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Événements & colloques
Les figures modernes de Prométhée

Les figures modernes de Prométhée

Publié le par Julien Desrochers



Le Cral (Centre de recherches sur les arts et le langage)organise un colloque les 15 et 16 Janvier 2004 à la BNF.


LES  FIGURES  MODERNES  DE PROMÉTHÉE
     
*15 et 16 janvier 2004*  

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, Quai François Mauriac, Paris 13e.  Petit auditorium (entrée par le Hall Est).

 

Jeudi 15


Matin, 9h. 30 :

Jean-Marie Schaeffer (directeur du CRAL) et François Flahault :  Accueil et ouverture.

Président de séance : Georges Vigarello, EHESS.

Yves Hersant, EHESS-CRAL : La Renaissance italienne : Prométhée et la dignité de l'homme.  Les humanistes de la Renaissance ont accordé une importance capitale à la question de la dignitas. Dans leurs débats, Prométhée a revêtu diverses figures que l'on précisera.

Michèle Le Doeuff, CNRS-CRAL : "Prometheus sive status hominis". Du De Sapientia de Francis Bacon à Gabrielle Suchon.

Mara Lacchè, Universités de Paris IV et Rome II : L'alliance de l'Humanité et du Progrès. La célébration de Prométhée par les musiciens du XIXème siècle. Le Titan démiurge, emblème  romantique du « génie créateur »  (Goethe, Beethoven), fut célébré par la musique du XIXème siècle en tant que symbole d'un progrès reposant à la fois sur les idéaux chrétiens, la science et l'art, s'exprimant, notamment, à travers les Expositions universelles et les prix musicaux.

Francis Berthelot, CNRS-CRAL : Prométhée et le Père Noël. Le mythe du Père Noël constitue une variante enfantine de celui de Prométhée. Médiateurs entre terre et ciel, tous deux apportent aux petits hommes la lumière dans les ténèbres. Mais, de même que le Titan a trompé Zeus, les parents mentent aux enfants, et cette traîtrise devra être expiée.

Après-midi, 14h30 :            

Président de séance : Piero Pucci, Cornell University.

Christophe  Potocki, CNRS-CRAL : Les arts libérateurs : le
Promethidion de Cyprian Norwid. Pour Norwid, dernière grande figure du romantisme polonais, c'est grâce au travail de l'art que la nation démembrée reprendra corps, que l'homme asservi et fragmenté s'affranchira, s'accomplira, que l'humanité, telle Prométhée-Adam, retrouvera sa vérité en Dieu et renaîtra.

Wojciech Karpinski, CNRS-CRAL : Prométhée dans la Pologne du Xxème siècle. 1- Toile de fond :le mouvement prométhéen avant la guerre. 2- Intermezzo: l'emploi «révisionniste» du mythe (Kolakowski, Kott). 3- La version « laïque » du mythe (Kultura, Herling, Herbert).


Monique Sicard , CNRS-CRAL: De Balthazar Claës à Bernard Palissy : tragédies et triomphes de la ténacité. La Recherche de l'absolu paraît en 1834, les oeuvres de Bernard Palissy sont rééditées en 1844. Alors que l'obstination du personnage de Balzac met à l'épreuve les valeurs familiales, la ténacité du second  fait  de lui le porte-flambeau de la science et du génie personnel.

Sobhi Habchi, CNRS-CRAL : Y a-t-il un Prométhée oriental ? Prométhée, comme Orphée ou d'autres personnages de la mythologie gréco-latine, n'est pas tout à fait absent de la culture de l'Orient arabe et quelques poètes ont été inspirés par ces figures éloignées dont l'impact se révèle donc davantage poétique que philosophique ou religieux.

Vendredi 16 :


Matin, 9h. 30        

Président de séance : François Hartog, EHESS

Michel Frizot , CNRS-CRAL: Nicéphore Niépce, inventeur : un Prométhée rétrospectif. Niépce, occulté par la gloire de Daguerre en 1839 ne fut reconnu  comme inventeur que tardivement, à la faveur des modifications de la technique, et au fil des célébrations et commémorations républicaines.

Maria Pia Di Bella, CNRS CRAL : Prométhées Futuristes. Pour réaliser le rêve d'une société de Prométhées, le Futurisme s'adresse aux jeunes hommes de 1909 pour rejeter la tradition, célébrer la modernité et la « beauté de la vitesse », et exalter la guerre. Le Fascisme exploitera ce rêve tout en la trahissant pour mettre en scène la figure du Dux.

Eric Michaud, historien de l'art, EHESS : Quelques figures nazies de Prométhée. « L'aryen est le Prométhée de l'humanité » écrivait Hitler dans Mein Kampf. Entre « l'homme faustien » d'Oswald Spengler et le « Travailleur » d'Ernst Jünger, le Prométhée nazi symbolisa sans doute l'immanentisme d'une idéologie qui fit du travail la source de toute rédemption.

Yves Cohen, historien, EHESS : Remarques sur un siècle où l'histoire est l'espoir (la production, le communisme et le plan entre les deux guerres).  Au début du XXe siècle, ingénieurs productivistes et communistes ont pour même horizon la puissance transformatrice de la rationalisation industrielle. Prométhée leur apporte la prévision sous la forme de la divination et un espoir  qui devient l'une des principales sources de pouvoir.

Après-midi, 14h30 :            

Président de séance : Tzvetan Todorov, CNRS-CRAL    

Pap Ndiaye, historien, EHESS :  Prométhée en Amérique.

François Flahault, CNRS-CRAL : Du créateur rebelle au triomphe du néo-libéralisme.  1949 : Le Rebelle, film de King Vidor dans lequel Gary Cooper incarne un architecte héroïque. Scénario de Ayn Rand, romancière à succès d'origine russe, qui, en se consacrant à la défense de l'individualisme anti-Etat et du « laisser-faire », a nourri le courant néo-libéral américain.

Claudine Cohen, EHESS-CRAL : Homo prometheus : récits de l'origine humaine au XXème siècle. La figure de Prométhée habite les récits scientifiques qui s'efforcent de situer le « seuil » de l'humain, notamment par l'invention du feu et de l'outil. On interrogera le contenu idéologique et mythique de ces constructions et on fera état des critiques qui leur ont été adressées.

Jean-Marie Schaeffer, CNRS-CRAL :  Le privilège de la connaissance. La tradition occidentale définit volontiers l'être humain par sa capacité de connaissance, et voit dans celle-ci un privilège que l'homme partage avec Dieu, ou qu'il lui ravit.

André Orléan, directeur de recherches au CNRS, membre du CEPREMAP : La conception prométhéenne de l'homme dans la théorie économique libérale. La théorie économique moderne pousse à l'extrême la conception individualiste selon laquelle les rapport aux choses est premier, la relation aux autres n'en étant qu'une conséquence indirecte. On montrera que ce modèle, même s'il contribue à sa propre réalisation, n'offre pas une description satisfaisante de l'économie réelle.
       

Clôture du colloque et cocktail