Commentaire de la proposition de Michel Bernard
1La question du rapport à la réalité est centrale dans l'œuvre de Claude Simon. Décrire dans le détail un lieu (ou un personnage) qui n'est même pas nommé (ou tout au moins pas d'emblée) traduit une vision paradoxale du monde (sans doute bien "difficile à admettre", comme vous l'écrivez). L'objet si détaillé dans les énoncés relevés est et n'est pas la place Monge. Cette pseudo-référentialité, si l'on veut, participe d'une mise en question du réel et de son objectivation par la désignation. Car le propre du réel, selon Claude Simon, c'est qu'il n'est pas tout à fait ce qu'il est. C'est ce même "pseudo-réalisme" qui fait dire à "S." qu'il n'a pas fait la guerre en mai 40. Il semble que les êtres et les choses, le vécu des personnages, comportent, dans les romans de l'auteur, un part d'obscurité ou de vide qui les fait être comme sur un autre plan.