
Poétiques d’une vie
« En général, j’écris les premières pages d’un roman, et j’écris la dernière ligne. Je sais déjà comment le roman va se terminer. La dernière phrase ou les deux dernières ou les trois dernières, peu importe, mais la fin littérale, textuelle. Et je poursuis cette fin jusqu’à ce que je l’aie rejointe. Quand je l’ai rejointe, le livre est fini1. »
« L’écrivain refuse l’illusion d’une approche transparente de l’histoire, du temps et de l’espace. Il préfère, au contraire, le filtre nuancé de l’opacité, fait de strates et de couches difficiles à démêler2. »
1Tisser les différents fils d’une pensée en clair-obscur, tel est le programme que s’est donné Aliocha Wald Lasowski dans son dernier texte au titre aussi épuré qu’éloquent pour se pencher à nouveau sur la vie, les combats et la portée de la réflexion d’Édouard Glissant.
2Lauréat en 2008 du Prix Édouard Glissant, pianiste de formation et batteur, Aliocha Wald Lasowski est Maître de conférences en Littérature à l’Université Catholique de Lille dont il dirige le département des Études Littéraires, et enseigne, entre 2019 et 2024, la pensée post-coloniale à Sciences-Po dans cette même ville. Son Habilitation à Diriger des Recherches porte sur l’esthétique d’Édouard Glissant avec lequel il a connu de nombreux moments d’échanges.
3Son dernier ouvrage s’inscrit dans le sillage de ses autres travaux de recherche sur cet auteur : Édouard Glissant, penseur des archipels3, qui analyse de manière approfondie l’œuvre et la portée de la pensée de Glissant, Édouard Glissant, déchiffrer le monde4 où sont repris l’apport et l’actualité du poète, et Sur l’épaule des dieux. Les arts d’Édouard Glissant5 où est analysé son rapport à l’art, en termes esthétiques et pratiques. Dans Édouard Glissant, qui se présente sous la forme d’une biographie, Glissant devient la matière du livre. Le chercheur adopte une perspective synthétique et distancée de la personne et de l’ensemble des thématiques du travail de l’auteur. Il reprend la narration de sa vie avant d’analyser son intérêt pour la politique ainsi que ses relations avec l’art et les artistes. Le regard d’Aliocha Wald Lasowski s’attache ainsi à mettre en évidence la pensée monde de Glissant à partir des différentes phases de son parcours. Il examine la façon dont sont enchevêtrés les destins de l’homme, du poète et du penseur.
Accueillir la créolisation
4Aliocha Wald Lasowski indique les deux aspects de la pensée de Glissant, d’abord l’antillanité comme lutte pour l’indépendance et contre l’assimilation avec Le Soleil de la Conscience (1956), puis, avec Le Discours antillais (1981) et Philosophie de la relation (2009), la créolisation qui, à la différence du métissage, entremêle des langues ou des cultures à partir d’autres influences en engendrant des transformations imprévisibles, et le « Tout-Monde », entendu comme l’ensemble des espaces qui entrent en relation et dont la connexion produit une richesse. La situation de la société caribéenne, dans ses combats et sa pluralité, est le point focal de cette démarche d’écriture.
5La créolisation se déploie dès ses soubassements. Elle combat les interdits de la plantation. Glissant pose aussi bien l’acte d’écriture que celui de l’avènement du « Tout-Monde » avec l’ensemble des langues du monde qui se retrouvent dans son écriture. La créolisation, par son hybridation, produit de l’inattendu.
6Peut-on limiter la créolisation à ce qui est en train de s’inventer ? C’est la question que pose Aliocha Wald Lasowski qui montre comment la définition de la créolisation est déjà présente dans l’écriture de Rabelais. L’auteur humaniste confère déjà au récit d’autres possibilités d’expression et de perception. Glissant travaille selon des intervalles à partir desquels se forment des significations dans un discours conçu comme objet de façonnage et de transmutations.
