Celui qu'on avait l'habitude de croiser au Salon du Livre ne nous sourira pas aux différents stands parisiens cette année.
J'aimais tant recevoir ses lettres de 11 ou 12 pages manuscrites, où il racontait sa vie,ses projets. Je n'en recevrai plus. Bourgeade aurait dû partiper aussi au colloque de Cerisy sur l'autofiction que Claude Burgelin et moi avions organisé en 2008, mais c'était juste le moment où fut tourné le film sur RAMATUELLE. Nous nous sommes donc pas vus. Et on ne se reverra jamais.
Donc, romancier, photographe, homme de théâtre, Pierre Bourgeade s'est éteint le 12.03.009 à l'âge de 82 ans. Ce grand connaisseur de la noirceur humaine, qui a écrit sur la torture en Algérie, comme sur l'art ou la judéité et la sexualité, laisse une oeuvre de plus de vingt-cinq romans. Rangé parmi les auteurs sulfureux dans les années 1960, il continuera d'explorer ses thèmes de prédilection, loin d'une sexualité limitée au libertinage, pour mettre en scène des rites sexuels non pas tant motivés par le désir de l'autre que déterminés par la peur et la quête de soi. (Nouvel Observateur)
Chez cet écrivain extrêmement prolifique, qui fut salué par Maurice Nadeau comme un héritier d'André Breton et Georges Bataille, puis oscilla constamment, selon ses propres termes, «entre histoire et fiction, érotisme et sacré», vingt-cinq romans (dont des polars) ont suivi. Au bas mot. Ainsi qu'une dizaine de pièces de théâtres, dont «Orden» (mis en scène par Jorge Lavelli en 1969) et «Palazzo Mentale» (mis en scène par Georges Lavaudant en 1974), quelques essais, des recueils de nouvelles.
Isabelle Grell