1C’est un moment important que celui qui nous réunit autour de la figure et de l’œuvre de Kateb Yacine, poète, romancier, dramaturge, figure fondatrice autant que figure de rupture et de transgression, pour lequel l’écriture fut aussi un véritable outil politique.
2Le fait que Nedjma ait été mise au programme des classes préparatoires est lourd de résonances culturelles et politiques. ll était temps que l’œuvre de Kateb soit évoquée dans sa fulgurance, qu’elle soit reconnue et étudiée comme une partie du patrimoine français et algérien, et grâce à ceux qui vont la découvrir, qu’elle soit plus largement transmise.
3Cette journée est donc centrée sur Nedjma, œuvre incandescente, presque mythique, parfois énigmatique dans la multiplicité des sources culturelles et des points de vue qu’elle croise, dans la multiplicité aussi des transgressions, des détournements, des subversions, qu’elle opère, en particulier, amoureusement, celle de la langue française. Une œuvre exigeante et surtout, sans doute, une œuvre qui reste ouverte, offerte et comme refusée à l’exégèse, avec quelque chose qui fascine et qui résiste.
4Sont ici abordés « l’homme et l’œuvre ».
5Auteur d’une récente biographie de Kateb Yacine, Benamar Mediene se propose ici d’éclairer les lecteurs français sur la trajectoire si peu connue de cet homme aux sandales de caoutchouc.
6L’œuvre Nedjma, elle, est interrogée dans la complexité de sa structure (Charles Bonn), envisagée sous l’angle de la migration et de l’errance (Catherine Milkovitch-Rioux), dans le déploiement romanesque de sa théâtralité (Catherine Brun). Elle est aussi saisie dans son rapport à l’Histoire, à la modernité et à la tradition (Naget Khadda).
7Nedjma, cousine aimée, femme fatale, femme étoile, apparaît aussi comme l’incarnation d’une Algérie profanée et irréductible, au prisme d’un regard masculin, et au miroir d’une langue.
8Une œuvre qui dit le deuil d’une généalogie brisée autant que l’exaltation de la bâtardise, et qui suscite une interrogation touchant aux pouvoirs de la littérature : en quoi et sous quelles modalités a-t-elle pu opérer une forme de diction-prémonition de l’Histoire ?