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Anecdotes philosophiques et théologiques

Anecdotes philosophiques et théologiques

Publié le par Marion Moreau (Source : G. Navaud)

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Anecdotesphilosophiques et théologiques

Cinquièmerencontre dans le cadre des colloques consacrés à « La théorie subreptice (usagesde l'anecdote dans divers champs théoriques, de l'Antiquité aux Lumières)

vendredi22 et samedi 23 octobre 2010

Université Paris IV-Sorbonne (Maison de la Recherche)

Colloque du Groupe deRecherche sur les littératures de l'Antiquité aux Lumières (GRAL), organisé parFrançois Lecercle et Guillaume Navaud

avec le concours duCRLC (Centre de Recherche en Littérature Comparée), de l'école doctorale III etdu conseil scientifique de l'Université Paris IV-Sorbonne.

Programme

Vendredi22 octobre

Maisonde la Recherche de l'Université Paris IV

28,rue Serpente (VIe), salleD 323

Matin: Formes et contextes de l'anecdote

Premièresession

9h30 Présentation.

10hGuillaume Navaud (Lycée Janson-de-Sailly, Paris)

Inventerl'anecdote : à partir d'Horace, Épîtres I, 17, 13-32.

10h35 Christophe Grellard (Université ParisI) 

La doxographie sceptique de Jean de Salisbury.

11h10 André Tournon (Université deProvence) 

Apophtegmes anecdotiques.

11h45Discussion.

Déjeuner.

Après-midi: Anecdotes et théologie

Deuxièmesession

14h15 Emanuele Coccia(Albert-Ludwigs-Universität, Fribourg)

Les évangiles comme exemples de littératureanecdotique. Le messie entre rhétorique et théologie.

14h50 François Lecercle (Université ParisIV) 

De quelques usages pervers de l'exemplumchez les théologiens de l'image.

15h25 Discussion et pause.

Troisième session

16h Mathieu de la Gorce (UniversitéParis X) 

La religion mise en miettes. Fonctions del'anecdote dans la théologie satirique de Marnix deSainte-Aldegonde (1540-1598).

16h35Dinah Ribard (EHESS)

L'interventionthéologique et sa mise en écriture : anecdotes sur la théologie hors de la théologie(XVIIe-XVIIIe siècles).

17h10Discussion.

Dîner.

Samedi23 octobre

Maisonde la Recherche de l'Université Paris IV

28,rue Serpente (VIe)

salleD 040.

Matin: Genres et figures antiques 

Quatrième session

9h30 Olivier Renaut (Université Paris X) 

Anecdotes platoniciennes sur les premiersphilosophes : quel lieu pour la philosophie 

10h05 Johann Goeken (Université deStrasbourg) 

Les anecdotes au banquet : Platon,Xénophon, Plutarque, Lucien.

10h40 Angela Guidi (Collège deFrance) 

« Et j'ai connu la grandeur de la Torah » :Aristote comme prosélyte juif au Moyen Âge et à la Renaissance.

11h15Discussion.

Déjeuner.

Après-midi: De Hobbes aux Lumières

Cinquièmesession

14h Nicolas Dubos (Université BordeauxIII) 

Le suicide des Milésiennes dans le Léviathande Hobbes.

14h35 Nicolas Corréard (Université deNantes) 

L'anecdote du valet John comme parodiesatirique de l'exemple lockéen dans le « Dialogue of Mr. Lock and Seigneurde Montaigne » de Matthew Prior (Dialogues of the Dead, 1721).

15h10 Discussion et pause.

Sixième session

15h45 Marian Hobson (Queen MaryUniversity of London) 

Anecdotes, potins et satire, ou, laphilosophie sans fin : Le Neveu de Rameau de Diderot.

16h20Rudy Le Menthéour (Bryn Mawr College, Philadelphie) 

Vertigeà Vincennes : anecdote et éthos chez Rousseau.

17hDiscussion et conclusion.

Pot.