7Dans la mesure où la créolisation permet à la spécificité et à la réciprocité de se manifester, il s’agit d’accueillir la différence de l’autre, dans son être, son point de vue, sa sensibilité et son identité. Aliocha Wald Lasowski étudie le concept d’antillanité, dans laquelle se construit une culture spécifique en lien avec l’histoire et le lieu de celles et ceux qui la portent, pour travailler sur le concept de créolisation. À partir de la vie et du travail d’Édouard Glissant, le chercheur rédige un manifeste pour une pensée libérée des systèmes de domination qui l’oppressent, une pensée située dans son lieu, dans la mondialité et non dans la mondialisation.
8Aliocha Wald Lasowski souligne l’influence déterminante de Jean Wahl sur Glissant. Le philosophe français réfléchit, selon l’orientation de la pensée non-systématique, à une perception simultanée et instantanée du temps. La poésie de Glissant travaille la séparation et le lien dans le langage de l’immédiateté et l’opacité qui se dégage de cette écriture devient, paradoxalement, un critère d’analyse concrète du rapport au monde.
9Le chercheur aborde également l’influence sur Glissant de Frantz Fanon qui par son approche politique engagée (Fanon soutient les volontés d’indépendance des nations et a pris parti pour la cause de l’Algérie) mais également clinicienne, en tant que psychiatre, articule dans sa pensée « existentialisme, universalisme et africanisme » (p. 101).
10Aliocha Wald Lasowski appuie sa démonstration grâce à des situations linguistiques extérieures à l’œuvre de Glissant mais rejoignant sa réflexion. Par exemple, catalanité en Espagne relève de la pluralité et de l’hybridation des origines. Elle induit une forme de créolisation prenant en compte une relation à l’autre opaque car en lien avec la diversité et la reconstruction des identités. Glissant soutient par ailleurs que parler sa langue représente une forme de liberté. En outre, lors de ses années passées aux États-Unis, il observe également ce processus de créolisation dans les villes où se développe la culture afro-américaine du blues, et qui connaissent une forme d’interculturalité dans les échanges et dans les arts : le carnaval de la Nouvelle-Orléans en est une des formes.
11Dans cette idée, Aliocha Wald Lasowski présente également les numéros saillants réalisés par Glissant dans la revue Le Courrier de l’Unesco à l’époque où il en était le directeur. L’écrivain y déploie ses réflexions sur le décloisonnement de la pensée et l’ouverture à la créolisation du monde dans l’imprévisible.
12L’analyse du chercheur sur la poésie de Glissant s’inscrit dans une exploration des variations de l’intime, une redécouverte du vivant par le divers et par une ouverture sur le monde. Ce mode de présence peut coïncider avec la temporalité ontologique du Dasein de Heidegger. La poésie de Glissant s’appréhende dans une zone d’intervalles hétérogènes et multiples entre les êtres, les terres, et les civilisations. Elle fonctionne comme une respiration dans le chaos du monde par l’opacité et la polyphonie qu’elle intègre. L’écriture de Glissant se construit ainsi à partir du déliement d’une langue s’inventant à mesure qu’elle s’énonce dans l’errance et dans la pluralité. La langue réécrit une mémoire et est intimement mêlée à l’histoire dont elle fonctionne comme la mise en abyme.
Paysage, art et politique : lieux et situations
13Le paysage est le lieu du lien chez Glissant car il est ancré à la figure de son père qui lui a fait découvrir les plantations. Aliocha Wald Lasowski explique comment le poète ressent l’expérience de l’étrangeté, du déracinement et du divers dans sa chair lors de la traversée en bateau de la Martinique jusqu’au Havre, et comment son passé demeure en lui.
14Les frontières deviennent dans l’écriture de Glissant des lieux d’échange et non d’enfermement. L’auteur montre la circulation et les traces non linéaires de l’imaginaire aussi bien collectif qu’individuel, comme dans son roman La Lézarde qui elle-même « est finalement un personnage fondamental du récit. La rivière guide l’histoire dans ses méandres, ses tourbillons, ses impasses et ses détours » (p. 76).
