Parution du huitième numéro de la revue À l'épreuve du RIRRA 21 :
« En dilettante ? Plaisirs, pratiques et engagements esthétiques »
dirigé par Sixtine Audebert, Sara Maddalena et Julie Moucheron.
https://www.alepreuve.org
Cette nouvelle livraison de la revue interdisciplinaire À l'épreuve entend mettre en lumière une notion riche d'une dense histoire culturelle et imaginaire, et pourtant peu discutée, peut-être en raison de ses connotations péjoratives. À première vue, le « dilettantisme » caractérise en effet un investissement irrégulier et désinvolte dans une activité. Le dilettante serait un esthète oisif, amateur, non spécialisé… voire un bourgeois égoïste. S'il existe une forte coalescence de la notion dans la littérature française de la fin du XIXe siècle, notre pari a été de décentrer le terme de ses représentations traditionnelles, pour ouvrir une interrogation plus générale sur l'amateurisme dans les domaines artistiques et littéraires.
Les contributeurs et contributrices du numéro ont développé leurs réflexions sur le dilettantisme dans des disciplines aussi diverses que la littérature, l'histoire de l'art, les arts du cirque, la philosophie, ou encore les arts plastiques. Bien qu'elles s'appuient sur des méthodes et des corpus très différents, le point commun entre ces approches est qu'elles problématisent la notion d'engagement politique au prisme de la production artistique. Les postures et les activités dilettantes sont hétérogènes. Pour les uns, le dilettantisme sera une ressource en termes d'image, un gage d'authenticité à cultiver. Pour d’autres, il sera une étiquette dont il faut se défaire, individuellement et/ou collectivement. Enfin, il peut être une catégorie créée et transmise par la postérité. La question de l'amateurisme permet d'interroger la potentielle démocratisation de l'art et peut se muer en geste politique ; à l'inverse, l'amateurisme conduit peut-être, paradoxalement, à renforcer les barrières de la capacité technique ou scientifique spécialisée.
Sommaire
• Dominique Ancelet-Netter : « Paul Bourget : du poète dilettante inquiet à l’auteur de romans à idées »
• Marco Falceri : « Les soldats artistes amateurs de la Grande Guerre : engagements esthétiques et pratiques autodidactes »
• Antoine Poisson : « ''Révolution de café'' ou ''discipline allemande'' ? Les surréalistes contre le dilettantisme révolutionnaire »
• Justine Brisson : « Barthes et l’utopie d’une ''société d’amateurs'' : l’impossibilité de faire œuvre »
• Léa de Truchis : « Dilettantes ou historiens, portraits des premiers auteurs de l’histoire du cirque »
• Marie Vicet : « L’artiste en amateur de clips : entre critique, imitation et relecture »
• Chloé Persillet : « #Peinturealhuile : le métier du peintre à l’aune des réseaux numériques »
Dans la seconde partie du numéro, sont publiées six contributions issues des journées d’étude Work In Progress organisées par les représentants des doctorants du RIRRA 21 (Université Paul-Valéry) en 2020 et 2021. Cet événement annuel est l’occasion pour les doctorant·e·s de présenter leurs recherches devant un public composé de pairs et de chercheurs du laboratoire.
• Betty Zeghdani : « La visite du ''marché aux esclaves''. L’écrivain-voyageur à l’épreuve du topos (Lamartine, Nerval) »
• Yaniv Touati : « Horizon et structure d’horizon dans la California Trilogy de James Benning »
• Sixtine Audebert : « Présence et usages des imaginaires sériels dans les fanzines de metal français (1985-1990) »
• François Prévost : « ''Comme un chien dans un cimetière le 14 juillet'' : Les topiques du poète maudit dans les textes d’Hubert-Félix Thiéfaine »
• Archana Jayakumar : « Not a Black Moor but a Brahmin-Christian Moor: Shakespeare’s Othello in Early Postcolonial Indian Cinema »
• Thierry L’hôte : « The Last of Us part II : entre non-jeu et dissonance ludonarrative »
(Illustr.: Vladimir Makovsky, Le Dilettante en plein air, 1896)