Essai
Nouvelle parution
Bruno Viard, D'Homère à Houellebecq

Bruno Viard, D'Homère à Houellebecq

Publié le par Cassandre Martigny

Il n’existe plus d’îles désertes comme au temps de Defoe. La fameuse question : « Quel livre emporteriez-vous… ? » n’a pourtant rien perdu de sa pertinence pour au moins deux raisons, la surproduction littéraire et les bouleversements du xxie siècle. C’est par rapport à toute la tradition de l’humanité que nous nous retrouvons en position d’insularité. Le ghetto dans lequel s’est enfermée l’université n’arrange pas les choses.

L’Europe est-elle une arche de Noé démocratique surnageant à la surface d’un monde chaotique ? Est-elle au contraire la grande coupable de l’industrie carbonée, qui rend la planète de plus en plus inhabitable, et du colonialisme qui rend les peuples irréconciliables ? Tel est notre fond d’écran.

Loin de constituer un rétrécissement de champ, disproportionné par rapport aux enjeux, la littérature pourrait bien, si on veut oublier le sens restreint qui a encore cours dans les universités, être le rond-point ouvrant en étoile sur la multiplicité des interrogations concernant l’égalité des classes, des sexes, des races, des religions, etc.

Arbitraire en un sens, notre corpus ne comporte que des auteurs fondamentaux répartis sur 25 siècles. Il commence par la Grèce, Homère, les Tragiques, Socrate, suivis par Virgile. Mais notre culture a deux sources, la source grecque et la source chrétienne ? Jésus aura donc son chapitre comme Socrate. Montaigne, Pascal et Rousseau permettront de franchir les siècles classiques. Péguy, Proust, Giono et Houellebecq représenteront la modernité.

Professeur de littérature française, Bruno Viard se présente comme un généraliste. Il a le souci de croiser les disciplines et de briser la méthode universitaire. Il a derrière lui une œuvre constituée tant du côté du socialisme républicain que d’une psychanalyse de l’amour-propre.