Acta fabula
ISSN 2115-8037

2023
Mai 2023 (volume 24, numéro 5)
titre article
Chloé Chaudet

Raviver le cosmopolitisme : de l’intérêt actuel d’une littérature « vraiment générale »

Revisiting Cosmopolitanism: On the Current Interest of a “Truly General” Literature
Didier Coste, Christina Kkona et Nicoletta Pireddu (dir.), Migrating Minds. Theories and Practices of Cultural Cosmopolitanism, New York / Londres : Routledge, coll « Routledge Interdisciplinary Perspectives on Literature », 2022, 306 p., EAN : 978-0-367-70112-3.Didier Coste, A Cosmopolitan Approach to Literature. Agains Origins and Destinations, New York / Londres : Routledge, coll « Routledge Studies in Comparative Literature », 2023, 344 p., EAN : 978-1-032-26712-8.

1Les approches cherchant à faire (mieux) connaître des pratiques, connaissances et visions du monde forgées en dehors de l’Europe voire de « l’Occident » sont indispensables, et restent largement à développer. Pour faire écho, dans le contexte disciplinaire qui m’est familier, à cette figure tutélaire du comparatisme qu’est Étiemble, la mise en œuvre dans l’Hexagone d’analyses « vraiment générales » des littératures1 n’en est ainsi qu’à ses prémices.

2Lorsque l’on s’intéresse aux phénomènes transculturels, on peut toutefois (paniques franco-françaises droitières envers « l’islamogauchisme », le « décolonialisme », le « wokisme » et d’autres étiquettes dénigrantes mises à part) être agacé par une tendance qui ressurgit çà et là au sein des discours critiques : une certaine négligence des travaux qui ont été menés avant la diversification récente des perspectives « contre-hégémoniques », selon une expression à la mode. Pour ne citer qu’un seul exemple : les études décoloniales, au sens latino-américain et académique du terme, ont divers points communs avec un mouvement intellectuel et politique essentiel dans la seconde partie du xxe siècle : le tiers-mondisme, dont l’un des grands buts était de revitaliser le combat socialiste européen par le recours à des pensées et pratiques extra-européennes  moins selon une dynamique intégrative que dans une volonté d’ouverture au monde (qui eut ses limites et dont on pensera ce qu’on veut, mais qui fut défendue par des auteurs à la postérité manifeste, parmi lesquels un certain Frantz Fanon). Hormis quelques exceptions, rares sont pourtant les reconnaissances explicites de l’héritage tiers-mondiste au sein des analyses décoloniales  alors que celles-ci tendent parfois à prôner une sorte de tiers-mondisme épistémologique, si l’on me permet la formule.

3Nul risque d’éprouver ce type d’agacement  lié au regret d’un manque de dialogue  à la lecture des deux récents ouvrages en langue anglaise respectivement co-dirigé (avec Christina Kkona et Nicoletta Pireddu) et écrit par le comparatiste Didier Coste. Témoignant de la volonté, partagée par d’autres chercheurs à l’échelle hexagonale, de penser à nouveaux frais un « cosmopolitisme » ayant parfois mauvaise presse2, le collectif interdisciplinaire Migrating Minds (désormais MM)  qui vient d’obtenir le prix René Wellek 2023 de l’Association Américaine de Littérature Comparée  et l’étude théorique A Cosmopolitan Approach to Literature (désormais CAL) se distinguent en effet par leur profondeur historique et leur dialogisme marqués. Une conséquence frappante dans les deux ouvrages en est l’articulation régulière de discours et imaginaires européens et extra-européens pour en révéler, tout en prenant acte de leurs divergences ainsi que de leurs abus, les solidarités profondes  en d’autres termes : pour le pire comme pour le meilleur, avec toutes les nuances qui se déclinent entre ces deux pôles. Les deux ouvrages étant très riches, je me concentrerai sur trois lignes de force qu’ils ont plus précisément en commun et dont je ne pourrai ici qu’effleurer quelques enjeux essentiels.

