Qu’ont en commun les romans Les Aventures de Superman de George Lowther, La Bataille de Pharsale de Claude Simon, Tintin au Nouveau Monde de Frederic Tuten, L’Année où le lion s’est échappé de Carlos Sampayo, les séries de romans pour la jeunesse Titeuf, de Shirley Anguerrand, et Petit Vampire, de Joann Sfar, de même que plusieurs nouvelles des recueils Le Petit Nicolas de René Goscinny et Des Choses fragiles de Neil Gaiman, ou encore l’autobiographie J’avais six ans à Hiroshima du mangaka japonais Keiji Nakazawa? Ces textes qui relèvent de genres littéraires variés sont liés à des bandes dessinées qui leur ont préexisté. Si à première vue, ces exemples semblent exceptionnels, ils font en réalité partie d’un corpus qui n’a jamais été ni inventorié ni étudié spécifiquement.
En s’y attelant, Comics & Novelization : a Literary History of Bandes Dessinées ouvre une nouvelle perspective sur les interactions entre la bande dessinée et la littérature. Ce livre postule que les deux médias artistiques ont entretenu une émulation mutuelle, depuis qu’ils coexistent dans la culture médiatique. Pour le montrer, cette recherche ne se concentre pas sur les adaptations littéraires en bande dessinée, mais plutôt sur un corpus littéraire qui reste pratiquement inexploré : les romans liés à la bande dessinée. Rédigé en anglais, mais focalisé sur la création francophone, ce livre reconstitue une histoire littéraire de la bande dessinée à travers ses romans, du XIXe au XXIe siècle. Alors que la bande dessinée – y compris le « roman graphique » – a parfois été regardée comme la disciple d’un modèle littéraire indépassable, ces adaptations romanesques peu étudiées ne témoignent-elles pas plutôt d’une relation mutuelle, voire d’une émulation, entre les deux médias ?