Colloques en ligne

Chloé Chaudet, Anne Garrait-Bourrier, Lila Lamrous et Benjamin van Wyk de Vries

Introduction

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1Le présent colloque vise à mettre en lumière les potentialités transdisciplinaires qui caractérisent l’écocritique, à partir d’une notion pour le moins polysémique : celle de « catastrophe naturelle ». Sa définition minimale renvoie à un « phénomène naturel qui entraîne des conséquences dramatiques (victimes humaines ou animales, dégâts matériels [ou environnementaux]1) », impliquant des dynamiques « géologiques, climatiques, biologiques ou écologiques2 ». Les contributions permettront de préciser son extension, mais aussi de questionner sa pertinence à l’ère de l’Anthropocène.

2L’un des phénomènes récents associés à cette notion riche de sens est directement à l’origine de ce travail collectif : sans l’épidémie de Covid-19 ayant empêché la tenue « en présentiel » du colloque international co-organisé par l’Université Clermont Auvergne et l’Université d’Oklahoma en novembre 2020, ce colloque en ligne ne paraîtrait pas dès à présent. Si les courriels et les dialogues virtuels ne remplacent jamais les vrais échanges, nous sommes ainsi parvenus à faire avec la catastrophe, à tous égards. Il est à ce titre révélateur que l’épidémie, en dépit de sa classification habituelle en « catastrophe naturelle », soit indissociable de dynamiques et facteurs « culturels » : comme d’autres catastrophes abordées ici, elle nous invite à problématiser la distinction antédiluvienne, et maintes fois discutée, entre « nature » et « culture », à l’aide de corpus et outils conceptuels récents.

3De ce point de vue, la notion de catastrophe naturelle s’articule aisément avec l’écocritique, que l’on associera ici à l’étude des relations entre productions humaines, notamment esthétiques, et environnement. Les balbutiements de l’écocritique ne datent pas d’hier, si l’on songe à certaines approches états‑uniennes, souvent purement représentationnelles, des liens entre être humain et monde naturel fondées sur les écrits d’un Henry David Thoreau (Walden, 1854) — dont l’œuvre en tant que telle indique dès le xixe siècle une évolution du domaine littéraire vers une analyse plus critique des relations homme‑nature3. Mais la constitution de l’écocritique en champ d’étude débute surtout à la fin des années 19704, où elle est d’abord reliée à « l’application de l’écologie et des concepts écologiques à l’étude de la littérature5 ».

4Si l’écocritique s’est développée à partir de corpus littéraires, l’approche qu’elle engage concerne de plus en plus de disciplines au sein de la recherche en langues européennes. Qu’elle se soit d’abord inscrite dans une perspective socio-, ethno- ou géopoétique, dans une démarche inter- ou transmédiale ou dans une histoire des représentations et des savoirs, l’écocritique a vite débordé le domaine des études littéraires stricto sensu pour impliquer des spécialistes en histoire de l’art et en études cinématographiques, des anthropologues, des philosophes et autres représentant·e·s des sciences humaines et sociales6. Dans ce contexte, des chercheurs et des chercheuses toujours plus nombreux se réclament ou, du moins, participent d’une approche dont la pertinence semble croître parallèlement à l’angoisse environnementale qui marque notre époque7.

5Par leur diversité inédite, les participant·e·s à ce colloque nous invitent à envisager l’écocritique non seulement au‑delà des études littéraires, mais aussi au‑delà des sciences humaines et sociales. Les chapitres fondés sur des analyses littéraires sont certes dominants dans l’ouvrage, reflétant dans une certaine mesure l’ancrage de l’écocritique. Mais on y trouvera également des contributions relevant, en tout ou partie, de l’esthétique, de la philosophie, de la géographie, de l’histoire de la médecine, de l’économie, de la volcanologie, de l’astronomie… Toutes illustrent à leur façon une démarche écocritique. Notre ouvrage souligne ainsi tout l’intérêt d’une catégorie d’analyse initialement littéraire, dans la perspective d’une réflexion transversale sur l’articulation entre productions humaines et catastrophes naturelles. Ce type d’ouverture comparatiste est aussi rare que — nous l’espérons — précurseur de développements futurs, en une époque où les appels à un décloisonnement revivifiant des études littéraires sont de plus en plus audibles.

