La langue française est la seule grande langue du monde à disposer de deux mots là où l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’italien n’ont que « dream », « Traum », « sueño », « sogno » : nous avons « rêve », nous avons « songe ». Il me semble que l’un s’oppose à l’autre. Le rêve est stérile et néfaste, le songe est créatif et faste. On fait de mauvais rêves, on ne fait pas de mauvais songes. Toute l’histoire du monde pourrait être interprétée selon cette idée. Quand François Ier a eu l’idée de conquérir l’Italie, il a rêvé, il a été fait prisonnier. Quand il a eu l’idée de Chambord, il a songé et nous a légué l’un des plus beaux châteaux du monde.
Voici l’histoire de Chambord, de 1519 à nos jours, voici ce qu’on appelle l’histoire de ce qu’on appelle la France par ce château si poétique, si sublime, se suffisant tellement à lui-même qu’il a absorbé tous ceux qui l’ont occupé, n’acceptant comme concurrent dans nos mémoires que le roi qui l’avait conçu. Un roi humaniste, dont la leçon pourrait être réveillée de nos jours où les brutes de tous les pays s’unissent pour broyer toute idée d’humanité. Nous n’avons pas peur. Nous avons le songe de Chambord. Ch.D.
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Publié le par Faculté des lettres Université de Lausanne