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Spectres précoloniaux et résurgences autochtones dans les arts et la littérature : regards croisés Canaries / Caraïbes (Paris & Tours)

Spectres précoloniaux et résurgences autochtones dans les arts et la littérature : regards croisés Canaries / Caraïbes (Paris & Tours)

Publié le par Marc Escola (Source : Sophie Large)

Colloque international

Spectres précoloniaux et résurgences autochtones dans les arts et la littérature : regards croisés Canaries / Caraïbes

17-18 novembre 2022, Paris-Tours (France)

Appel à communication

Ce colloque international vise à interroger les résurgences, dans la littérature et les arts, des mythes et figures des peuples précoloniaux de l'archipel canarien (benahoaritas, bimbaches, canari, gomeritas, guanches, mahos, etc.) et de l'archipel caribéen (arawaks, kalinagos, karibs, taïnos, etc.), depuis le XIXe siècle jusqu'à nos jours. Il s'agit notamment de comprendre dans quelle mesure l’hantologie, « une ontologie assiégée par des fantômes » (Derrida, 2012 : 24), et la spectralité peuvent devenir des prismes pour penser la présence du précolonial dans les arts et la littérature des Canaries et des Caraïbes.

La perspective transatlantique adoptée pour interroger les arts de ces deux archipels s'inscrit dans une volonté de renouveler les épistémologies, à la suite des travaux récents d'historiens et anthropologues. Les liens entre la conquête des Canaries et celle des Caraïbes sont multiples : les deux archipels ont été envahis par un même colonisateur, la Couronne de Castille, à une décennie d’écart. Les voyages vers les « Indes » faisaient escale dans l’archipel canarien et la colonisation des Caraïbes a suivi le modèle expérimenté quelques années auparavant dans les îles Canaries, notamment dans son rapport aux peuples autochtones, à leur extermination ou acculturation, mais aussi pour la mise en place de l'économie esclavagiste et plantationnaire. L’ampleur et le retentissement de ladite « Découverte du Nouveau Monde », qui allait bouleverser les équilibres à l’échelle planétaire et inaugurer la Modernité, fondée sur la division entre centre et périphéries, entre le Soi et l’Autre (Dussel, 1994 : 11-12), a invisibilisé le caractère avant-coureur de l'entreprise coloniale canarienne et ses liens très étroits avec la conquête et la colonisation des Caraïbes puis, plus largement, des Amériques (Viera y Clavijo, 1982 [1772] : 13).

Malgré des différences de statut, l'histoire des Caraïbes (archipel plurinational) et celle des Canaries (appartenant actuellement à l’État espagnol) s'éclairent mutuellement, tant elles partagent, notamment, une expérience commune de décimation, d'acculturation, et de troubles identitaires liés aux vagues de re-peuplement. Les réflexions décoloniales actuelles qui tentent de relire le passé colonial s'inscrivent dans le cadre transnational des transferts culturels ; elles justifient par conséquent que l'on interroge selon une perspective comparatiste transatlantique les résurgences des fantômes du passé précolonial dans les créations.

Tant dans les Caraïbes qu'aux Canaries, les peuples précoloniaux ont fait l'objet d'un oubli organisé, en raison de l'extermination de partie ou totalité des peuples originaires, ainsi que de leurs langues, mais aussi en raison de la réécriture de l’Histoire de la part des États-Nation. La grande majorité de ces peuples a seulement pu laisser des traces dont on ne peut déchiffrer les représentations qu'à travers un prisme ethnocentré, laissant de la sorte un silence mémoriel assourdissant. Cependant, on observe depuis le XIXe siècle une tendance à l'exhumation de ces traces dans les arts et la littérature des deux archipels, tendance qui se poursuit et s'intensifie au cours de ces dernières décennies. Cet essor relève de l'hantologie, en ce qu'il procède du vide identitaire et historique béant qu'expérimentent les Caraïbes et les Canaries à la suite de la disparition des peuples précoloniaux, de leurs langues et leurs cultures. C'est ce vide que les artistes essayent (en vain ?) de combler ou de nommer par la création, vue comme seule voie pour une possible réparation face au « troumatisme » (Lacan, 1974).

Ce colloque se propose d'interroger la présence inégale des spectres précoloniaux dans la littérature et les arts caribéens et canariens, puisque les Canaries ont tendance à investir la mémoire guanche aux dépens de celle des esclaves morisques et subsahariens, alors que les Caraïbes semblent présenter un schéma inverse quant à la prépondérance de la question afrodescendante aux dépens des populations autochtones. Dans la lignée de la réflexion derridienne, nous considérerons non seulement les processus de visibilisation/invisibilisation des figures fantomatiques précoloniales, lesquelles font l'objet de fantasmes, et la façon dont elles agissent au présent, mais également la dimension spectrale des diverses mythologies, cosmovisions, manifestations et pratiques culturelles associées à ces peuples. Il s'agira ainsi d'envisager la façon dont émergent, se reconfigurent ou restent invisibles, dans les expressions artistiques du XIXe au XXIe siècle, les figures héroïques nécessaires à l'avènement d'une conscience historique (Glissant, 1997 [1981] : 231-234). Cette réflexion interrogera la place des mythologies dans ces œuvres qui, dans la grande majorité des cas, ne peuvent pas s'appuyer sur des traces historiques concrètes ou doivent, pour les plus récentes, rendre compte des errances et du morcellement identitaires caractéristiques de la postmodernité.

