Le souvenir ajoute au temps une mémoire et une gestation. Il dispose à un retour sur le réel et double l’existence d’images inactuelles ‒ suscitées parfois par le présent ‒ comme chez Proust. Deux intuitions président à ce livre : le souvenir recèle un sens qui excédait les choses vécues sous la modalité du présent, et il organise une vision du monde qui s’oppose à l’idée d’une temporalité décadente. L’excédent porté par le souvenir suppose une dimension inassouvie du temps, dès lors doté d’une force motrice, créatrice – et sans doute émancipatrice.
Avishag Zafrani enseigne la philosophie morale et politique à l’Institut catholique de Paris ainsi qu’en classes préparatoires aux concours de Sciences-Po. Spécialiste de Hans Jonas et Ernst Bloch, elle est notamment l'auteure du Défi du nihilisme, Ernst Bloch et Hans Jonas (Hermann, 2014).
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Sommaire
I. Le temps gnostique ou décadent
Si la vie est un songe
La condition exilique
Dialectique et aliénation de la pensée
Le temps de la chute, le temps de l‘ascension
Le syndrome gnostique, la proximité du mal
Aparté. Les ruines
II. Le temps grec, la réminiscence
La compensation cosmique
L’art de voir le temps, Platon
La mémoire et le politique
Figure de l’éternité
Une sensation du temps, Aristote
Le temps prolifique, Plotin
III. Le temps juif, de près ou de loin
L’aura de l’exode
L’invitation textuelle au souvenir
La mémoire et la transition, Bergson, Kafka, Proust
L’histoire et son refuge
IV. Le temps philosophique et esthétique
L’expérience de l’antériorité et l’expérience de la finitude, deux pôles temporels
La finitude et la liberté, Kant, Foucault, Fellini
La rythmanalyse
La conscience du monde présent
Psycho-acoustique de la perception, le rythme chez Claude Monet
L’image esthétique du temps
Phénoménologie de la vision
L’hypothèse cosmologique