6En l’occurrence, cette étude multidimensionnelle se déploie à partir d’un espace et une période emblématiques : l’aire atlantique (Europe, Afrique, Amériques — dont Caraïbes) et les xxe et xxie siècles. Suffisamment vaste pour confronter différentes perspectives et disciplines, l’espace atlantique constitue par ailleurs un terrain essentiel pour l’histoire culturelle et scientifique en langues européennes. Dans ce cadre plurilingue, la période des xxe et xxisiècles correspond à un développement transnational et transocéanique de l’écocritique ainsi qu’à une multiplication des recherches scientifiques sur les catastrophes naturelles. Cette focalisation n’implique pas de renoncer à toute profondeur historique : l’ouvrage comporte également quelques approches transhistoriques permettant d’éclairer notre actualité. À ce titre, les approches postcoloniales dans lesquelles s’inscrivent certains des chapitres offrent un regard du rapport homme‑nature particulièrement critique quant à l’évolution de la notion de culture (qui, en l’occurrence, s’oppose toujours dans une certaine mesure à celle de nature), dès lors qu’elle s’ancre dans le rapport dominant‑dominé qui régit les relations humaines dans la sphère impérialiste. Le concept de catastrophe naturelle sort alors résolument du champ de la stricte météorologie pour intégrer la problématique des hiérarchies de pouvoir et de leurs conséquences.

7À l’origine de ce travail, la nécessité de concevoir la « catastrophe naturelle » en lien avec les perceptions et expériences des êtres qui la définissent, l’éprouvent et l’étudient, est issue d’une observation précise : celle des activités de nos collègues volcanologues à l’Université Clermont Auvergne. Si le volcanologue peut sembler, aux yeux du grand public, être l’un des représentants par excellence des sciences dites naturelles, le travail de Benjamin van Wyk de Vries et de ses partenaires souligne bien qu’à l’heure actuelle, la volcanologie ne consiste pas simplement à récolter et analyser de la lave solidifiée.

8Souvent, trop souvent, les spécialistes en sciences naturelles ont été coincés la tête dans les nuages, se concentrant sur les aspects limités de la science physique des risques naturels et oubliant que les catastrophes sont des événements humains, trop humains8. Simultanément, les scientifiques produisent de la littérature, rédigent des articles et proposent des interventions lors de conférences — tout un corpus d’étude qui a rarement intéressé les sciences humaines. Les scientifiques n’ont pas non plus tenté d’adapter leur style d’écriture afin de dialoguer avec un public plus large : une grande partie de leur travail reste enterrée dans des articles savants, de « portée » limitée. L’idée que les scientifiques devraient écrire pour la société dans son ensemble est encore relativement récente, et ceux qui le font sont souvent peu appréciés par leurs pairs.

9L’écart entre les scientifiques physiques « fondamentaux » et la culture se réduit, lentement mais sûrement, en partie du fait de l’expérience de terribles catastrophes ayant fait apparaître au grand jour les risques d’un manque de communication entre les différents secteurs de la société.

10En volcanologie, par exemple, la catastrophe d’Armero, en Colombie (1984) a été un choc considérable qui a mené à une profonde introspection et à la mise en place de nombreuses initiatives visant à connecter et relier différents secteurs. En 1984, une petite éruption du volcan Nevado del Ruiz, recouvert par un glacier, a conduit à une gigantesque coulée de roches et de glace fondue, qui a dévalé 10 km de pentes andines pour recouvrir complètement la ville d’Armero, tuant 30 000 habitant·e·s en quelques minutes. Or des scientifiques avaient prédit la catastrophe dans leurs études et en avaient fourni les résultats aux autorités, en établissant des cartes et des rapports ; mais aucune communication significative n’existait alors entre les différentes parties de la société colombienne, qui de toute façon traversait une crise de confiance. En l’absence d’entente collective, aucun moyen n’avait été mis en œuvre pour réagir à la crise9.

