Charles S. Peirce a été de ceux qui se sont attachés à effacer des études logiques toute trace de psychologisme, œuvrant à une « conception non psychologique de la logique ». Il s’est notamment opposé à l’empirisme de John Stuart Mill, participant globalement du Psychologismusstreit au même titre que Frege et Husserl. Mais ce trait apparent ne peut masquer le caractère multiforme d’une œuvre qui tente d’unifier la logique et l’association d’idées, confond le naturel et le normatif, et en définitive multiplie les dérives psychologisantes.
Le parti-pris du présent ouvrage est de ne point occulter ces incohérences apparentes et de faire le pari qu’elles offrent un accès privilégié au projet fondamental de Peirce. L’auteur tente de concilier toutes les approches de la pensée, de la physiologie au transcendantal, du psychologique au déontique, dans la visée générale d’une compréhension de la nature et du fonctionnement de la connaissance, autrement dit d’une épistémologie en cours d’invention.
Peut-être faut-il accepter de courir ce risque pour apercevoir l’unité d’une œuvre titanesque.
Jean-Marie Chevalier est maître de conférences en philosophie à l’Université Paris-Est Créteil.
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On peut lire sur laviedesidees.fr un article sur cet ouvrage :
"Les pépites de Charles S. Peirce", par Michel Bourdeau (en ligne le 20 octobre).
Et sur nonfiction.fr :
"Peirce et l’épistémologie", par Giovanni Tuzet (en ligne le 15 novembre 2022)
L’épistémologie peut être conçue comme une discipline qui se place entre logique et psychologie, pour une conception métaphysique réaliste en continuité avec les sciences. C’est l’approche de Charles S. Peirce, comme le montre bien Jean-Marie Chevalier dans un livre qui accompagne le lecteur sur le chemin philosophique complexe du père du pragmatisme.