15Le travail de Glissant sur le paysage induit une relation au monde d’ordre philosophique. Aliocha Wald Lasowski montre comment Hegel, dans son travail sur la dialectique, permet à Glissant de faire avancer son argumentation sur le paysage ancré dans les aspérités du « Tout-Monde ». Gaston Bachelard qui a très vite remarqué Glissant n’est pas étranger à cette conception : son travail sur les quatre éléments (feu, air, eau, terre) permet de retravailler l’imaginaire et de rattacher la pensée à la texture du monde. De même, sa complicité avec Deleuze et Guattari conduit Glissant à prolonger leur concept de « rhizome » élaboré dans Mille plateaux. Le rhizome, structure hétérogène en permanente évolution, est un vecteur d’altérité, de relation, à partir duquel Glissant crée deux concepts : l’identité-racine, unique et fermée, et l’identité-relation, plurielle et ouverte. L’ouvrage Édouard Glissant se déploie d’ailleurs selon un modèle rhizomique : Aliocha Wald Lasowski aborde une succession d’aspects de la pensée démultipliée de Glissant selon des thématiques — telles l’écriture romanesque et politique, la mémoire et l’histoire et le rapport aux arts de Glissant — qu’il analyse en interrelations avec des évènements survenant dans sa vie.
16L’intérêt de Glissant pour l’art réaffirme sa conception du paysage. Aliocha Wald Lasowski montre que l’écrivain prend part au processus créatif des artistes, dans la pluralité des moyens d’expression qu’ils utilisent et qui illustrent les singularités de l’altérité. Il ne s’agit pas de souligner l’harmonie d’une œuvre mais d’accéder aux forces vitales et mouvantes de la création. Son intérêt pour l’art suit la dynamique de sa pensée, ouverte aux aspérités et à l’imprévisible du monde, pour amener vers le « Tout-Monde ». Le travail de Quincy Jones, qui intègre sa musique dans la relation à l’autre, reflète les aspects multiples des approches et des formes de pensées de Glissant. Par sa créativité et son assimilation de différents genres et de styles musicaux, Quincy Jones opère une créolisation de son art. La réinvention est constante et permet d’ouvrir la relation. Wilfredo Lam apparaît également à Glissant comme un artiste créolisant les arts en faisant se rencontrer dans un même tableau des tendances artistiques différentes. Cette polyphonie, qui se retrouvera également dans la musique jazz appréciée par Glissant, ouvre une nouvelle voie créative aussi bien dans ses écrits que dans les improvisations musicales qu’il a parfois exécutées.
17Aliocha Wald Lasowski présente la galerie parisienne du Dragon comme un lieu d’échanges ainsi qu’une représentation aussi bien de la création littéraire notamment poétique de Glissant, que de ses recherches à partir de son appréhension des œuvres d’art exposées. En plus de l’ouvrir à d’autres formes de relation et d’affirmer sa défense de la diversité culturelle, l’art lui permet, à partir d’une ouverture des sensations et du regard, de prolonger sa réflexion pour tendre vers l’imprévisible de la pensée.
18Ici encore Aliocha Wald Lasowski prend un rôle de passeur en mettant en perspective ce que peut apporter Glissant à une pensée dont il décloisonne les genres. Il montre sa réinvention permanente au niveau du langage6 mais aussi dans la forme même de sa parole et de ses actions qui participent d’un questionnement constant. Le 6 septembre 1960, Glissant signe le Manifeste des 121 refusant la guerre d’Algérie et la prise des armes par les militaires français contre les Algériens. Il devient en avril 1961 le leader du mouvement indépendantiste, Front des Antillais et Guyanais pour l’autonomie, dissout en juillet 1961 par le Général de Gaulle qui l’assigne à résidence en France. L’Institut Martiniquais d’Études, qu’il créera plus tard en Martinique, lui permet de renouveler son engagement sous une forme de transmission qui rompt avec la séparation traditionnelle entre les domaines d’étude. Il crée en 2006 à Paris l’Institut du Tout-Monde afin de continuer à soutenir les diversités et singularités liées aux populations.
