Colloque 99, Frontières de la fiction : commentaire
Le message suivant a été posté par le visiteur René Audet le 14 Janvier 2000 à 17:06:59: en réponse à Est-ce si simple qu'on le croit? posté par Isabelle Lachance le 20 Decembre 1999 à 11:27:22: |
Isabelle,
Merci de ton commentaire. Tes expériences "de terrain" viennent bien appuyer les suspicions qui ont été à l'origine de mon texte... Les considérations théoriques tiennent en effet peu compte de la dimension pragmatique de l'essai, se limitant à des postulats sur le seul statut des énoncés. La détermination de ce qui est fiction et de ce qui ne l'est pas (tout comme ce qui est littérature et ce qui est... autre?) semble erronée, sinon insuffisante pour établir la nature des textes spontanément associés au genre de l'essai.
Le discours de l'essayiste (dont la volonté argumentative pourrait d'ailleurs être discutée: arguments à valeur strictement démonstrative ou d'abord heuristique?) tend à se dissocier des catégories de référentialité ou de feintise (mensonge, etc.), catégories étant le premier critère (apparemment!) d'évaluation de la littérarité d'un texte. L'essai vient donc questionner les rapports qu'entretiennent fiction et narrativité, fiction et littérarité, fiction et argumentation... d'une façon si prégnante qu'il finit par se faire définir à la négative, n'étant ni ci ni ça. D'où l'intérêt, à mon avis, de considérer la fiction comme un élément qui participe de l'essai mais ne conduit pas à sa définition. La fiction nous amène à voir que l'essai suppose plusieurs régimes de lecture, référentialité et fictionnalité cohabitant sans heurts...
Réintroduction de la rhétorique dans la critique contemporaine: n'étant pas moi-même spécialiste, je peux te référer aux instigateurs de cette nouvelle rhétorique, en lien d'ailleurs non pas avec le discours littéraire, mais bien l'argumentation au sens large (même du droit!): Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca, Traité de l'argumentation. La nouvelle rhétorique (qui date des années 1970).
René Audet