11Depuis lors, de plus en plus d’efforts ont été faits pour intégrer tous les aspects de la prévention des catastrophes, mêlant la science, la politique et la communauté. Ils se sont déployés à l’échelle internationale par le biais de l’ONU, à l’instar du cadrage de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe (2015‑2030) — qui est « un accord ambitieux qui définit l’objectif global de réduire considérablement les risques de catastrophe et les pertes en vies humaines, moyens de subsistance et dans le domaine de la santé, ainsi qu’en ressources économiques, physiques, sociales, culturelles et environnementales des personnes, des entreprises, des communautés et des pays10 ». Mais ils se sont également développés au niveau local, alors que les scientifiques, dans leur vie de tous les jours, luttent pour s’ouvrir à leurs communautés. En volcanologie, cela s’est reflété dans certains congrès internationaux, comme « Cities on Volcanoes », qui associe les sciences sociales et physiques aux communautés et acteurs locaux dans le domaine du risque.

12L’intégration a été variable, dans différentes parties du monde, en fonction du contexte culturel/économique/ politique, et de la disposition des physiciens à sortir de leur coquille. Aux Philippines, par exemple, où il existe une forte culture communautaire et où l’Université des Philippines est mandatée pour être impliquée dans le développement de la nation, une forte communication interculturelle a été établie, ce qui conduit à un nouveau type d’approche appelée « Earth Resilience Science », incluant toutes les dimensions de la résilience (définie comme la capacité d’une société à éviter une catastrophe en prenant acte ou en tirant profit de la nature, au lieu de succomber à ses transformations).

13Pour réunir la société afin qu’elle devienne plus résiliente, une compréhension plus collective de la Terre est nécessaire11. Un concept clé est ici celui de « Geoheritage », qui consiste à reconnaître, valoriser, protéger la Terre et à en promouvoir un usage durable. « Geoheritage for Resilience » (www.geopoderes.com) est une initiative développée par le Programme international en géosciences de l’UNESCO, qui fédère ce type d’activités à travers le monde. Le projet « Ruta del Sillar », au Pérou, est emblématique de cette approche. « Ruta del Sillar » est un itinéraire touristique qui conduit les visiteurs nationaux et internationaux, à partir du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO d’Arequipa, vers les volcans et les anciennes terrasses en périphérie, puis vers les carrières de pierre d’Anashuayco, où les artisans extraient la pierre de Sillar — la roche volcanique destinée à la ville. Les visiteurs se rendent ensuite dans un canyon naturel creusé dans la roche volcanique, et y aperçoivent les pétroglyphes des habitants pré‑Incas. À la demande des artisans, un vaste groupe composé d’architectes, de guides touristiques, d’universitaires variés, de scientifiques et d’habitants, s’est ainsi réuni pour développer un récit essentiel pour l’environnement volcanique, intégrant à l’expérience la sculpture, le cinéma, la danse et la littérature.

14De grands pas en avant ont été accomplis, mais la Terre et notre société ne cessent de se transformer ; de nouveaux défis se dessinent sans relâche, les catastrophes continuent de se produire, en particulier lorsque la communication s’effondre ou ne peut se développer12. En 2018, une ville du Guatemala a été détruite par une éruption, là où l’intrication du changement climatique et d’une société en ébullition a mené à une rupture de la résilience13.

15Dans ce contexte, les physiciens ont d’autant plus besoin de l’aide des sciences sociales et de la culture pour comprendre la situation des sociétés en cas de catastrophe, pour apprendre à échanger avec la société et à nous rapprocher de nous-mêmes et de la nature en étant pleinement préparés à un avenir résilient et durable. Qu’il s’agisse d’un volcan, d’un tremblement de terre, d’une tornade, d’un incendie ou d’une maladie, nous faisons tous partie du problème et sommes tous responsables de la solution. L’écocritique peut y contribuer en explorant la nature de la position du scientifique.