19Une partie de l’ouvrage d’Aliocha Wald Lasowski est consacrée au débat sur la négritude et l’antillanité. Tandis que pour Glissant la négritude relève d’une signification univoque, la diversité des acceptions de l’antillanité, perçue comme « désaliénation » (p. 77), permet de déployer nombre de significations aussi bien dans le champ politique que culturel, éthique ou économique. Aliocha Wald Lasowski présente d’ailleurs l’ouvrage Mémoires des esclavages. La fondation d’un Centre national pour la mémoire des esclavages et de leurs abolitions comme un travail d’analyse de la part de Glissant, une ouverture à la mémoire de l’esclavage comme conscience de la destruction massive et cruelle d’individus.
20Chez Glissant, le tracé du paysage inscrit celui des actions, dans leur dépassement et leur décentrement. L’art et la littérature constituent paradoxalement une défense forte à la dictature, à l’imposition d’une pensée et d’une conduite. Aliocha Wald Lasowski présente ainsi les détours de Glissant pour créer son cheminement à partir de la multiplicité ainsi que la porosité des approches qu’il offre à la relation.
La relation comme inclusion du monde
21En situant Glissant aux côtés de Rabelais, Montaigne et Matisse, Aliocha Wald Lasowski le positionne aux côtés d’auteurs ouverts et en relation. Dans son ouvrage Poétique de la relation (1990), Glissant reprend la démarche d’Aristote qui s’appuie sur la perception, la cognition et les sensations pour construire une œuvre. L’écrivain fait ainsi de la poétique une forme de vie laissant libre cours à la mouvance de la mémoire, de la narration et de la création afin de penser le monde et de l’habiter. Car la mémoire que souhaite préserver Glissant constitue une ouverture sur l’avenir.
22Glissant a une prédilection pour le lieu du divers considéré comme une écoute des singularités formant les différents aspects d’un monde ouvert qu’il perçoit de manière plurielle. Ces lieux s’inscrivent dans des rencontres amenant le dialogue et la remise en question pour une « pensée de tremblement » (p. 85) qui accompagne les évolutions des mondes et des cultures. Car il s’agit de retrouver le sens de la communauté pour recréer, à partir d’un désir et non d’un moyen, le multiculturalisme dans la nation en évitant aussi bien l’aspect universaliste et globalisant que les écueils des particularismes.
23Aliocha Wald Lasowski travaille sur le positionnement de Glissant lors de son débat avec Stéphane Hessel, en 2009 à l’Office des Nations Unies de Genève sur le principe des droits de l’homme. Si tous deux souhaitent « un cosmopolitisme partagé » (p. 24) pour le futur, Stéphane Hessel rappelle l’importance de considérer les valeurs fondamentales et communes à tous, alors que pour Glissant, la pluralité, le devenir et l’hybridation relèvent de l’historicité intégrée à la diversité des lieux et des expériences. Le chercheur analyse la démarche archéologique de Glissant quant au fait social et historique : Le Discours antillais est, selon lui une « déconstruction philosophique des rapports de domination et de toutes les formes d’exploitation. » (p. 120) pour laisser aux Antilles sa forme d’expression politique et créatrice. La figure du Négateur, illustrée dans le roman Malemort et montrant un individu dominé mais insoumis, prend alors toute sa place. En insistant sur l’ouverture que la pensée de Glissant confère au monde, Aliocha Wald Lasowski montre comment les êtres et la pensée peuvent être transformés par cette vision plurielle.
24En travaillant selon la dynamique de la répétition et du ressassement, Glissant s’appuie sur la langue appréhendée à partir de son usage et de ses formes d’expression pour construire un lien social et politique qui sera précurseur de pensées portées par la diversité, le passage et l’intervalle. Aliocha Wald Lasowski montre comment Glissant opère un travail de « réinvention de sujets innovants » à partir d’un renouvellement d’un « corps politique ouvert sur la différence » (p. 147). Il s’agit d’écouter, d’échanger et de prolonger le différend qui amène la relation à s’instaurer.