Défendre et ré-habiter une notion intrinsèquement comparatiste

4« Le cosmopolitisme est une notion complexe et mouvante qui, depuis sa naissance sous ce nom durant l’Antiquité occidentale, a disparu plusieurs fois de la scène conceptuelle […] avant d’être énergiquement reprise et rediscutée au sein des sciences humaines et sociales, avec ou sans applications effectives et conséquences dans le domaine socio-politique » (MM, p. 13) : dès les premières lignes de leur introduction, Didier Coste, Christina Kkona et Nicoletta Pireddu prennent acte de la dimension problématique qu’a pu revêtir la notion qui les intéresse. On peut évidemment songer aux critiques émanant du champ des études post- et décoloniales, associant certaines formes de « cosmopolitisme » à l’impérialisme et/ou à une mondialisation mortifère (MM, p. 4)  accusations que le comparatiste étatsunien Haun Saussy cité par Didier Coste relie sans surprise à une perspective marxiste (CAL, p. 3). Prenant acte de la validité de certaines de ces critiques, Coste, Kkona et Pireddu n’en refusent pas moins un rejet général du « cosmopolitisme » en leur nom :

En réponse, nous pourrions souligner que la démocratie, les droits humains universels et l’éducation laïque, jusqu’aux soins de santé développés par les sciences modernes, peuvent être et sont condamnés sur des points semblables ; mais des arguments plus directs et historiques suffiront comme antidote. Ce ne furent pas un mouvement cosmopolite ni même cette sorte de rêve œcuménique associé aux croisades mais, au contraire, la montée en puissance des États-nations modernes et leur concurrence ainsi que l’acquisition de nouvelles technologies par ces puissantes entités agressives qui rendirent possibles les « découvertes », « l’exploration » et la colonisation. (MM, p. 5)

5Et de souligner par ailleurs qu’il « existe une modernité de la reconnaissance [d’autrui] au même titre qu’une modernité de l’exclusion et de l’effacement » (ibid.). En témoigne notamment le cas révélateur de Bartolomé de las Casas (1484-1566) évoqué dans l’essai de Didier Coste, qui rappelle que ce dominicain opposé à Juan Ginés de Sepúlveda durant la controverse de Valladolid avait défendu les droits des Amérindiens au nom de valeurs chrétiennes (CAL, p. 137).

6On l’aura compris : sans que leurs auteur·es n’éludent divers problèmes liés à son emploi4, c’est avant tout une défense du « cosmopolitisme » qui parcourt Migrating Minds et A Cosmopolitan Approach to Literature. À ce titre, l’intérêt de se ressaisir de la notion est défendu dans une perspective théorique dans l’ensemble de l’essai de Didier Coste et plus spécifiquement dans la première partie de l’ouvrage collectif  intitulée, en rapport avec sa supposée définition par Diogène de Sinope, « Racines et mobilités ». En toute logique, la partie s’ouvre par la contextualisation, due à Jean-Pierre Dubost5, de la fameuse anecdote selon laquelle le philosophe cynique aurait répondu à un passant lui demandant d’où il venait « Je suis ici et partout au même moment »  ou, selon la traduction plus connue mais moins complète, « Je suis citoyen du monde » (kosmopolítès eimi, d’après la formule grecque rapportée de source indirecte par le doxographe Diogène Laërce). Dubost procède à une intéressante mise en perspective de la notion grecque en la confrontant notamment aux vocabulaires arabe et chinois. Oublions en partie Étiemble : à la lecture de Didier Coste soulignant qu’« une différence, un pas-juste-ici, pas-juste-ce-que-tu-imagines est revendiqué par les études littéraires et culturelles comparées6 » (CAL, p. 55), c’est davantage Diogène de Sinope (ou du moins son idéal-type) qui fait office de figure tutélaire du comparatisme.

7En d’autres termes : pas de comparatisme sans cosmopolitisme, même compris dans sa définition minimale d’« intérêt pour les relations humaines inter- et transculturelles (cross-cultural) plus que pour l’occupation temporaire et permanente de tel espace » (MM, p. 3). Le lien intrinsèque entre comparatisme et cosmopolitisme est ainsi régulièrement rappelé au fil des deux ouvrages, de manière plus ou moins explicite  par exemple via une précision indiquée dans l’introduction de Migrating Minds : « cette pensée [cosmopolite] n’est pas synonyme d’indifférence ou de négation des différences, mais plutôt de reconnaissance des différences sans lesquelles aucun échange, aucune négociation de valeurs partagées, aucune émergence de savoirs ne pourraient avoir lieu » (MM, p. 5). Observation qui s’avère a priori des plus importantes pour les comparatistes. 