16Dans cette perspective, le premier axe de cette publication, « À la croisée des catastrophes », permet de situer la catastrophe aussi bien dans une dimension spatiale que temporelle, diachronique en particulier. Les contributions de Zev Trachtenberg et Aureo Lustosa Guerios se focalisent sur des objets différents — le tremblement de terre puis les maladies transmissibles — mais chacune d’elles propose un examen transhistorique de la catastrophe et rappelle la composante sociale sous‑jacente à toute catastrophe dite naturelle. De la relecture des travaux de Rousseau, notamment ceux portant sur la question de l’habitabilité, Zev Trachtenberg conclut à l’émergence, dans la pensée du philosophe, d’un assouplissement de la distinction entre nature et société qui préfigure l’émergence de la « société du risque » telle que définie par le sociologue contemporain Ulrich Beck14. Aureo Lustosa Guerios relève, à travers les discours littéraires sur les origines des épidémies, des phénomènes de « déplacements » de l’épidémie vers d’autres temps et d’autres lieux, ces déplacements constituant un véritable travail idéologique qui crée, jusqu’à nos jours, l’altérité monstrueuse des épidémies. Quant à Camille Dejardin et Alice Desquilbet, elles questionnent la définition ou la « nature » de la catastrophe naturelle, l’une à la lumière de « l’économie biophysique », l’autre à l’aune de la notion de « cosmocide » forgée par Sony Labou Tansi. De ces rapprochements entre des modèles économiques et les « cris de la nature », émerge une nouvelle approche économique de l’écosystème‑Terre, ou une poétique qui, chez Sony, révèle la logique qui préside aux bouleversements de la nature a priori chaotiques. Enfin, les deux études également transhistoriques de Tatiana Viallaneix et de Danièle Méaux examinent la mémoire des catastrophes dessinant des possibilités de résilience historique et environnementale.

17Le deuxième volet de cet ouvrage se focalise sur un contexte emblématique, l’espace atlantique sud, qui permet de questionner des poétiques postcoloniales de la catastrophe naturelle mais aussi, à nouveau, de mettre en dialogue différents champs de recherche et leurs applications. Le séisme qui bouleversa Haïti en 2010 est ici au cœur de deux chapitres : adoptant le point de vue de l’architecte, Mapionona Rakotonirina s’interroge sur le lien entre le tremblement de terre et la vulnérabilité des constructions et propose l’élaboration d’un habitat parasinistre comme « objet interdisciplinaire » engageant des acteurs et visions complémentaires selon une démarche axée sur le processus. Laurence Messonnier se penche sur l’écriture de Yanick Lahens, Failles (2010), qui ouvre un cheminement politique de reconstruction, une palingénésie. La romancière exhume de la faille géologique de nouveaux gouffres (failles humaines, politiques, historiques) pour mieux produire ensuite une émotion esthétique génératrice « d’interrelations vitales ». Dans une perspective littéraire plus large, Xavier Garnier examine des voix francophones et anglophones africaines qui cultivent une prescience des catastrophes naturelles, et Climène Perrin invite à penser autrement la temporalité de la catastrophe : la création Selve (2019) qui relève autant du documentaire que des arts de la scène donne à voir la double fracture coloniale et environnementale que subit le peuple Wayana en Guyane française ; elle permet aussi d’affirmer la portée postcoloniale de l’approche écocritique.

18Enfin, le troisième volet réunit des analyses qui questionnent les mises en discours des catastrophes dites naturelles : Jean Ghidina scrute des récits pluri‑génériques qui relatent la catastrophe du Vajon (Italie, 1963) et qui l’envisagent notamment selon le regard des autochtones, dépositaires d’une sagesse atavique nécessaire à la pensée de l’Anthropocène ; Hélène Stoyanov questionne la relation entre humains et animaux au prisme de bouleversements écologiques et à travers des récits destinés à la jeunesse, dont elle présente un très vaste panorama. Dans ce contexte littéraire spécifique, une approche écocritique semble ouvrir la possibilité d’émergence d’un « nouveau commun » aux différentes espèces. Enfin, si l’ensemble des textes réunis montrent le caractère souvent inopérant du binarisme nature/culture, le questionnement de Brad Tabas appelle à aller plus loin encore et à imaginer des phénomènes dénaturalisés, cosmiques, à penser en somme une écocritique post‑planétaire. Cette approche ne contesterait pas « le pouvoir de négation de la nature qu’exerce l’homme sur la Terre » mais rappellerait surtout aux écocritiques la réelle ambiguïté et complexité de la pensée écologique, tant en ce qui concerne les risques existentiels que les autres domaines de préoccupations écocritiques.

