Nouvelle édition à huit cents exemplaires sur vélin ivoire giffois en septembre 2024.
Nous ne sommes sans doute pas faits pour penser, pour percer la zone des approximations. Le pays d’ombre et de brume où nous avons notre première demeure et notre habituelle résidence ne gagne pas à paraître au grand jour. Si tel était le cas, on n’aurait pas le souffle court, le cœur battant lorsqu’on tâche à démêler ce qui se passe vraiment, ce qu’il y a eu, ce que l’on fut. On n’éprouverait pas tant de difficulté à découvrir le terme approprié. On ne buterait pas à chaque pas.
«Nul langage ne se substituera jamais à celui qui, depuis trois mille ans, escorte en l’éclairant notre aventure. La littérature, seule, peut expliciter les significations ultimes, ténues, vertigineuses qui hantent obscurément nos jours. Comme toutes les choses humaines, les œuvres évoquées ici sont d’une heure et d’un lieu. Mais elles se sont élevées au-dessus de leur détermination prochaine pour parler à l’humanité. C’est dans cette dimension que se retrouvent Gustave Flaubert, Alain-Fournier, William Faulkner, Henri Thomas, Claude Simon, Jacques Réda et Pierre Michon.»
C’est ainsi que l’auteur introduit ce volume consacré aux grands écrivains l’ayant marqué à des titres divers. La célébration de ces héritages lance et forme une réflexion rigoureuse sur l’écriture en elle-même, cette “activité contre-nature”. Une percée philosophique qui, d’un phrasé sans graisse, vient sonder la pensée et l’économie des hommes pour y trouver, sous les rapports de force et leur historicité, quelques cruciales vérités sur ce monde et sa littérature.
De son premier livre en 1984 (le publiant, encouragé par Jacques Réda et Pascal Quignard) révélant une écriture exigeante à ses plus récents essais dotés d’une poétique conviction, Pierre Bergounioux, jamais loin de la Haute-Corrèze où il grandit, est une des figures essentielles du paysage littéraire.