Le moment où l’art a été identifié comme une sphère d’expérience autonome et installé dans les musées et les salles de concert est aussi celui où s’est imposée à lui la nécessité de sortir de lui-même, de devenir autre chose que de l’art. La musique a prétendu être plus que l’art des musiciens : la langue de l’esprit ou le drame de l’avenir. L’architecture a voulu construire non plus seulement des bâtiments, mais un monde nouveau et cherché pour cela à s’envoler dans les airs. Les artistes révolutionnaires ont décidé de confectionner non plus des tableaux, mais les formes de la vie nouvelle. Et les performances et installations de l’art contemporain se tiennent sur la frontière indécise du dedans et du dehors, de l’art et de la politique. Jacques Rancière nous invite à suivre quelques-uns de ces Voyages de l'art (Seuil), en compagnie de deux vieux guides, Kant et Hegel : les mieux à même aujourd'hui encore à en éclairer les détours. Fabula vous invite à télécharger un extrait de l'ouvrage…
(Illustr.: El Lissitzky, Frappe les blancs avec les rouges, ca. 1919-1920)