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19This collection of works aims to highlight the transdisciplinary potential that characterizes ecocriticism based on a concept that is controversial, to say the least: “natural catastrophe”. Loosely defined, a natural catastrophe is a “natural phenomenon with dramatic consequences (human and animal casualties, physical [or environmental] damage15)”, involving “geology-, climate-, biology and environment-related dynamics”16. The articles help expand this definition and question how it is relevant to the Anthropocene era.

20A recent phenomenon linked to this concept with many meanings gave rise to this collective work. Had the COVID-19 pandemic not prevented the international symposium co-organized by the University of Clermont Auvergne and the University of Oklahoma from taking place in November 2020, this work would not exist in its current form. Although e-mails and virtual conversations will never replace in-person discussions, we managed to make do with the disaster, in all respects. In this respect, it is revealing that the pandemic – despite being usually classed as a “natural catastrophes” – is inextricably linked to “cultural” dynamics and factors. Like other disasters addressed in this work, the pandemic calls on us all to consider the outdated and oft-discussed distinction between “nature” and “culture” using a corpus and recent conceptual tools.

21From this perspective, the concept of natural catastrophe is easily consistent with ecocriticism, which we combine here with studying the relationships between human production (especially aesthetic production) and the environment. Ecocriticism is not a new notion. That much is clear if we consider certain North American approaches – often purely representational – to the links between human beings and the natural world based on the writings of Henry David Thoreau (Walden, 1854), which in itself point to a change in literature towards a more critical analysis of the relationship between humans and nature as of the 19th century17. However, the structure of ecocriticism as a field of study began primarily in the late 1970s18, when it was initially linked to “applying the environmental movement and environmental concepts to the study of literature19”.

22Although ecocriticism has developed from literary corpora, the approach that it takes increasingly relates to disciplines within research into European languages. Whether this was first part of a socio-, ethno- or geopoetics perspective, an intermedial or transmedial approach, or a history of representations and knowledge, ecocriticism quickly spilled over into the field of literary studies strictly speaking and began involving art history and cinematography specialists, anthropologists, philosophers and other representatives of human and social sciences20. In this respect, an ever-growing number of researchers align with, or at least participate in, an approach in which relevance appears to grow in parallel with the anxiety for the environment that marks our era21.

23Due to their unprecedented diversity, the authors encourage us to imagine ecocriticism not only beyond the sphere of literary studies, but also beyond that of human and social sciences. Nevertheless, the chapters based on literary analyses dominate the work, thereby reflecting the roots of ecocriticism to a certain extent. However, there are also contributions that fully or partially relate to aesthetics, philosophy, geography, the history of medicine, economics, volcanology, astronomy and many more. They all illustrate an ecocritical approach in their own way. As such, our work highlights the benefits of an initially literary analysis, with the view of a cross-disciplinary reflection on the connection between human-made production and natural catastrophes. This type of comparative avenue is as rare as – we hope – it is a precursor of future developments, at a time when calls for breaking down boundaries to reinvigorate literature studies are increasingly common.

24To be precise, this multidimensional study is being rolled out from a representative area and period: the Atlantic region (Europe, Africa, the Americas – including the Caribbean) and the 20th and 21st centuries. The Atlantic context is sufficiently broad to compare different perspectives and disciplines, and is a key area for cultural and scientific history in European languages. In this multilingual framework, the 20th and 21st centuries correspond to a transnational and trans-oceanic development of ecocriticism and increase in scientific research into natural catastrophes. Such a focus does not mean renouncing all historical depth. The work also includes some transhistorical approaches that help shed light on our current situation. To this end, the postcolonial approaches that some of these chapters take provide a particularly critical look at the relationship between humans and nature with regard to the evolution of the notion of culture (which is still contrasted with nature to a certain extent), from the moment when it takes root in the dominant-dominated relationship that determines human relationships in the imperialist sphere. There is no question that the concept of natural catastrophes originated in a strictly meteorological field and includes the issue of power hierarchies and their consequences.

