Colloques en ligne

1Alison Boulanger fait part de son intérêt pour la fascination de la collection chez Benjamin, qui non seulement s’approprie les objets mais semble également s’approprier ses histoires successives. Le fragment semble ainsi toujours configuré et reconfiguré, dans une autre logique que celle du fragment, celui-ci obtenant une narrativité et se faisant par conséquent récit.

2 Corina Golgotiu tient toutefois  à réaffirmer le statut de fragments de ces morceaux benjaminiens, dans leur rapport au souvenir mais également au lieu dans lesquels ils ont été déterrés, exprimant l’importance qu’il y a à s’interroger sur et à s’intéresser aux différentes strates successives dans lesquelles on a pu les trouver.

3 Philippe Ivernel, quant à lui, souhaite revenir sur le rapport qui lie l’aura à la reproductibilité technique. Selon lui, Benjamin est tout à fait conscient du fait qu’avec les moyens de la reproductibilité technique on peut fabriquer autant d’auras que l’on souhaite : c’est le règne d’Hollywood. Il y a ainsi différents usages de la reproductibilité technique : l’aura de synthèse, l’aura artificielle de la publicité ou de la propagande, est parfaitement comprise et intégrée par Benjamin dans son raisonnement. Le problème est plutôt celui de savoir qui possède la matrice, à qui elle appartient : tant que les grands systèmes de production capitaliste gardent la main sur tous ces moyens de reproduction technique on aura inévitablement des auras de synthèse. Il y a donc une histoire des moyens de reproductibilité technique.

4 Florent Perrier conteste le fait de dater l’apparition de l’aura dans l’œuvre benjaminienne à partir de l’année 1934, faisant valoir que celle-ci est déjà pensée dans la Petite histoire de la photographie (1931). Patrick Boucheron répond que si l’aura est déjà présente auparavant, en effet, elle n’apparaît toutefois qu’en 1934 comme un espace œuvré, comme une manière de penser le proche et le lointain. Il y aurait là une tout autre manière de penser l’aura. Pour Philippe Ivernel, plus encore, ce concept d’aura serait déjà perceptible dans les réflexions benjaminiennes sur le premier romantisme allemand (1918-1919).

5 Dominique Dupart souhaite interroger Patrick Boucheron sur sa pratique même d’historien médiéviste, sur sa manière d’utiliser l’aura et de la traiter dans son travail. Patrick Boucheron, spécialiste des images et des villes de la fin du Moyen Âge, dans leur rapport au pouvoir, essaie de comprendre les effets massifs de sens tout en essayant d’avoir une analyse qui dissipe l’aura. Comment, par exemple, analyser lucidement le programme politique de la Galerie des glaces de Versailles sans se laisser piéger par l’ivresse des miroirs ?