Présentation de la revue
«Avec les choses intellectuelles, nous faisons à la fois de la théorie, du combat critique et du plaisir.»
(Roland Barthes, Roland Barthes par Roland Barthes)
Pouvons-nous prétendre aujourd’hui faire de la pensée du littéraire la fine pointe d’un « combat critique » ? Si le propos est toujours d’actualité, c’est apparemment du côté de la sociologie, de la philosophie ou de l’histoire : la poétique, pour sa part, a dû rabattre de son ambition théorique et authentiquement critique.
Non que l’étude générale de la littérature soit de nos jours négligée, mais elle semble portée par des disciplines qui la surplombent. Lorsqu’il est question d’entreprise de démystification pour la théorie, c’est dans le cadre intellectuel et militant des cultural studies, qui ont partout leur audience sauf en France. Et si l’on trouve quelque intérêt à faire de la littérature un objet de savoir, c’est d’un savoir toujours plus positif car l’heure est à l’érudition : les bilans s’ajoutent aux anthologies, aux dictionnaires et aux synthèses ; les biographies ne nous paraissent jamais assez grosses, les éditions assez complètes et les colloques assez nombreux.
Pourtant bien des difficultés continuent d’appeler un travail théorique. Quelle est la portée et l’historicité des concepts présupposés par nos lectures ? Quelle périodisation et quelle définition pour le champ de la Littérature ? La notion d’intertextualité ne sert-elle pas aujourd’hui à légitimer la quête des sources, qu’elle avait à l’origine pour fonction de combattre ? Quel rapport entre la fiction et les discours de savoir ? Comment articuler plaisir du texte et enjeux éthiques de l’œuvre ? Comment écrire l’histoire littéraire ? Autant de questions qui interdisent de renoncer à toute entreprise de généralité.
Si chacun s’accorde à proclamer la nécessité d’une conciliation entre diachronie et synchronie, et si Clio exerce plus que jamais son autorité sur les textes à fonction esthétique, les enjeux de l’actuel « retour » de l’histoire littéraire restent largement impensés. Une guerre autrefois a eu lieu, opposant les sœurs ennemies « Théorie » et « Histoire ». S’agit-il simplement pour elles de se redistribuer aujourd’hui un territoire, chacune laissant à l’autre le soin de penser sa propre pratique ?
La revue Fabula-LhT, pour Fabula-LhT : littérature, histoire, théorie, posera au contraire que « Théorie » et « Histoire » constituent deux pôles à la fois solidaires et antagoniques de toute réflexion générale sur la littérature. Solidaires – parce que la théorie et l’histoire littéraires ont en commun de chercher à élaborer des objets transcendant la singularité des œuvres individuelles (la « période » ou le « genre » sont des objets de statut épistémologique comparable) – mais non pas complémentaires – l’histoire littéraire s’accommodant mal du caractère non pas anhistorique mais transhistorique des objets théoriques. Antagoniques – là où l’histoire littéraire procède par induction dans le champ des œuvres du passé, la théorie littéraire prétend œuvrer par déduction a priori dans le champ de tous les textes possibles – mais non pas antinomiques : faire l’histoire de la littérature, c’est aussi considérer l’éventail des possibles qui s’offraient à elle aux différents moments de son devenir.
C’est ce rapport, fait d’alliances et de tensions, que Fabula-LhT s’attachera à explorer.
STRUCTURATION DES SOMMAIRES
Fabula-LhT est une revue en open access intégral et à comité de lecture. Elle est publiée sur le site www.fabula.org sous la forme de numéros organisés en plusieurs sections.
- Un « Dossier » réunit, sous la responsabilité de directeur·rice·s invité·e·s, un ensemble de textes relatifs à tel aspect ou tel autre des rapports entre histoire et théorie de la littérature.
Les directeur·rice·s invité·e·s rédigent l'introduction du dossier.
Le dossier accueille des articles de recherche qui se distinguent par leur rigueur scientifique et leur originalité.
Par ailleurs, le dossier peut contenir :
– La traduction française d'articles de revue ou de chapitres d'ouvrage individuel ou collectif, soit parce que l'article ou le chapitre en question est ancien, mais n'avait jamais été traduit malgré son importance, soit parce que cet article ou ce chapitre est récent et s'avère représentatif de nouvelles tendances de la recherche hors de France ;
– L'édition d'un article ou de tout autre document devenu inaccessible ;
– Un entretien ou plusieurs avec un·e chercheur·se ou un·e artiste.
- En outre, un numéro de Fabula-LhT accueille des articles publiés en varia (càd. hors dossier) choisis pour leur intérêt particulier : les textes retenus pourront porter sur un champ de préoccupations très large.
Depuis notre huitième numéro, chaque dossier de Fabula-LhT est lié à un dossier d'Acta fabula, l'autre revue hébergée sur Fabula.org.
RÉFÉRENCEMENT
La revue bénéficie d’un référencement ISSN, grâce à l’usage des normes internationales valables pour les revues électroniques OAI (Open Archive Initiative).
Chaque article et chaque numéro est identifié par un DOI.
Les articles de Fabula-LhT sont mis en page de manière à pouvoir être facilement cités :
- chaque paragraphe est indexé par un pied de mouche (¶) suivi d’un numéro pour une citation locale ;
- un cartouche en fin d’article sert au référencement de l’article lui-même.
HISTORIQUE
La revue Fabula-LhT est fondée en 2005 par Jean-Louis Jeannelle, qui la dirige jusqu'en 2018, puis la codirige avec Romain Bionda. Depuis 2022, la revue est dirigée par ce dernier.