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Revue Narraplus, n° 7 : Sur l'œuvre de Gustavo Martin Garzo

Revue Narraplus, n° 7 : Sur l'œuvre de Gustavo Martin Garzo"

Publié le par Marc Escola (Source : Christine Di Benedetto)

Ce numéro monographique sera consacré à l’œuvre de Gustavo Martín Garzo. Toutes les approches méthodologiques sont acceptées.

Modalités pratiques:

- proposition de participation : résumé d’environ 10 lignes, ainsi que nom et université, adresses postale et électronique, 5 mots-clés. A envoyer avant le 15 septembre  à : 
christine.di-benedetto@univ-cotedazur.fr ; bastardhelene@gmail.com ; mena.caroln@gmail.com ; caroline.bouhacein@unicaen.fr

- réponse du comité pour acceptation des propositions : 30 septembre 2023.
- envoi des textes, en français ou en espagnol : 15 janvier 2024 à : christine.di-benedetto@univ-cotedazur.fr   

Gustavo MARTÍN GARZO, né à Valladolid en 1948, est un auteur contemporain célébré par la critique et dont la production littéraire, extrêmement riche et abondante, mérite d’être mise en avant. Depuis la parution de son premier roman Luz no usada (1987), il a publié plus d’une vingtaine de romans, contes et essais et a reçu de nombreux prix prestigieux pour ses œuvres : El lenguaje de las fuentes (Premio Nacional de Narrativa, 1993), Marea oculta (Premio Miguel Delibes, 1993), Las historias de Marta y Fernando (Premio Nadal, 1999), Tres cuentos de hadas (Premio Nacional de Literatura Infantil y Juvenil, 2004), El jardín dorado (Premio de las Letras de Castilla y León, 2008) ou encore Tan cerca del aire (Premio Torrevieja de Novela, 2010). El árbol de los sueños (2021), El País de los niños perdidos (2022) et El último atardecer (2023) sont ses derniers ouvrages.

Diplômé en Lettres et Philosophie, spécialité psychologie, Gustavo Martín Garzo a exercé en tant que psychologue avant de se dédier à l’écriture. Il a également fondé les revues El signo del gorrión (1993-2022) et Un ángel más (1987-1990). Il dirige depuis 2022, la collection De la belleza aux éditions Eolas. Il publie régulièrement des articles de presse, notamment dans El país et El norte de Castilla. Ses ouvrages d’essais reprennent et développent certaines de ces contributions. Passionné de cinéma, comme l’indiquent les fragments de son ouvrage Sesión continua (2008), certains de ses romans sont étroitement liés au septième art, comme La ofrenda (2018) et le film de Jack Arnold Creature from the Black Lagoon (1954) ou encore son dernier roman El último atardecer (2023) et le film The War Lord (1965) de Franklin J. Shaffner. Gustavo Martín Garzo a d’ailleurs réalisé un court métrage intitulé El secreto, inspiré du récit éponyme de Juan Eduardo Zúñiga, qui a été présenté lors du festival international de la Seminci de Valladolid en 2021.

Son écriture est caractérisée par la réécriture des récits fondateurs. Certains de ses romans sont d’inspiration biblique et explorent, dans la fiction, ce que la Bible ne dit pas. Ainsi, El lenguaje de las fuentes (1993) s’intéresse à la vie et à la mort du personnage de Joseph ; Y que se duerma el mar (2012) est centré sur l’enfance et l’adolescence de Marie, avant qu’elle ne devienne la Vierge Marie ; No hay amor en la muerte (2017) reprend le sacrifice d’Abraham, mais depuis le point de vue d’Isaac. Une autre trame du monde romanesque de Gustavo Martín Garzo se situe du côté de la réécriture des mythes et légendes. À cet égard, il convient de mentionner El jardín dorado (2008) qui revisite le mythe du Minotaure —devenu le personnage de Bruno— à travers le récit de sa sœur Ariadna, la narratrice, qui nous donne sa propre version de l’histoire. De la même manière, La Puerta de los pájaros (2014) s’inspire de la légende arthurienne et ouvre la porte de l’Imaginaire.

L’univers du merveilleux transparaît dans les œuvres de l’auteur et le roman se confond souvent avec le conte comme dans La princesa manca (1995) ou El país de los niños perdidos (2022). Gustavo Martín Garzo a d’ailleurs écrit plusieurs contes, notamment "Tres cuentos de hadas" (2003) ou "Una miga de pan" (2000) et plusieurs albums illustrés pour enfants. Pour cet écrivain, ce genre littéraire illumine le monde qui nous entoure et offre aux lecteurs l’opportunité de mieux appréhender et habiter le quotidien. Ainsi, l’auteur affirme dans l’un de ses articles : « Los cuentos son casas de palabras, refugios frente a las angustias y el dolor. Crean un lugar para vivir, al tiempo que permiten habitar el mundo ».

Enfin, une partie de ses romans plus « réalistes » s’inscrit dans le paysage de Castille-et-León, plus précisément de Tierra de Campos, « territoire mythique » de l’auteur où il se plaît à mêler fiction et histoire de l’Espagne. Plusieurs romans se situent à l’époque de la transition démocratique ou font allusion à la guerre civile et ses répercussions. À travers des récits enchâssés, les personnages deviennent souvent des personnages-conteurs de leur propre histoire et partagent leur mémoire. Nous pourrions alors citer Marea oculta (1993), El pequeño heredero (1997), El valle de las gigantas (2000), Las historias de Marta y Fernando (1999) ou encore Los amores imprudentes (2004). L’oralité occupe alors une place de choix dans l’écriture de Gustavo Martín Garzo, comme l’illustre son ouvrage El árbol de los sueños (2021) au cœur duquel palpite l’écho des Mille et une nuits. Dans le sillage de Shéhérazade, l’art de conter est souvent représenté par des personnages féminins. La voix et la présence des femmes sont des éléments centraux de la plupart des romans de l’auteur.

Dans chacune de ses œuvres, Gustavo Martín Garzo fait montre d’une incessante volonté de rendre la réalité du monde dans toute son étendue et dans toute sa profondeur. Cet élan devient le moteur d'une écriture épiphanique qui invite à porter un regard au-delà des apparences. Ainsi, dans Donde no estás (2015), une présence fantasmagorique permet de dévoiler les secrets enfouis d’un passé douloureux. Côtoyant la réalité la plus pragmatique, le fantastique fait souvent irruption et nous rappelle, comme le château de Tordehumos, que l’important ce ne sont pas les choses en tant que telles mais nos pensées à leur sujet… et les récits qui peuvent en découler.