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Biographie et correspondance

Biographie et correspondance

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Catherine Volpilhac-Auger)

Séminaire Ecriture de l'histoire ENS-LSH (« Le Biographique »)


Avec le soutien de l'UMR LIRE 5611, de l'UMR 5037 (CERPHI), et du Master de Littérature française de l'ENS-LSH

 

« Biographie et correspondance »

 
jeudi 10 novembre

(11h-18h, salle F05)

 
 

Les études biographiques s’appuient en priorité sur la lecture des correspondances : par delà les enseignements ponctuels qu’elles fournissent, l’individu (l’auteur, l’homme) est censé s’y livrer, s’y révéler ou révéler ses masques. Revers d’une histoire officielle ou prolongement de la vie publique, la lettre peut jouer tous les rôles. L’image que l’on donne de soi et celle que renvoient les correspondants se complètent mutuellement. Quand l’activité militante passe par la constitution d’une opinion éclairée, le réseau de correspondance devient partie intégrante de l’activité philosophique, qui mêle action et écriture. Commentaire ou témoin de l’œuvre, elle est elle-même œuvre ou fait œuvre, et à ce titre elle entre aussi de plein droit dans les biographies intellectuelles.

Mais elle est également constitutive de l’esthétique même de l’écriture biographique : nulle biographie ne saurait se dispenser de donner la parole à celui qu’elle veut faire revivre, et cette parole est d’abord celle de ses lettres. Au prix de quels artifices, de quelles distorsions ? Comment, au fil de l’histoire littéraire, l’expression à la première personne devient-elle l’expression supposée d’un moi ? Comment la lettre s’identifie-t-elle à l’être ? Comment cet objet hautement littéraire ou social acquiert-il le statut de témoignage intime, sincère et véridique ? Dans quelle mesure peut-on prendre ses distances (comme critique ou comme lecteur) avec les formes et les codes du genre épistolaire ? Chaque époque a pu lire différemment les mêmes lettres, et les utiliser pour construire une image nouvelle d’un écrivain : glissements interprétatifs qui nous en apprennent plus sur le biographe que sur son objet d’étude…

La lettre elle-même se transforme par son entrée dans le champ du biographique : le détail perd son caractère anecdotique pour devenir caractéristique ou définitoire, ou encore émouvant ; le trivial ou le banal renvoient à l’humble quotidien et désignent l’humanité du héros. La biographie plaide pour l’édition de correspondances complètes, exhaustives, tout en procédant par excision et exhibition du détail. Le geste biographique donne sens à la lettre, quels qu’en soient le statut, les circonstances ou le destinataire. Comment cette transformation s’opère-t-elle ? Comment la lecture biographique agit-elle ? Y a-t-il des « écoles », ou simplement des tendances, dans ce traitement de la correspondance ?

Autant de questions qui pourront en entraîner d’autres et être traitées aussi bien à partir de cas précis que sous forme panoramique, du xviie au xixe siècle.


  • Catherine Volpilhac-Auger : Introduction
  • Eszter Kovacs : « Le voyage de Saint-Pétersbourg: lettres contradictoires et biographies de Diderot
  • Paule Petitier : « Correspondance et structure du moi chez Michelet »
  • Christian Croisille : « Lamartine et sa correspondance » [sous réserve]
  • Christophe Paillard : « Regards “latéraux” sur Voltaire: la correspondance de son secrétaire Wagnière »
  • Myrtille Méricam-Bourdet : « Rousseau-Voltaire à l’épreuve de leur correspondance »