25Aliocha Wald Lasowski achève son ouvrage avec une conclusion au titre explicite : « Une philosophie de l’écologie » (p. 191). Il attribue à la réflexion d’Édouard Glissant un rôle de lanceur d’alerte face à l’urgence des évènements du monde, notamment de l’écologie, dont relève le Tout-Monde selon le chercheur. Puisque la diversité fonctionne également pour protéger le monde, une réflexion sur le politique passe par la diversité et la préservation des espèces. La pensée de Glissant, qui traduit son « souci environnemental » (p. 192), travaille en permanence cette disponibilité et cet accueil : « Face à l’extinction des natures et des cultures, de la diversité des espèces et aussi des langues et des traditions, elles aussi menacées de disparition, Glissant invente et développe l’imaginaire écologique. » (p. 195). Aussi, cette attention, qu’elle relève ou non de l’écologie, permet le déploiement de toutes les formes de relations.
26Les travaux de Glissant mettent en garde contre la fermeture et la négation de l’autre. Sa réflexion rejoint cet énoncé de Marc Augé dans Le sens des autres, Actualité de l’anthropologie : « Aujourd’hui, la catégorie de l’autre s’est brouillée. Mais ce n’est pas dire que le chauvinisme, le racisme ou l’esprit de classe ait disparu. On pourrait même suggérer que, au contraire, ils peuvent connaître, du fait du brouillage des signes, des expressions particulièrement exacerbées. Faute de penser l’autre, on construit l’étranger7. » Glissant intègre dans la langue la notion de partage qui se situe au cœur de sa pensée de relation qui s’élabore à partir du différend.
En guise d’ouverture : revenir à la poétique
27Dans cette mise en perspective de la vie de Glissant à travers les modulations de ses écrits mais également de ses prises de position, Aliocha Wald Lasowski s’attache aux thématiques variées et évolutives, et souligne les enjeux divers et actuels de sa pensée. La forme même du livre est également multiple intégrant l’élément sonore dans un coffret de trois CDs aux éditions Fréneaux & Associés, Édouard Glissant, le Tout-Monde, une dynamique de la diversité (Série « Figures de l’Histoire »).
28Avec des exemples puisés dans la peinture, la littérature ou la musique, Aliocha Wald Lasowski étudie, sous la forme d’une analyse contextuelle, comment à partir de la dimension féconde des arts, Glissant travaille au devenir du Tout-Monde. Le chercheur encourage cette pensée ouverte à une relation impliquant la rencontre de l’altérité et une écriture qui retravaille la mémoire à partir de la spécificité de ses histoires. Les textes de Glissant, conçus comme des poétiques, touchent en effet l’actualité, la sienne et la nôtre.
29Au-delà d’une biographie, ce texte écrit par d’Aliocha Wald Lasowski est un point d’ancrage mais aussi un lieu de passage vers la pensée d’Édouard Glissant afin de montrer les partages permis par l’art et la littérature et de bâtir des ponts permettant le dialogue des singularités, sans toutefois effacer la nécessaire opacité du monde. La pertinence de la réflexion d’Aliocha Wald Lasowski se situe d’ailleurs dans ce qu’elle nous donne à voir aussi bien le projet que l’impulsion créatrice de Glissant.
30Il faut noter également que cet ouvrage place Glissant dans une atemporalité littéraire, conceptuelle et politique. Aliocha Wald Lasowski fait état de sa disparition — qui a eu lieu en 2011 — uniquement dans la chronologie qu’il établit à la fin de l’ouvrage. Si Édouard Glissant apporte des approches et des concepts variés pour penser les situations, par sa capacité de faire entendre des paroles inaudibles et d’envisager des théories jusque-là impensées, Édouard Glissant continue à avoir toute sa place pour réfléchir aux problématiques contemporaines : « Face à la mondialisation standardisée, Glissant invite à la mondialité qui partage et réunit les différences8. »