Questions de société
Communiqué de

Communiqué de "Sauvons la Recherche" du 22/11/07.

Publié le par Marc Escola

Convergence et solidarité entre étudiants et personnels de la recherche : une vraie réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche est possible.

le 22 novembre 2007


Dans la présentation dominante qui est faite des opposants à la loi LRU, la caricature confine au mensonge. Ainsi, dans le mouvement étudiant contre cette loi, il y aurait d'un côté le gouvernement et la CPU (Conférence des présidents d'université), gens raisonnables qui représenteraient la communauté universitaire, fervents défenseurs de « la » réforme, et de l'autre des étudiants minoritaires, mal informés, irresponsables et éventuellement violents, tenants du statu quo.

Chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs, ou personnel administratif, nous estimons que cette présentation est fallacieuse, et a servi de prétexte à des recours à la force que nous condamnons.

Rappelons que de nombreuses voix d'enseignants-chercheurs éminents (y compris de présidents d'université) se sont élevées, tenant sur la loi LRU un discours bien différent de celui de la CPU, qui ne saurait en aucune façon prétendre représenter la diversité des enseignants-chercheurs, et des autres personnels indispensables au bon fonctionnement des universités. En outre, rappelons que près de la moitié des CA des universités avait émis un avis négatifs avant le vote de la loi, les autres ne s'étant généralement pas prononcés, faute d'avoir été réunis (voir : Motions votées par les conseils universitaires)

Il est trompeur de ne présenter qu'une seule voie de réforme possible du système d'enseignement et de recherche, alors que les Etats-Généraux de la Recherche de 2004 avaient débouché sur « un ensemble de propositions de réforme que les scientifiques espèrent voir prises en compte dès que possible », comme il est trompeur d'annoncer qu'un milliard d'euros est mis dans cette réforme, ce qui est absolument faux (lire : Budget 2008 : de l'art de resservir les plats)

Nous voulons de véritables réformes et demandons :

 Une véritable autonomie scientifique et pédagogique des acteurs de la recherche et de l'enseignement par rapport au politique, qui leur est niée contrairement à ce que la référence à l'autonomie des universités veut laisser croire. Celle-ci ne peut pas se résumer à accorder un pouvoir excessif aux présidents d'université, notamment dans les processus de recrutement de personnel. Rappelons que l'évaluation et le recrutement par des pairs compétents sont la norme internationale, et permettent d'éviter l'arbitraire et le clientélisme.

 Un renforcement du partenariat entre universités et organismes de recherche, clé de voûte du système national de recherche, alors que celui-ci se délite. L'affaiblissement méthodique du CNRS, conduisant à son démantèlement programmé, doit être immédiatement arrêté.

 L'octroi aux universités d'un financement par étudiant équivalent à celui des classes préparatoires, des BTS et des écoles professionnelles. Cet investissement est la condition d'un enseignement supérieur de haut niveau, permettant de redonner aux universités la place qu'elles doivent occuper, et est nécessaire pour renouer avec l'ambition de démocratisation scolaire.

 Une répartition complètement modifiée des affectations de moyens pour l'enseignement supérieur et la recherche prévues dans le budget 2008 en diminuant les crédits affectés à l'ANR et au Crédit Impôt Recherche, pour augmenter ceux versés aux laboratoires par le biais des établissements (universités et organismes de recherche). Ils en ont cruellement besoin.

 Un engagement financier important de l'État pour les universités et les organismes de recherche – au lieu du désengagement en cours –, condition indispensable pour que le financement privé ne conduise pas à un contrôle, par le privé, des activités d'enseignement supérieur et de recherche.

 Un plan pluriannuel de création d'emplois afin de diminuer le service d'enseignement des enseignants actifs en recherche, et de renforcer l'encadrement pédagogique en premier cycle. Un tel plan est indispensable pour interrompre la précarisation toujours croissante des personnels travaillant dans ces services publics (chercheurs, enseignants chercheurs, ingénieurs, techniciens, et personnels administratifs).

Aucune des dispositions de la Loi LRU, votée à la sauvette en août 2007 après un simulacre de concertation ne répond à ces demandes fondamentales.

Étudiants, enseignants-chercheurs, chercheurs et l'ensemble des personnels travaillant dans l'enseignement supérieur et la recherche, nous avons tous intérêt au meilleur fonctionnement possible du service public d'enseignement supérieur et de recherche. Dialoguons, soyons solidaires pour améliorer ce système et éviter une dérive dont nous ne voulons pas !