Cimmérion, barbare et belliqueux, et Sparyanthis, philosophe, érudit, esthète, sont frères et princes, unis dans leurs différences, régnant sur le palais-citadelle d’Etisie. Alilat, ramenée de la guerre, princesse de race royale, les subjuguera, hantera leurs rêves, poussera au meurtre, par ses magies et charmes. Si la trame passionnelle et l’affrontement entre deux frères renvoient aux sources classiques de la tragédie, le cadre ressortit assurément à l’esthétique d’un orient et d’une antiquité décadents. Confin tant géographique que temporel, l’Étisie, par son double éloignement, impose d’autant ses raffinements, ses ors, ses soieries, son érotisme ; tandis que confin littéraire — pays de nulle part — s’y déploient avantageusement les sortilèges : pratique de la théurgie et de l’oniromancie, apparitions, étrange abîme sis au sein même du palais, au profond duquel se reflète «l’eau brûlante de l’enfer»…
Poète (Sonatines d’automne, Le Sang parle), auteur de nouvelles, de contes, de romans (Couronne de clarté, L’Orient vierge, Les Clefs d’or, Le Soleil des morts, Les Danaïdes…), reconnu par Mallarmé comme un de ses fils spirituels, Camille Mauclair (1872-1945) fut un des écrivains les plus brillants de sa génération. Cofondateur du Théâtre de L’Œuvre avec Lugné-Poe, il participa à la création de Pelléas et Mélisande de Maeterlinck. Par la suite, il se consacra au récit de voyage et à des essais sur l’art, la peinture, la musique. En 1922, il publie un livre de souvenirs et de témoignages sur le mouvement symboliste : Servitude et grandeur littéraires.