On pourrait ainsi se demander quelles sont les revendications conscientes et assumées (quelles figures, par exemple, sont « surinvesties » ou, à l'inverse, oubliées et/ou niées), et quelles sont les manifestations plus « spectrales ». De la même manière, on pourra interroger les possibilités pour un ou une artiste de s’affranchir de la vision coloniale et eurocentrée des chroniques, souvent principale source d’information sur les peuples précoloniaux et leurs cultures, aux côtés des travaux des archéologues. Concernant l'hypotexte que constituent les chroniques, la dimension linguistique sera déterminante, tant l’emploi de l’espagnol, langue coloniale, peut constituer un frein à la compréhension et à la récupération de ces récits. Le colloque tentera ainsi de déterminer les stratégies mises en place par les différents langages artistiques pour remédier à ces difficultés linguistiques.

De façon plus générale, il s'agira de considérer tout autant les « fantasmes » que les « réalités » des mondes autochtones dans les arts caribéens et canariens, et leurs évolutions dans les représentations depuis le XIXe siècle, au cours duquel naissent une vingtaine de nations indépendantes (alors que, dans le même temps, l'archipel canarien maintenait et renforçait son statut de territoire espagnol).

La période envisagée court ainsi du XIXe siècle, qui marque le début de l'ère « post-coloniale », au présent, qui correspond à un moment d'essor des expressions artistiques faisant retour sur les peuples précoloniaux. Les contributions pourront porter sur toute forme de représentation, dans les créations produites entre le XIXe et le XXIe siècle, des figures et/ou des cultures précoloniales. Ces œuvres apparues dans la période ainsi délimitée, pourront cependant évoquer tant le moment du choc de la conquête, de la mise en place de la société coloniale et l'acculturation des populations autochtones, que les spectres errant à des époques postérieures voire futuristes.

Les propositions de communication pourront s'inscrire dans les axes suivants (liste non-exhaustive) :

· Réflexions épistémologiques (approche artistique et littéraire de l'hantologie postcoloniale/décoloniale, « épistémicide indigène » (Gil Hernández, 2019), place du genre dans la question mémorielle...) ;

· Place des chroniques et des travaux historiques dans les réécritures actuelles (histoire/fiction, hybridité, « vision des vaincu·es », cultures populaires, ...) ;

· Exploitation et transformation des figures historiques et de leur statut (mythification, héroïsation, individualisation, exotisation, homogénéisation, instrumentalisation, revivalisme...) ;

· Écrasement, exaltation ou récupération du passé par une lecture du présent, superposition des couches historiques dans les créations, vision d’un futur révolutionnaire (colonisation/Indépendances latino-américaines, colonisation/guerre civile espagnole, colonisation/migrations contemporaines, cosmovisions circulaires/linéaires, etc.) ;

· Représentations des liens et hiérarchies entre les populations autochtones et africaines (intériorisation des hiérarchies supposées entre les peuples autochtones, rôle de l'esclavage dans l'invisibilisation/visibilisation des peuples précoloniaux, définitions croisées de l'indianité et l'afrodescendance, créolité, mythification du métissage...) ;

· Points communs et divergences entre les deux archipels (poids de l'insularité et de l'archipélité dans les représentations, atlanticité, transferts culturels, phénoménologie des corps précoloniaux dans les arts, ...) ;

· Problème des langues utilisées dans les œuvres (disparition des langues autochtones, situations de diglossie et/ou de bilinguisme, langues créoles, langues des personnages fictionnels...).

Les comparaisons entre Canaries et Caraïbes seront les bienvenues, mais ne sont pas obligatoires, puisque le colloque en tant que tel permettra de faire émerger cette dimension comparatiste par la mise en regard des travaux respectifs des caribéanistes et des spécialistes d'études canariennes. De même, les perspectives comparatistes entre la sphère hispanophone caribéenne et d’autres espaces caribéens (francophone, anglophone, néerlandophone) seront acceptées. 

Les arts (que ce soit littérature, cinéma, street art, peinture, photographie, danse, sculpture, musique, installations, performances, culture populaire, etc.) et toute perspective intermédiale sont les bienvenues afin de saisir les créations dans leur multiplicité. 

À titre d'exemple, nous pouvons penser aux spectres précoloniaux errant dans le roman Sab de Gertrudis Gómez de Avellaneda au XIXe siècle, dans les peintures d’Óscar Domínguez ou le cabaret fictionnel d'Elfidio Alonso, tous deux appartenant au mouvement surréaliste, en passant par les graffitis des rues de San Juan à Porto Rico ou la photographie avec la série en noir et blanc de Héctor Méndez Caratini Petroglifos de Boriquén 1975-1995.

Modalités de soumission :

Les propositions de communication doivent être envoyées avant le vendredi 20 mai 2022 à l'adresse suivante : espectros2022@gmail.com

Elles doivent inclure :
- Titre provisoire ;
- Résumé (300 à 500 mots) ;
- Bref CV (une page maximum) ;
- Adresse électronique de contact.

La langue de travail privilégiée sera l'espagnol, mais d'autres langues pourront être incluses en cas de propositions comparatistes.

Le comité annoncera sa décision avant juillet 2022

La participation au colloque n’est pas soumise à des droits d’inscription, en revanche les frais de voyage et d’hébergement restent à la charge des personnes dont les communications seront sélectionnées. 

Selon le nombre de communications sélectionnées, le comité se réserve la possibilité d'ajouter une troisième journée de colloque.

Si les conditions sanitaires d'une réunion en présentiel à Paris et Tours (France) ne sont pas réunies, la réunion se déroulera en mode hybride (présentiel et distanciel). 

Le comité examinera la possibilité de publier les textes extraits des articles, après un processus d'évaluation éditoriale.

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Comité d'organisation :

Claire LAGUIAN (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, LER EA4385)
Sophie LARGE (Université de Tours, ICD EA6297)
Joséphine MARIE (Université Gustave Eiffel, LISAA EA4120)
Pascale THIBAUDEAU (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, LER EA4385)

Coordination et contact : espectros2022@gmail.com

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