25At the origin of this collective work, the need to understand natural catastrophes in connection with the perceptions and experiences of the beings who define, experience and study them comes from a specific observation resulting from the activities of our volcanologist colleagues at the University of Clermont Auvergne. Although the general public may view volcanology as one of the quintessential representatives of so-called natural sciences, the study by Benjamin van Wyk de Vries et al. highlights that for now volcanology is more than just collecting and analyzing solidified lava.

26Often, too often, the natural scientist has been stuck with their head in the clouds, concentrating on the limited physical science aspects of natural hazards, and forgetting that catastrophes are human, all too human events22. At the same time, scientists produce literature, they write papers and make conference presentations, which have not really interested the human sciences as a corpus to study. Nor have scientists attempted to adapt their literary style to engage with a wider public: much of their work remains buried in scholarly articles, with limited “outreach”. The idea that scientists should write for society at large, is still rather novel, and those that do, are often not esteemed by their peers.

27The gap between physical “fundamental” scientists and culture is breaking down, slowly but surely, partly driven by the experience of terrible catastrophes, where the risk of the lack of communication between different sectors of society has been laid bare.

28In volcanology, for example, the catastrophe of Armero, in Colombia (1984) was a remarkable blow that lead to deep soul searching, and a start of many initiatives to connect and join different sectors. In 1984 a small eruption of the glacier-covered Nevado del Ruiz volcano lead to a huge flood of rock and melted ice, that ran for 10’s of km down the Andean slopes to completely cover the City of Armero, killing 30,000 citizens in a few minutes. Notably, the scientists had predicted the disaster in their studies, and provided the results to the authorities, making maps and reports, but no meaningful communication existed between the different parties in the Colombian society, which was in any case undergoing a crisis of trust. With no collective understanding, there was no way to react to the crisis23.

29Since that time more and more efforts have been made to integrate all aspects of disaster reduction, melding science, policy, community. These have come internationally through the UN, such as the Sendai framework on Disaster Risk Reduction (2015-2030), which is “an ambitious agreement that sets out the overall objective to substantially reduce disaster risk and losses in lives, livelihoods and health and in the economic, physical, social, cultural and environmental assets of persons, businesses, communities and countries24”. But have also grown at a local level, as scientists in their day to day lives struggle to open themselves up to their communities. In volcanology this has been reflected in certain conferences, such as “Cities on Volcanoes”, which mixes social and physical scientists can communities or local actors in risk.

30The integration has been variable, in different parts of the world, depending on the cultural/economic/political context, and the openness of physical scientists to come out of their shells. In the Philippines, for example, where there is a strong community culture, and where the University of the Philippines is mandated to be involved in the development of the nation, a strong cross cultural communication has been established, this is leading to a new type of approach called “Earth Resilience Science”, including all aspects of resilience (defined as a society’s ability to avoid catastrophe by dealing or benefiting from nature, rather than succumbing to its changes).

31To bring society together to become more resilient more collective understanding of the Earth is needed25. “Geoheritage” is the key concept and activity for this. “Geoheritage” is the appreciation, the valuing, the protection and sustainable use of the Earth. “Geoheritage for Resilience” (www.geopoderes.com) is a project of the UNESCO International Geosciences Programme that is grouping together such activities around the world. The approach is typified by the “Ruta del Sillar” project in Peru. “Ruta del Sillar” is a tourist route that takes national and international visitors from the UNESCO World Heritage Centre of Arequipa to view the volcanoes and ancient terraces on the outskirts then to the Anashuayco stone quarries, where artisans extract the Sillar stone – the volcanic rock for the city. Visitors then go to a natural canyon cut in the volcanic rock, and see petroglyphs from the pre- Inca inhabitants. On the demand of the artisans, a broad group, including architects, tourist guides, academics of all types, scientists and locals, have joined together to develop a greater narrative for the volcanic environment, integrating sculpture, film, dance and literature into the experience.

32Great steps forward have been made, but the Earth and our society keep changing all the time, and new challenges continue to occur, catastrophes keep happening, especially where communication breaks down, or can not develop26. In 2018 a town in Guatemala was destroyed by an eruption, where a mix of climate change and a society in turmoil created the scene of breakdown in resilience27.

