courant del'année universitaire il y aura peu de plages significatives pour s'engagerdans un travail approfondi.

- Au pire l'année universitaire commence début septembre et s'achève unpeu avant le 14 juillet. Elle empiète sur les deux mois d'été et le mois deseptembre est totalement consacré à la rentrée et l'enseignement. La grandepériode d'été que mettent en général à profit les enseignants pour développerleur recherche est fortement entamée, surtout si l'on tient compte d'uneinévitable période réelle de vacances de 2 ou 3 semaines. Et cela à un momentoù les exigences et les contrôles sur la recherche se font plus pressants sinonplus tatillons.

Au vu des deux exemples de calendriers nouveaux, donton peut souligner l'optimisme, on peut craindre qu'inévitablement et rapidementune certaine dilatation se produira, laquelle conduira à clore l'annéeuniversitaire vers mi-juillet au moins. Si les universités organisent en plusdes oraux pour des matières à forts effectifs ce calendrier se prolongera trèsvraisemblablement jusqu'à la fin juillet. Il suffit d'être un peu réaliste pouraugurer cette évolution.

En ce qui concerne les calendriers transitoires deParis 1qui seront examinés au Cevu le 1er juillet, ils prévoient :pour l'un 2 semestres d'enseignement de 12 semaines et, pour l'autre, dessemestres de 11 et 12 semaines. Dans la mesure où les services de bon nombred'enseignants sont déjà déterminés, le plus souvent sur 2x13 semaines, doit onconsidérer que l'Université va convenir d'un forfait ou bien va-t-elle demanderà chaque enseignant de trouver des éléments de service permettant de faire les3 heures (au moins) ou les 9 heures manquantes ? Et que deviennent les planningsde TD prévus sur 13 ou 12 semaines (au lieu, maintenant, de 11 et 10) ? Est-ilraisonnable de fixer le prochain calendrier universitaire la première semainede juillet ?

Il est doncindéniable que, d'une part, les enjeux sont considérables pour l'organisationdu travail des enseignants et des personnels administratifs et que, d'autrepart, le nouveau calendrier aura des conséquences importantes pour lesétudiants compte tenu de leur inégale capacité à s'adapter à un rythme intensenécessitant dorénavant un engagement total et quasi permanent.

Il est vraisemblable que les enseignants, les personnels Biatos et lesétudiants de notre université n'ont pas été convenablement informés de cettedécision à venir et de ses conséquences. C'est pourquoi, soucieux d'unevéritable transparence, nous avons tenu à exposer publiquement la nature etl'ampleur du problème.

Il peut sembler à tout le moins opportun de spécifier les conditions strictessur lesquelles l'université pourrait s'engager, et dans lesquelles ce type denouveau calendrier pourrait avoir des chances d'atteindre les objectifs qui lejustifient sans provoquer de dégradation des conditions de travail desétudiants, des enseignants et des personnels Biatos.


Nous vous invitons à prendre contact avec les membres du CEVU pour leur fairepart de vos observations :

http://www.univ-paris1.fr/universite/gouvernance-de-luniversite/composition-du-cevu/

Dernier point : un certain nombre de grandes universités n'ont pas adopté lenouveau type de calendrier. Dans certaines d'entre elles la question est trèsdébattue et a conduit parfois à des refus. Il serait important de savoir si sonadoption constitue ou non une obligation fixée par le Ministère.

(Dernière minute : il semblerait qu'une grande université parisienne qui avait voté la mise en place du nouveau calendrier à partir de l'année prochaine a été conduite, compte tenu des difficultés, à y renoncer.)

Bien cordialement,

Bernard Paulré
Elu au CA
Liste Pour une Université des Savoirs

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Observations sur les calendriers présentés ci-dessous  :les "semaines de soutien" sont souvent organisées dès la fin de la1ère session d'examens du second semestre. Par exemple : 28 mai vs 30 mai pourParis 7 [tableau non reproduit]. Ce qui signifie logiquement que le soutien a lieu avant que lesétudiants soient avertis de leurs résultats et que les jurys de 1ère session sesoient tenus. Cela implique-t-il que tous les étudiants sont tenus de suivreles semaines de soutien ? La remarque vaut aussi pour l'Université de FrancheComté. Sur le calendrier de L'université de France Comté il apparaît que la 1èresession du 2ième semestre se termine le 29 mai et que les jurys se tiennent dèsle 1er juin. En moyenne et en étant optimiste les enseignants et les personnelsde la scolarité disposent donc d'une semaine pour corriger les copies,enregistrer les notes et préparer les procès verbaux de jury.... C'est ce quenous appelons des flux tendus.

