Leçons de vertige se penche sur la genèse de la subjectivité moderne, celle souveraine qui conçoit son ascension jusqu’aux cimes du savoir comme un procès inéluctable. Depuis sa position en hauteur, contemplant le monde, elle croit pouvoir l’ordonner et le dominer à sa guise. Mais cette volonté de contrôle l’expose par-là même à la défaillance, et au vertige.
Dans la mise en scène littéraire ou philosophique, le vertige exprime un trouble survenant depuis les marges de la pensée et qui destitue les fantasmes subjectifs de la toute-puissance à travers l’ambiguïté du rêve, la stupeur du sublime ou la nostalgie de l’unité. Car c’est justement dans la confrontation douloureuse aux limites de son autodétermination que le “je” moderne s’est façonné.
Révélant les traces d’une négativité créatrice, les différents chapitres de ces Leçons de vertige sont autant de plongées dans les failles de la conscience. Elles mettent au jour les ambivalences qui président à la constitution du sujet moderne à travers des figures importantes de l’histoire de la pensée occidentale telles que Benjamin, Kafka, Rousseau, Goethe ou encore Kant.
Table des matières
Avant propos, 8
Un rêve de Walter Benjamin, 14
Des “ gouffres affreux” de Chailles à Notre-Dame, 24
Thaumas, ou l’origine de la philosophie, 44
Le vertige olympique de Descartes, 54
Déluges, 70
John Dennis et l’invention du sublime naturel, 80
J’étais comme abasourdi” : Petrarque, 90
“Un doux vertige ferme les yeux trop faibles” : Albrecht von Haller, 104
Leçons de vertige : théorie et pratique, 116
Inversions, 132
Éprouver, vaincre, créer le vertige : Caspar David Friedrich, 152
Le vertige de la ville moderne, 174
Abîmes contemporains, 198