Fabula-LhT
ISSN 2100-0689

Entretiens
Fabula-LhT n° 10
L'Aventure poétique
Philippe Hamon

Une fidélité à la poétique

Entretien avec Florian Pennanech

1Au moment où la revue Poétique se dote d'un comité de rédaction se substituant l’ancienne direction « tricéphale », votre nom apparaît au milieu d’autres poéticiens et critiques. Pourriez-vous nous expliquer les circonstances dans lesquelles vous vous êtes retrouvé mêlé à cette aventure théorique ?

2Le passage d’une direction tricéphale à un « conseil de rédaction » plus important fut purement conjoncturel, et fut décidé sur un coin de table par Gérard Genette et Tzvetan Todorov, désireux de se conformer à ce qui allait devenir plus tard une sorte de standard du statut de toutes les revues. Les différentes instances nationales et internationales d’évaluation exigent en effet que les jeunes chercheurs, pour être pleinement reconnus, publient dans des revues « à comité scientifique » ou à « conseil de rédaction » (où les manuscrits sont théoriquement soumis à plusieurs experts anonymes). Les noms alors intégrés à ce conseil aux côtés des pères fondateurs ont eu bien sûr – c’est le propre de tous les conseils de rédaction de toutes les revues – fonction tactique (rupture et positionnement dans un champ) et valeur d’affichage et d’enseigne d’une « communauté ouverte » (ce qui est, si on y réfléchit bien, une sorte d’oxymore) : jeunes et moins jeunes, français et étrangers (Weinrich, Riffaterre), littérature et philosophie (Lacoue-Labarthe), stylistique (Riffaterre) et poétique. Tous ont en commun le goût de la réflexion théorique et l’exigence d’un permanent examen méthodologique de leurs disciplines. Moi-même, à l’époque, je n’avais publié que quelques articles, et je reste reconnaissant à Gérard Genette et à Tzvetan Todorov de m’avoir associé, au vu et au lu de ces quelques articles, à cette grande entreprise. Le but, cependant, en dehors de ces fonctions d’affichage et de positionnement, était (est toujours) d’assumer un travail : lire des manuscrits, recruter de bons manuscrits, participer à des numéros spéciaux, concevoir et mettre au point des « Discussions critiques » et des numéros consacrés à un thème précis (en ce qui me concerne, j’ai « édité » par exemple les numéros spéciaux sur « Le discours réaliste » et sur « l’Ironie »).

3Plus généralement, pourriez-vous nous dire ce qui, dans votre parcours intellectuel, vous a amené à vous intéresser à la littérature d'un point de vue plutôt poéticien, voire formaliste, si vous acceptez ce terme ?

4Mon parcours a été on ne peut plus classique : baccalauréat littéraire en province, classe préparatoire (Khâgne) à Lakanal, licence de lettres classiques et agrégation de lettres modernes à la Sorbonne (du temps de l’unique Sorbonne), maîtrise de conférence et thèse d’état de littérature (sous la direction de Robert Ricatte, reprise in fine par Henri Mitterand). La grande chance de ma vie fut d’avoir fait mon service militaire (un an et demi) et d’avoir été oublié, dans ce cadre, dans un vague placard, pendant les années 1965-66-67, 18 mois que j’ai intégralement consacrés à la lecture, que j’ai passé à lire des sortes d’objets inidentifiables, des livres que je n’avais jamais lus, plus ou moins incompréhensibles, fascinants, qui se publiaient en rafale à ce moment-là : Todorov, les formalistes russes, Barthes, Lacan, Foucault, Genette, Greimas, Jakobson, Riffaterre, bien d’autres, le tout sur fond de polémiques d’une extrême violence (opposition de la critique marxiste au structuralisme, querelle de la nouvelle critique, du nouveau roman, de l’introduction des sciences humaines dans les études littéraires). Et puis, il y a eu les séminaires d’été à Urbino, et la fréquentation du séminaire Greimas à Paris. Les historiens du monde contemporain (je pense à l’essai très documenté de François Dosse) ont déjà bien étudié et bien souligné l’importance de ce moment (1965-1975) d’intense bouillonnement intellectuel. J’ai dirigé une thèse sur « L’année 1966 », et je suis, comme bien d’autres, « né » intellectuellement en 1966. Naissance évidemment survenant sur le coup d’une insatisfaction et d’une réaction, une réaction « formaliste » si l’on veut, une réaction à un enseignement de la littérature subi en Sorbonne et entièrement inféodé à l’histoire littéraire et à la paraphrase, ignorant des œuvres (on pouvait passer une année à étudier les influences subies par Diderot sans jamais aborder les œuvres de Diderot), ignorant des nouvelles théories linguistiques et sémiologiques qui se constituaient depuis Saussure, ignorant d’une stylistique moderne (celle d’un Spitzer par exemple), ignorant de l’œuvre d’un Claude Levi-Strauss. J’accepte parfaitement l’étiquette de « formaliste », mais formaliste au sens des formalistes russes, au sens qu’il peut avoir quand on considère l’œuvre d’un I. Lotman, d’un Jakobson, d’un Benveniste, tous « formalistes », attachés cependant à l’histoire des cultures aussi bien qu’aux phénomènes de l’énonciation. Au fond, il s’agissait de reprendre à Valéry son programme d’une « Poétique » générale des œuvres et des processus amenant à l’œuvre.