Université de Franche Comté

Calendrieruniversitaire 2010-2011

http://www.univ-paris-diderot.fr/sc/site.php?bc=formations&np=ACCUEIL&g=m


                               Informations de rentrée
                                              le jeudi 10 septembre 2009 - starter SVT (1ère année de licence)
                                                le vendredi 11 septembre 2009 - starter ST (1ère année de licence)

Premier semestre
                               Début des cours
                                              du mercredi 2 septembre 2009 au lundi 28 septembre 2009 selon les formations

                               Fin des cours
                                              le samedi 12 décembre 2009

                               Première session d'examens
                                              du lundi 14 décembre au samedi 19 décembre 2009
                                                du lundi 4 janvier au samedi 9 janvier 2010

                               Deuxième session d'examens
                                              du lundi 14 juin au mercredi 30 juin 2010                                    

Deuxième semestre
                               Début des cours
                                              du lundi 18 janvier 2010 au vendredi 22 janvier 2010

                               Fin des cours
                                              samedi 15 mai 2010

                               Première session d'examens
                                              du lundi 17 mai au samedi 29 mai 2010

                               Deuxième session d'examens
                                              du vendredi 14 juin au mercredi 30 juin 2010

                               Dates des jurys
                                               pour la 1ère session d'examens: du 31 mai au 10 juin 2010
                                              pour la 2ème session d'examens : du 1er juillet au 13 juillet2010

Argumentaire de l'Université de Limoges
Le calendrier universitaire 2010-2011


Dans le cadre de la mise en place du système d'enseignement supérieur "LMD"(Licence, Master, Doctorat), l'Université de Limoges propose un nouveaucalendrier universitaire.

Le but :
- être en phase avec les autres universités françaises et étrangères pourpermettre les échanges d'étudiants en cours d'année
- favoriser la réussite des étudiants à la 2ème session d'examen


Rentrée en septembre pour tous et des semestres bien identifiés
La rentrée se fera dans toutes les filières début septembre. Les semestresseront bien identifiés et couvriront les mêmes périodes dans toutes les unitésde formation. Cette structuration permettra aux étudiants souhaitantdiversifier leur parcours d'aller étudier dans une autre Faculté de Limoges, dela France ou de l'Etranger, en cours d'année. Et, à l'inverse, à notreUniversité, d'accueillir des étudiants étrangers.

Une deuxième session d'examen en juin et non en septembre
Il s'agit de mettre en place la 2ème session des examens en juin et non plus enseptembre. D'autres universités, comme Valenciennes ou Clermont-Ferrand II,emploient ce système et obtiennent de bons résultats. Les étudiants seraientplus nombreux à se présenter et obtiendraient de meilleurs taux de réussite.Par ailleurs, cela permet aux étudiants souhaitant travailler pendant lesvacances d'avoir 2 mois complets (juillet, août) pour exercer une activitéprofessionnelle.

Du soutien pour réussir ses examens
L'Université proposera entre la 1ère et la 2ème session d'examen descompléments de formation et du tutorat pour les étudiants qui le souhaitent,afin de mettre toutes les chances de réussite de leur côté.


La position de l'UNEF

Pour information complémentaire utile sur certains points (la question dudélai des deux mois notamment), voici un extrait du texte que l'on trouve cependantencore en ligne sur le site de l'UNEF (http://www.unef.fr/delia-CMS/index/article_id-869/old_article-868/topic_id-290,5,12/a-t-on-droit-a-2-sessions-d-examens.html):

A l'université, un délai de deux mois est obligatoire entre les deuxsessions d'examens La deuxième session doit donc avoir lieu en Septembre ! Cedélai de deux mois permet de consacrer du temps à ses révisions et bienpréparer les examens. Pratiquement, cela signifie que le rattrapage doit sefaire au mois de septembre, que les études soient semestrialisées ou non.Attention : certaines administrations veulent mettre les deux sessionsd'examens avant l'été, ce qui priverait de nombreux étudiants, notamment ceuxqui sont salariés, de la possibilité de préparer sérieusement le rattrapage.Pourtant, comme les examens de février et de juin ne forment qu'une session (lapremière session), c'est deux mois après les examens de juin que doit avoirlieu le rattrapage. Les universités peuvent déroger à cette règle sous réservede dispositions pédagogiques particulières, mais bien souvent celles-cin'existent pas. La réforme LMD remet en cause la session de rattrapage enseptembre. Si le principe de la deuxième session est maintenu, les examens dejanvier et de juin forment deux sessions séparées du fait de lasemestrialisation intégrale. Pour les rattrapages du premier semestre,le délai de 2 mois court donc à partir de janvier, et ils peuvent donc avoirlieu pendant le second semestre, en même temps que les examens du secondsemestre, ou plus probablement juste après. Encouragées par le ministère,beaucoup d'universités envisagent de ne plus respecter le délai de deux mois.Il faut donc être vigilant.  (gras par BP)

La position de l'UNEF a évolué puisque aujourd'hui cesyndicat étudiant semble favorable - sous conditions fortes toutefois - àl'organisation de la seconde session en juin. Cf. texte transmis à tous les membres du CA de Paris 1le 29 juin dont j'extrais ceci :


"C'est dans ce contexte qu'attachés aux rattrapages en septembre, noussommes prêts à envisager un changement de session. Et cela, uniquement dans lecadre d'une véritable refonte des modalités de contrôle de connaissance etd'enseignement. Nous n'accepterons en aucun cas, un déplacement de la sessionde rattrapage qui soit régressif pour les étudiants.

Une telle transformation nécessiterait de développer des vrais temps depréparation avant les examens, un accompagnement renforcé des étudiants et devéritables garanties dans l'organisation des sessions.

Il s'agit donc de veiller à ce que l'ensemble des avantages issus desrattrapages en septembre soient compensés, de définir « les mesurespédagogiques spécifiques » : la refonte des MCC à mettre en oeuvre, etle dispositif spécifique à mettre en place dans le cadre du processus detransition. "