Situations et mises en relation à l’échelle planétaire

8S’il n’est pas certain que l’ensemble des comparatistes de la planète se sentent pleinement concernés par la dimension politique du cosmopolitisme revendiquée par Coste, Kkone et Pireddu, on peut espérer que leurs aspirations démocratiques sont, si ce n’est universellement, du moins largement partagées :

Le cosmopolitisme ne décrit pas simplement une condition de mobilité, de déracinement ou d’hybridité ; c’est une façon d’habiter le monde qui implique […] le sens politique d’une justice toujours à venir. Ce n’est pas seulement une pulsion utopique, mais plutôt le sens d’une responsabilité quant à l’expansion de la démocratie, quant à une nouvelle politique d’inclusion embrassant les revendications des minorités, qu’elles soient ethniques, raciales, sociales, sexuelles ou liées au genre. (MM, p. 3)

9La dimension engagée du propos mène ailleurs à rétorquer à l’idée d’un cosmopolitisme bourgeois7 en lui opposant la réalité d’un cosmopolitisme forcé. Celle-ci est entre autres envisagée dans les chapitres rédigés par Alexis Nouss (« Le cosmopolitisme des exilés et des réfugiés : le migrant comme sujet politique », MM, p. 42-53) et Maya Boutaghou (« Être Berbère, ou comment être condamné au cosmopolitisme », MM, p. 105-116), qui se penche sur la figure de l’écrivain et journaliste d’origine kabyle Jean Amrouche (1906-1962) et son intérêt pour les expériences des Berbères exilés en France.

10En lien évident avec l’examen minutieux de leurs enjeux politiques, la contextualisation régulière des discours et imaginaires étudiés dans Migrating Minds et A Cosmopolitan Approach to Literature est ainsi le socle à partir duquel peuvent s’épanouir les mises en relations entre les cultures, les problématiques ainsi que les genres littéraires et artistiques  selon une démarche interdisciplinaire assumée8, mais où la littérature reste toujours au centre. Les croisements sans doute les plus originaux relèvent de la perspective inter- et transculturelle à grande échelle qui oriente nombre d’analyses. Les « connexions entre Orient et Occident » sont ainsi envisagées dans le chapitre rédigé par Zhang Longxi (« Atteindre le monde à contre-courant : la pertinence du cosmopolitisme à notre époque », MM, p. 78-89) au prisme d’un examen des conceptions du cosmopolitisme respectivement défendues par Emmanuel Kant, Kwame Antony Appiah et le philosophe chinois Mencius. Pour ce qui concerne les considérations littéraires, on peut songer au corpus que convoque Didier Coste dans le cadre de son examen des étiquettes « realismo mágico » et « real(ismo) maravilloso » (CAL, p. 102 sq.), où apparaissent (dans cet ordre) Gabriel García Márquez, Mario Vargas Llosa, José Donoso, Carlos Fuentes, José Lezama Lima, Reinaldo Arenas, Miguel Ángel Asturias, Ernesto Sábato, Juan Rulfo, Alejo Carpentier, Salman Rushdie, Amitav Ghosh, John M. Coetzee, Peter Carey et Orhan Pamuk  : si la visée est critique, l’empan culturel n’en est pas moins particulièrement large. Autre exemple emblématique mêlant différents types d’écriture, le corpus que convoque Bertrand Guest dans le chapitre « Pour une justice terrestre et cosmique : des voix s’élèvent contre les murs érigés par le climat » (MM, p. 66-77) fait entrer en résonance les paroles d’Édouard Glissant, Vandana Shiva, Alain Damasio, Yoko Tawada, Sony Labou Tansi, Olga Tokarczuk, Wu Ming-yi et Erri De Luca. Ces ambitieuses mises en relations transnationales, transculturelles et transaréales font écho au refus généralisé du binarisme qui définit les deux ouvrages  qu’il s’agisse de géopolitique, d’identités ou de culture (appréhendée dans sa large acception anthropologique, selon l’usage étatsunien). Dans cette optique, le chapitre de Christina Kkona intitulé « Queerness xénophile chez Virginia Woolf et Reinaldo Arenas » a pour intérêt d’articuler les pensées queer et cosmopolite, rappelant mutadis mutandis le rapprochement des queer studies et du comparatisme défendu ailleurs il y a peu9.

