Idéaliste, Andreï Sobol (1888-1926) n’a de cesse de chercher une cause juste, dans laquelle s’engager corps et âme. Une cause qui puisse l’arrimer dans cette Russie qui lui est chère. Mais de désillusion en désillusion, il n’y trouvera jamais sa place... En 1926, trois ans après avoir renoué par nécessité avec le pouvoir soviétique, et à la suite de deux tentatives de suicide commises en 1924 et 1925, l’écrivain met fin à ses jours. Son œuvre sera occultée par le régime durant les soixante prochaines années.
Le Panopticum, écrit peu de temps avant que Sobol ne commence à sombrer, porte assurément l’empreinte de sa vie tumultueuse, charriant pêle-mêle, au travers de curieux personnages, les élans, les tourments et les espoirs brisés qui l’ont habité. Cet auteur en qui Varlam Chalamov voyait «la conscience de l’intelligentsia russe» est aujourd’hui publié pour la première fois en français.
Les panopticum russes du début du XXe siècle sont les héritiers des cabinets de curiosités, riches de tout ce qui fait la diversité vivante et fossile. L’un d’entre eux, perdu dans un village russe en proie à la guerre civile, sert de théâtre à ce court roman publié en 1925. Ses membres du personnel, la femme avec le cœur à droite, l’homme avec la peau sur les os, la femme avec une tresse longue de deux mètres, le Lilliputien, la femme de deux cents kilos et Tsimbaliouk, le directeur de la compagnie, font face à l’arrivée fracassante d’une communauté d’anarchistes-égocentristes en fuite...
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Merveille de guingois", par Pierre Senges (en ligne 2 novembre 2024)
Dans Les années vingt de Varlam Chalamov, chronique littéraire d’une époque où ont été inaugurés « tous les bienfaits et les forfaits des années qui suivirent », Andreï Sobol fait une très brève apparition : le lecteur a tout juste le temps de le voir quitter Moscou, séjourner à Capri, y écrire un roman « qu’il considérait comme son meilleur ouvrage ».