Essai
Nouvelle parution
Yannick Le Marec, Le Grand Pillage

Yannick Le Marec, Le Grand Pillage

Publié le par Marc Escola

L'objet pillé est d'abord un trophée avant de prendre le statut d'oeuvre d'art. Le cortège des violences coloniales fonde la richesse de nos collections privées et publiques. La guerre, l'art et la littérature sont parfois intimement liés et Yannick Le Marec choisit de suivre deux écrivains militaires : Pierre Loti et Victor Segalen. Yannick Le Marec poursuit avec Le Grand Pillage sa réflexion sur le récit colonial (dans la continuité de la Constellation du tigre qui relate notre rapport aux animaux sauvages) ; il interroge cette fois notre relation au lointain où la guerre, l'art et la littérature sont parfois intimement liés.

Pour ce faire, il suit deux écrivains militaires qui ont accompagné la marche impériale de leurs récits ou de leurs correspondances : Pierre Loti et Victor Segalen. C'est par Pierre Loti que s'affine notre connaissance des pillages du XIXe siècle, à l'île de Pâques, au Tonkin ou à Pékin en 1900 pendant la guerre des Boxers. L'objet pillé est d'abord un trophée avant de prendre le statut d'oeuvre d'art.

À travers les lettres quasi quotidiennes de Segalen à sa femme Yvonne, ou ses photographies, on se retrouve dans les mers du sud ou en Chine - entre chevauchées et rencontres, grands paysages et imaginaire. Mais Segalen, médecin humaniste, tente d'échapper au quotidien et au local, feignant d'ignorer qu'il marche dans les pas de ses gens, souvent irrité de devoir faire allégeance aux autorités - attentif à tout.
Il est à la fois poète et le représentant d'un Occident impérial et hautain, capable lui aussi, malgré tout, d'un geste sacrilège, qu'il excusera par la création littéraire. Ce cortège des violences fonde la richesse de nos collections privées et publiques.

Une statue de l’Île de Pâques nous chante plus que sa vie au bord de la mer, sur une île de l’océan Pacifique - le Grand Océan, comme il est écrit sur la carte de mon vieil atlas de 1891 -, elle crie cette manie du monde occidental de toujours vouloir s’acca­parer, quitte à détruire.

D’où proviennent certaines œuvres de nos musées ? Que nous disent les cicatrices des têtes de bouddhas ? Pourquoi la Chine veut-elle récupérer les porcelaines, jades et paravents du musée de Fontainebleau ?

Yannick Le Marec, en convoquant les figures de Loti et de Segalen - deux écrivains militaires qui ont accom­pagné la marche impériale -, poursuit sa réflexion sur le récit colonial et interroge notre relation au lointain où la guerre, l’art et la littérature sont parfois intime­ment liés. Il aborde l’histoire des biens mal acquis et dé­voile les travers communs d’un passé dont nous sommes aujourd’hui les légataires.

On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage :

"Yannick Le Marec : le récit du pillage colonial de la Chine", par Maryse Emel (en ligne le 10 novembre 2022).

Lire aussi l'article de Maurice Mourier sur en-attendant-nadeau.fr…