Édition
Nouvelle parution
Danilo Kiš, Un tombeau pour Boris Davidovitch. Sept chapitres d'une même histoire

Danilo Kiš, Un tombeau pour Boris Davidovitch. Sept chapitres d'une même histoire

Publié le par Marc Escola

Grobnica za Borisa Davidoviča. Première parution en 1979

Danilo Kiš a pris pour matériau de sa fiction la réalité des liquidations, des procès, des camps et des tourmentes qui sévissent en Europe depuis le début du XXᵉ siècle. Six des sept chapitres de ce livre présentent des biographies de révolutionnaires, terroristes, bagnards ou renégats profondément attachés les uns et les autres à leurs croyances.

Une abondante documentation, des témoignages, des Mémoires, reconstitués par une plume habile à l’exercice de style, se mêlent au récit. Le procédé laisse penser que l’auteur n’a fait que mettre au point et présenter des documents. C’est en partie cet aspect parodique qui donne au livre son ton d’objectivité glaciale dans la mise au jour des mécanismes de l’oppression et de la répression, de l’énergie brutale de la victime et du bourreau ou de leur éventuelle connivence.

Récits cruels où la concision de la phrase souligne la violence de l’action, ces biographies prennent parfois un aspect légendaire, telle l’histoire de Boris Davidovitch, victime de la répression stalinienne, qui disparaît et réapparaît sous de faux noms si bien qu’après sa mort dans un camp on croit l’avoir encore revu à Moscou.

Histoire vraie ? L’auteur nous laissera le soin d’en décider.

Danilo Kiš est né en 1935, à Subotica, à la frontière hongroise. Avant de s'installer à Belgrade, il a vécu en Hongrie et au Monténégro. Licencié ès-lettres de littérature comparée, il a été lecteur de serbo-croate à l'université de Strasbourg de 1963 à 1964 et de Bordeaux de 1974 à 1976. Il a traduit dans son pays les plus grands poètes français, russes et hongrois. Le Grand Aigle d'Or de la ville de Nice lui a été attribué en 1980 pour l'ensemble de son œuvre et le prix Ivo Andric en 1984 pour Encyclopédie des morts. Danilo Kiš est mort à Paris le 15 octobre 1989.

L'ouvrage se trouvait logiquement en parmi les références de l'un des tout premiers colloques de l'équipe Fabula (2001), récemment réédité, au sommaire duquel on peut lire les essais de Katarina Melic, "La fiction de l’Histoire dans Un tombeau pour Boris Davidovitch de Danilo Kis" et Alexandre Prstojevic, "Un certain goût de l’archive (Sur l’obsession documentaire de Danilo Kiš)".