Lathéorie subreptice

Depuisl'Antiquité, les textes à visée théorique ont volontiers fait appel à l'anecdote,comme si le récit était un des prolongements naturels de l'argumentation. Cerecours au narratif répond à des objectifs très divers : tantôt il s'agit detempérer l'austérité du discours et de récréer, voire de réveiller, le lecteur,tantôt d'illustrer le propos, de le rendre plus parlant en donnant des exemplesconcrets, ou d'accréditer l'argumentation en produisant les faits quijustifient les conclusions que l'on veut en tirer. Mais le récit se prête aussià des fins plus troubles : on peut raconter une histoire pour suggérer ce qu'onne saurait exprimer trop clairement, ou alléguer un cas dont tout l'intérêt estde ne pas corroborer ce qu'on avance. En se penchant sur ces fragmentsnarratifs, il ne s'agit pas de sacrifier à la tendance volontiers soupçonneused'une certaine modernité, mais de réfléchir sur la place du récit dans l'argumentationet les effets, voulus ou non, que ces séquences, généralement assez brèves maissouvent récurrentes, peuvent produire. Ce qui n'exclut pas de s'intéresser à laforme de ces anecdotes et aux modèles dont elles s'inspirent.

Cinquième volet : Anecdotes philosophiques et théologiques

L'intérêtdes anecdotes biographiques mettant en scène les philosophes fut naguèresouligné par Deleuze, dans Logique du sens, à propos de la « méthode »de Nietzsche, qui vise à « atteindre à un point secret où la même choseest anecdote de la vie et aphorisme de la pensée », méthode dont DiogèneLaërce aurait eu le « pressentiment » en scrutant « la geste desphilosophes » (p. 153). Des premiers philosophes jusqu'à Nietzsche, l'idées'est souvent imposée que l'oeuvre véritable d'un philosophe, c'est sa vie ;la remarque est sans doute encore plus valable pour les saints. Les anecdotesont donc leur place dans l'argumentation philosophique ou théologique, ainsique dans la satire anti-philosophique ou religieuse. Quels sont les formes etles enjeux de ces anecdotes, produites sur, par ou contre des théoriciens ? En s'intéressant à la période allant de l'Antiquité au XVIIIe siècle, et sansse limiter à une aire géographique ou à un horizon disciplinaire étroit, on sedemandera d'abord ce qu'on peut définir – ou ne pas définir – comme anecdote : quels sont les mots employés pour la désigner ? Où commence et s'arrêtel'anecdote ? Comment interagit-elle avec ses contextes, en particulierbiographiques, doxographiques ou dogmatiques ? Entretient-elle desrapports privilégiés avec certains genres ou sous-genres ?
   Il sera aussi question des usages propres à l'anecdote philosophique et théologique.D'une part, on s'interrogera sur des récits anecdotiques qui tiennent lieu depropositions de lecture historiographiques, ou encore d'armes polémiques (pourou contre un auteur, une thèse, voire une discipline). On sera ainsi amener àconsidérer la fonction satirique de l'anecdote : quelle image lesanecdotes renvoient-elles de la philosophie ou de la théologie ? Comment lasatire peut-elle être conjurée ? D'autre part, il s'agira de voir sil'anecdote ne peut pas venir combler une lacune théorique : peut-elle êtreun moyen d'échapper à la censure, d'exprimer des idées trop iconoclastes pour êtredéfendues par un auteur en son nom propre, voire qu'on n'a pas les moyens depenser clairement ? Quelles autres valeurs peut-elle prendre, par exempleapologétique, étiologique ou méthodologique ? 
   Après lesrencontres précédentes – consacrées aux anecdotes démonologiques, dramatiques,picturales et scientifiques –, le dernier volet de ce cycle de colloques seraainsi l'occasion de dégager les spécificités de l'anecdote philosophique ou théologique,d'examiner la manière dont elle est construite ou déconstruite, mais aussi defaire le point sur ce qui peut constituer, au delà des différents champsdisciplinaires, l'anecdote comme catégorie littéraire ou théorique.