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Journées d'étude Transphilosophiques sur l'Humain

Journées d'étude Transphilosophiques sur l'Humain

Publié le par Matthieu Vernet (Source : François THOMAS)

La seconde édition des journées d'étude Transphilosophiques aura lieu à la maison de la recherche de l'Université de Lille 3, en salle des Colloques, les 10 et 11 mai 2011, sous la responsabilité de MM. Christian Berner (directeur de l'UMR « Savoirs, textes, langage ») et Philippe Sabot (directeur de l'UFR de Philosophie de Lille 3).

Les journées Transphilosophiques réunissent des doctorants en philosophie de l'Université de Lille 3 et de Belgique qui présenteront leurs réflexions sur le thème "L'humain".

Lambros Couloubaritsis, professeur émérite à l'Université Libre de Bruxelles et Docteur Honoris Causa de l'Université Lille 3, nous fait l'honneur de les parrainer et d'intervenir pour inaugurer ces journées.

Les Transphilosophiques sont ouvertes à tous sans aucune distinction d'âge ou de discipline. La perspective de cette manifestation étant de décloisonner les domaines d'investigation des doctorants au profit d'une approche générale, propice aux discussions, aucune condition n'est à remplir pour assister à ces journées.

Programme des Journées :

Mardi 10 mai
Matin : 
10h00-11h30 – Lambros Couloubaritsis (Université Libre de Bruxelles), conférence d'ouverture :
L'humain comme principe d'émergence.
11h30-12h30 – Gweltaz Guyomarc'h (Université Lille 3 – UMR STL / Université de Liège) : Animal
rationnel ou bipède sans plume : Remarques sur la définition de l'Homme dans l'Antiquité.

Après-midi : L'humain et le non-humain : des animaux, des machines, des dieux et
des hommes.

14h00-15h00 – Valérie Glansdorff (Université Libre de Bruxelles) : Le non-humain comme voie
d'accès à l'humain ?
15h00-16h00 – Sarah Margairaz (Université Lille 3 – UMR STL) : Penser l'humain à la lumière de sa
relation à la technique et au vivant : la double critique simondonienne de
l'« anthropologie ».

16h30-17h30 – Xavier Gheerbrant (Université Lille 3 – UMR STL) : Comment dépasser son
humanité pour devenir un dieu ? Perspectives sur la relation de l'humain et du divin dans la
pensée d'Empédocle.
17h30-18h30 – François Thomas (Université Lille 3 – UMR STL) : Visages de l'humain et alphabet
des passions humaines : Lebrun, La Fontaine et Walt Disney. 

Mercredi 11 mai
Matin : Finitude de la condition humaine, limites de l'humain
9h30-10h30 – Thomas Claisse (Université Lille 3 – UMR STL) : L'humain comme nature, objet de
science. La nécessité d'une définition sceptique des critères de scientificité à travers la
lecture de David Hume.
10h30-11h30 – Nathanaël Masselot (Université Lille 3 – UMR STL) : L'humaine condition : un
phénomène contingent, et pourtant… Eléments d'une critique kantienne.
11h45-12h45 – Emilie de Pauw (Université Libre de Bruxelles) : Amélioration des facultés
intellectuelles et redéfinition de l'humain.

Après-midi : Enjeux politiques : de l'humain à l'inhumain
14h00-15h00 – Louis Carré (Université Libre de Bruxelles) : La production sociale de l'(in)humain.
Hegel et l'ambivalence de la société civile.
15h00-16h00 – Céline van Caillie (Université de Liège / Université Bordeaux 3) : Perspective critique sur
l'usage de la catégorie d' « humain ». Foucault et Butler.

Argumentaire :

Que veut-on dire lorsque l'on parle de l'«humain » ? Y aurait-il quelque chose de plus dans le terme d'humain que dans celui d'homme ? Le champ de l'humain semble en effet plus large que celui circonscrit par la notion d'homme ; quelles perspectives, dès lors, s'ouvrent lorsque l'on s'intéresse davantage à l'humain ?

Le terme « humain » renvoie d'abord à une certaine catégorie d'êtres : les êtres humains, que l'on distingue des autres êtres vivants, à commencer par les animaux. Cette distinction repose-t-elle sur des différences spécifiques (génétiques, anatomiques) liées à l'évolution ; ou faut-il envisager une véritable rupture anthropologique, qui ferait de l'humain un être à part dans la nature, un «genre» à lui seul ? La difficulté classique consiste à définir cette «nature humaine», et à déterminer le critère distinctif de l'humanité (le langage, la conscience, la technique). Mais peut-on dire que l'on naît humain comme on naît chat, ou le fait d'être humain ne renvoie-t-il pas à une certaine manière d'être au monde tout à fait singulière ? L'humain est cet être toujours en excès par rapport à sa propre nature, d'emblée inscrit dans une histoire, une civilisation, et avec lequel s'ouvre le domaine de la culture, de la liberté, de la créativité – ce en quoi il se distingue non seulement de l'animal, mais aussi de l'automate ou de la machine. N'est-ce pas cette capacité qu'a l'être humain de s'inventer soi-même qui rend si problématique pour les sciences dites « humaines » l'ambition d'épuiser la richesse de leur objet?

La nécessité de spécifier ce qui caractérise l'humain semble répondre à un impératif moral et politique : fonder les valeurs de la vie en société et les droits des individus. Ce qui nous retient de considérer l'être humain comme un simple objet du monde, c'est aussi la capacité que nous avons de nous reconnaître immédiatement en l'autre, d'éprouver pour celui que l'on nomme son «semblable» de l'empathie, des sentiments moraux. Par ailleurs, que voulons-nous dire, lorsque nous disons d'un comportement qu'il est « humain » ou « inhumain » ? Et que signifie l'appel à faire preuve d'«humanité» ? Est-ce faire preuve de la plus haute des vertus, de grandeur d'âme, de générosité ? Une justice humaine est une justice qui sait dépasser l'intransigeance de la loi pour s'élever à la noblesse du pardon. C'est reconnaître, par là même, que l'humain connote aussi bien la faiblesse et la finitude de la condition humaine. « C'est humain » dirons-nous pour excuser la peur, la lâcheté, la jalousie, les bassesses de certaines conduites et passions humaines. Cependant, quoi qu'ait pu faire un homme, quel que soit son état physique et moral, on respecte en lui l'être humain qu'il est, et qui lui confère une certaine dignité. L'adjectif « humain » renvoie aussi bien à la grandeur de l'homme qu'à sa misère, au divin qui est en lui, qu'à la chute de l'homme pêcheur : ni ange, ni bête.

S'intéresser à l'humain invite non seulement à poser la question de l'identité humaine, mais à s'interroger sur des thèmes tels que la diversité culturelle, l'anthropologie négative, la notion de « monde humain », l'homme et son environnement, ou encore l'approche littéraire et artistique de l'humain. A l'occasion de ces journées d'études, nous recherchons donc des contributions (d'une quarantaine de minutes environ) relevant de différents domaines : éthique, philosophie politique, sciences humaines, sciences cognitives, esthétique, métaphysique, théologie, écologie.