11Cette relationalité généralisée n’empêche nullement les auteur·es de Migrating Minds et A Cosmopolitan Approach to Literature de convoquer et formuler diverses critiques de l’hégémonie occidentale. Elle n’exclut pas non plus la condamnation, surtout exprimée par Didier Coste, de la faiblesse conceptuelle de l’Europe et de l’Amérique du Nord sur la scène internationale (CAL, p. 29). On notera dans ce contexte que les remarques concernant la France ne sont pas exemptes de certains anachronismes : il semble par exemple un peu « daté » de réduire la (faible) productivité actuelle de la pensée hexagonale aux œuvres de Michel Deguy, Jean-Luc Nancy et Jacques Rancière (CAL, p. 27) sans mentionner, pour ne citer qu’un seul exemple, le très traduit Bruno Latour. Plus généralement, l’irrévérence de Diogène, qui va de pair avec son cosmopolitisme (MM, p. 3) se retrouve dans l’ethos critique de Didier Coste. Là réside l’un des remparts au nivellement qui pourrait menacer l’ambition relationnelle à laquelle répondent les deux ouvrages : l’énergie critique de leurs auteur·es ne fait aucun doute et s’articule, bien plus qu’à un arasement relativiste, à un processus de « négociation inter- et transculturelle » (cross-cultural negotiation) que Didier Coste place d’ailleurs aux fondements du geste cosmopolite (CAL, p. 127).

Perturber les « cercles concentriques » : pour une diversification des lectures au risque de l’inconfort

12Une même fin de non-recevoir parcourt les pages de Migrating Minds et A Cosmopolitan Approach to Literature : le refus de « chercher laborieusement, à partir d’un seul point de vue culturel ou théorique ce que toutes les autres cultures littéraires pourraient partager entre elles et partager avec nous » (CAL, p. 67). Selon une formule plus imagée, il s’agit de s’opposer à une pensée analytique qui procède par « cercles concentriques » (CAL, p. 135), ne gravitant autour de rien d’autre que d’elle-même. Là réside l’insistance sur la notion qui donne son titre à l’ouvrage collectif, où est précisée dès l’introduction qu’« une pensée migrante, comme celle des contributeurs de ce volume et des penseurs, écrivains, artistes et éducateurs avec lesquels ils dialoguent dans ces pages, est une pensée constamment en mouvement, s’essayant à différentes épistémologies et capable d’affinités et d’empathie avec les cultures qu’elle rencontre en-dehors du cercle étroit de l’éducation qu’elle a reçue » (MM, p. 210).

13L’une des manifestations emblématiques de ce positionnement est la critique très informée que propose Didier Coste de la World Literature telle qu’elle est conçue dans le contexte étatsunien (chap. 4, « The World Literature Controversy », CAL, p. 70-98). Le chapitre est exemplaire quant à la confrontation de différentes voix : si l’on pouvait s’attendre à y croiser les noms de Franco Moretti, Gayatri Spivak, David Damrosch et Emily Apter, on y rencontre aussi ceux de Sunit Kumar Chatterji, Djelal Kadir et Shaobo Xie, entre autres. Pour ne donner qu’un seul exemple des griefs exposés : au-delà de la critique, assez courante, de la survalorisation par David Damrosch des traductions aux dépens d’une lecture plurilingue, Didier Coste souligne le caractère obtus de l’affirmation de Damrosch selon lequel la « littérature mondiale [World literature] [serait] la réfraction elliptique des littératures nationales […] ». De fait, « en s’appuyant sur la circulation effective des textes par la traduction, [Damrosch] néglige les conditions d’émergence liées à des rencontres accidentelles, tel l’accès aléatoire de certains lecteurs/auditeurs à des œuvres et phénomènes littéraires mineurs qui ne circulent pas, qui ne sont pas traduits et restent confinés à la langue et l’aire culturelle dans lesquelles ils ont été produits » (CAL, p. 7). C’est en creux un plaidoyer pour l’acceptation du hasard qui s’esquisse ici  celui-là même qui conditionne souvent les vraies rencontres cosmopolites.