33In this context, the physical scientists are all the more in need of help from the social sciences and from culture to understand societies situation for catastrophe, to learn how to engage with society and to approach ourselves and nature fully prepared for a resilient and sustainable future. Be it a volcano, an earthquake, wind, fire or disease we are all part of the problem and we are all responsible for the solution. Ecocriticism can help in this by exploring the nature of the scientist’s position.

34With that in mind, the first approach in this publication, “At the Crossroad of Catastrophes”, helps situate natural catastrophes in a both spatial and temporal dimension that is also diachronic in particular. The articles by Zev Trachtenberg and Aureo Lustosa Guerios focus on different subjects (earthquakes, transmissible diseases), but each offer a transhistorical examination of catastrophes and refer to the social component underlying any natural disaster. By reinterpreting works by Rousseau, especially those on habitability, Zev Trachtenberg concludes that the distinction between nature and society becomes blurred in the philosopher’s thinking, and that the appearance of that distinction foreshadows the emergence of a “risk society” as defined by contemporary sociologist Ulrich Beck. Through literary discussions on the origins of pandemics, Aureo Lustosa Guerios looks into the phenomena of “movements” from the pandemic to other times and other places, with such movements constituting a real ideological work that created the huge difference of pandemics up to the present day. As for Camille Dejardin and Alice Desquilbet, they question the definition or “nature” of natural catastrophes, with one looking at “the biophysics economy” and the other at the notion of “cosmocide” devised by Sony Labou Tansi. These connections between economic models and “nature crises” give rise to a new economic approach to the global ecosystem, or a type of poetics that, for Sony, reveals the logic that presides over seemingly chaotic changes in nature. Lastly, the two transhistorical studies by Tatiana Viallaneix and Danièle Méaux examine the recollection of disasters, outlining the possibilities for historical and environmental resilience.

35The second section of this work focuses on an illustrative context, the southern Atlantic region, which makes it possible to question postcolonial poetics of natural disasters, but it also creates a dialogue between different research fields and their applications. The earthquake that devastated Haiti in 2010 is at the heart of two chapters: adopting an architect’s point of view, Mapionona Rakotonirina questions the link between the earthquake and the vulnerability of buildings and puts forward the idea of developing a habitat protected from damage as an “interdisciplinary object” engaging complementary actors and visions based on an approach centred on the process. Laurence Messonnier studies the writing of Yanick Lahens and his Failles (2010), which opens up a political movement of reconstruction as a form of palingenesis. The novelist unearthed the geological fault of new chasms (human, political, historical flaws) to then better produce an aesthetic sentiment that leads to “essential interrelations”. In a wider literary perspective, Xavier Garnier examines African francophone and anglophone voices that cultivate a foresight for natural catastrophes, while Climène Perrin encourages thinking differently about the temporality of disasters: the creation of the artwork Selve (2019), which is as much a documentary as it is performing arts, helps see the double colonial and environmental divide to which the Wayana people in French Guiana are subject. It also affirms the postcolonial impact of an ecocritical approach.

36Lastly, the third section brings together analyses that question discussions around natural catastrophes. Jean Ghidina examines multi-generic accounts that recount the Vajont Dam disaster (Italy, 1963) and consider it in particular from the perspective of natives to the region, who are considered keepers of an atavistic wisdom that is necessary to Anthropocene notions. Hélène Stoyanov questions the relationship between humans and animals through the prism of environmental changes and stories aimed at young people, of which she offers a very wide overview. In this specific literary context, an ecocritical approach seems to open up the possibility of a “new normal” emerging for various species. Lastly, although all the texts brought together show that the binary concept of nature vs culture is often ineffective, the questions raised by Brad Tabas encourage us to go further and to imagine denaturalized, huge, phenomena – in short, to consider post-planetary ecocriticism. This approach does not contest “the nature-negating power humankind over the Earth”, but refers above all to ecocriticisms and the true ambiguity and complexity of environmental ideas as regards both existential risks and other areas of ecocritical concerns.