5Vous avez une particularité, celle de n’avoir jamais publié de volume dans la collection « Poétique », ou même au Seuil (vos ouvrages sont disponibles chez Hachette, aux PUF ou encore à la librairie José Corti) alors que vous publiiez de nombreux articles dans la revue (articles souvent repris ensuite dans la collection « Points »). Y a-t-il une raison particulière ?

6Oui, je n’ai jamais publié dans la collection « Poétique » au Seuil. Les essais que j’ai proposés pour cette collection (celui sur La Description, celui sur L’Ironie), qui me paraissait devoir être leur structure d’accueil idéale, n’ont pas été acceptés. C’est comme cela. Je n’en garde aucune rancœur. Peut-être étaient-ils trop « formalistes » pour la collection. Ensuite j’ai un peu évolué vers ce que l’on pourrait appeler l’histoire culturelle ( ?), avec mes essais sur les Expositions et sur les Imageries du xixe siècle, et alors d’autres collections ou éditeurs d’accueil m’ont parus plus adaptés. Mais je reste fidèle à la revue Poétique.

7Vous avez toujours prôné une approche résolument œcuménique de la littérature : par exemple, dans l’article « Pour un statut sémiologique du personnage », que vous avez vous-même désigné comme votre article le plus militant, vous concluez en rappelant que l’approche sémiologique n'est qu'une approche parmi d’autres, destinée à compléter les approches historiques ou psychologiques. Vous ayez vous-même pu synthétiser les travaux de poétique (sur le personnage, le discours réaliste, la description, l'ironie, l'idéologie...), d'histoire littéraire (sur le dix-neuvième siècle, notamment dans les deux volumes Expositions et Imageries), de critique (autour de Zola, allant jusqu'à la monographie sur La Bête humaine), et récemment de génétique (avec ce volume très novateur intitulé Le Signe et la Consigne). Sans compter qu'en plus d’être membre du comité de rédaction de Poétique, vous dirigez la revue des dix-neuviémistes, Romantisme, ce qui est un symbole, peut-être, de cette alliance entre la poétique et l’histoire qui va à rebours des préjugés selon lesquels ces deux façons d'aborder la littérature seraient condamnées à un éternel antagonisme : comment regardez-vous aujourd'hui les débats d’hier ?

8Un champ littéraire ne peut être, s’il est vivant, que conflictuel. Celui des années glorieuses 1965-1975 le fut intensément. Celui d’aujourd’hui paraît en comparaison – mais je peux me tromper – bien amorphe, sans aspérités, bien « plat » dirait Flaubert, sans conflit majeur pour le dynamiser, et la multiplication des colloques thématiques ou monographiques d’aujourd’hui ne saurait passer pour un signe de vitalité. La position œcuménique que vous me prêtez était (est) surtout une position de principe, l’acceptation de la pluralité des approches, mais à condition qu’elles ne soient pas juxtaposées, mais hiérarchisées dans l’étude d’une œuvre. On revient toujours aux mêmes questions : le « rendement » d’une analyse d’un objet quelconque (d’un texte, d’une œuvre, d’un genre, d’une posture d’énonciation, d’un schème, d’une « figure », etc.) tient-il à l’empilage des méthodes d’approches plus ou moins disparates ou incompatibles (statistiques, historiques, poéticiennes, psychologiques, stylistiques, génétiques, etc.) ou à l’exploitation raisonnée, maîtrisée, critiquée en permanence de l’intérieur, homogène, d’une seule méthode ?