14Plus généralement et plus philosophiquement, l’appel à sortir des circularités rassurantes qui émane à la fois de Migrating Minds et A Cosmopolitan Approach to Literature suppose d’accepter les contradictions que peut entraîner l’ouverture cosmopolite, en ce qu’elle « exige une résistance farouche à toutes les tentations d’“idemdité” [idemtity] (se définir comme identique) » (CAL, p. 9). Par ce néologisme-repoussoir et par l’ensemble de ses analyses, Coste, à l’unisson avec les auteur·es de Migrating Minds, nous invite à rien de moins qu’à accepter le fait d’être soi-même multiple, dans une ode aux identités plurielles qui dépasse la simple sympathie pour la diversité de nos racines. Il s’agit plus largement de valoriser les orientations qui divergent de nos lieux d’origine, les engagements qui peuvent sembler contradictoires quant à notre propre situation (familiale, nationale, culturelle, linguistique, institutionnelle)  à condition que nous nous intéressions profondément à ce qui nous meut.

15Derrière cette dimension existentielle, qui irrigue les deux ouvrages, se discerne une défense et illustration du comparatisme cosmopolite conçu comme une disposition de l’esprit voire de l’être tout entier11. De ce point de vue, il est tout sauf certain que « le comparatisme [soit] une inquiétude12 ». Il serait plutôt insistance sur la dimension (re)vivifiante des moments d’incertitude et de remise en question liés à une ouverture permanente ou, du moins, fréquente  moments d’« inconfort palpitant », selon la formule de Haun Saussy commentant l’effet provoqué par la grande diversité de textes abordés dans A Cosmopolitan Approach to Literature (« Endorsement », s. p.). Pour son auteur, l’exodos est en tout cas indissociable de l’eros (CAL, p. 271 sq.).

16Un tel inconfort revivifiant n’est toutefois pas lié à la langue de rédaction des deux ouvrages, qui est d’une grande clarté. C’est même davantage d’inconfort qu’on aurait souhaité à ce niveau : s’il est toujours difficile de défendre ce type de choix auprès d’un éditeur (surtout Routledge), il aurait été cohérent de laisser les citations en langue originale des œuvres littéraires (accompagnées, bien sûr, de leurs traductions) entrecouper la lecture en langue anglaise. Tout ou presque dans les citations de textes étrangers est en effet présenté en traduction anglaise ; cela souvent, dans Migrating Minds, via la traduction des contributeurs et contributrices mêmes  ce qui a du moins le mérite de souligner leur polyglossie voire leur hétéroglossie (CAL, p. 289 sq.) En attendant de maîtriser autant de langues étrangères que les chefs d’orchestre Didier Coste, Christina Kkona et Nicoletta Pireddu, on pourra en tout cas s’aider des traductions françaises et anglaises, entre autres, pour répondre à l’invitation qui nous est adressée dans A Cosmopolitan Approach to Literature :

Une littérature comparée/mondiale expérimentale trouvera sa planétarité dans le pavillon de lecture qu’elle reconstruit sans cesse, tel un chapiteau de cirque, un jour à Zurich avec Tristan Tzara, le lendemain à São Paulo avec Oswald de Andrade, à Paris avec Anaïs Nin, ou à Calcutta avec Maitraye Devi. (CAL, p. 155)

Bridet Guillaume, Garnier Xavier, Moussa Sarga et Zecchini Laetitia (dir.), Décentrer le cosmopolitisme. Enjeux politiques et sociaux dans la littérature, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, coll. « Écritures », 2019.

Coulangeon Philippe, Culture de masse et société de classes, Paris, Presses universitaires de France, 2021.

Étiemble René, Essais de littérature (vraiment) générale [1974], Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 1975 [3e éd. augmentée].

Marx William, Vivre dans la bibliothèque du monde, Paris, Collège de France / Fayard, 2020.

Perrot-Corpet Danielle, « Politique de la littérature et comparatisme au prisme de la pensée queer : pour une discipline du trouble », Recherche Littéraire / Literary Research, vol. 37, automne 2021, p. 109-135.