9Je ne sais trop si j’ai « appliqué » (je n’aime pas trop ce verbe) des « méthodes » diverses (je n’aime pas trop non plus ce terme : Mallarmé disait que toute « méthode » est une « fiction ») dans mes divers essais : on pourrait parler en ce qui me concerne de méthode descriptive-formaliste (le personnage, la description), d’histoire des cultures (les Expositions, l’idéologie), de poétique d’un genre ou d’une forme d’énonciation (le récit, l’ironie), de génétique (les dossiers préparatoires de Zola), de dialogue des sémiotiques (Imageries). En réalité j’ai changé d’objets plus que de méthodes, restant fidèle, il me semble, à mes détestations d’origine (l’historicisme positiviste, la paraphrase, la thématique molle, le psychologisme, l’éclectisme descriptif), et fidèle à la méthode d’analyse structurale pour son efficacité, sa simplicité, sa reproductibilité indépendamment des objets étudiés, son homogénéité dans les protocoles et dans sa terminologie (sémiotique et linguistique), et pour sa valeur heuristique. Là encore j’ai fonctionné à chaque fois, au départ, de façon opportuniste et conjoncturelle, par réaction (ou par réactivité) à une dominante du moment dans la constitution de mes propres objets de réflexion. La sélection et la constitution de ces objets est donc (peut-être est ce la même chose pour tous les chercheurs) imputable à une sorte de naïveté, ou de fatuité, celle de croire que ces objets étaient « à l’abandon », ou « négligés » (la description par les narratologues, etc.) et étaient donc en attente de construction: réaction donc au « tout narratologique » des années 65-75 par l’élection de la description comme objet de réflexion, réaction à une génétique « pointilliste » par le choix d’une génétique « globale », réaction à la théorie de « l’autonomie » de la littérature par la volonté d’étudier l’interaction sémiotique de l’écrit et de l’image, réaction aux approches historicistes par une approche élargie plus « culturelle » et « contextuelle », réaction aux approches formalistes par la volonté de construire une théorie (ou une poétique) de l’idéologie (un objet également confisqué par la critique marxiste), réaction aux innombrables « parallèles » entre peinture ou musique et littérature en choisissant de confronter cette dernière à l’architecture. J’ai risqué quelque part (dans Texte et idéologie, je crois) le terme de « Socio-Poétique », pour rêver d’une discipline qui tiendrait comme ses objets de prédilection les deux bouts de la chaîne, ou les deux niveaux de description, dont l’interaction m’intéresse le plus, le style d’un côté et l’idéologie de l’autre. L’individuel et le collectif.

10Pour en venir à des questions qui touchent davantage à votre pratique personnelle, il faudrait à présent aborder le mode d’écriture de la poétique, que vous incarnez peut-être mieux qu'un autre : listes, nomenclatures, typologies, tableaux à double entrée, arborescences et autres configurations taxinomiques sont autant de « stylèmes » de Philippe Hamon. N'avez-vous jamais été tenté de faire quelque chose comme une « poétique de la poétique » ?

11Oui, j’avoue, j’ai un peu donné dans les schémas, les tableaux, les arborescences. Un peu, parfois, par provocation. Un peu par mimétisme avec une mode de l’époque, mais surtout avec les deux chercheurs qui m’ont profondément marqué, Claude Lévi-Strauss et Greimas. Beaucoup quand même par souci de clarté dans la démonstration pédagogique, par amour pour le dessin (je suis un peintre du dimanche contrarié), et parce que dans mon métier (professeur) j’ai beaucoup aimé dessiner pendant mes cours au tableau noir (ou vert) et y tester des petits dessins ou croquis explicatifs. Un peu comme le Brulard de Stendhal, ou le Balzac de la Monographie de la presse. Fonction décorative, pourquoi pas. Peut-être que la poétique, que toute théorie (dont le but est de « rendre visible », de construire des modèles, quelque chose comme des « maquettes », des sortes de « modèles réduits explicatifs ») ne serait au fond qu’ une branche des arts appliqués, ou des arts décoratifs ? Donc une poétique de la poétique ? Pourquoi pas ? Et pourquoi pas une poésie de la poétique comme construction esthétique ? J’ai envie de vous citer une phrase que j’aime bien, de quelqu’un que j’aime bien (Quatremère de Quincy), sur un sujet que j’aime bien (la mimesis) :

On pourra demander à quoi une semblable théorie est bonne, et si elle peut servir à faire produire de meilleurs ouvrages. A cela voici quelle pourrait être ma réponse : « Je pense que les beaux ouvrages des arts ont plutôt donné naissance aux théories, que les théories aux beaux ouvrages. Mais il y a de belles théories qui sont aussi en leur genre de beaux ouvrages, et auxquelles bien des personnes prennent plaisir. Ainsi on ne doit pas plus demander à quoi sert une poétique, que demander à quoi sert un morceau de poésie »1.

12Un mot sur l’avenir. Quels sont à votre avis les défis que la revue doit relever ? De quelle manière envisagez-vous son évolution ? Quelles sont les enjeux fondamentaux auxquels elle devra faire face, dans son fonctionnement aussi bien que dans sa ligne éditoriale ?

13La ligne de la revue Poétique reste assez fidèle à elle-même et à ses positions d’origine (la théorie, l’analyse, le refus des approches anecdotiques ou exclusivement historiennes ou psychologiques, l’ouverture au traitement de tous les supports et objets sémiotiques, le souci de l’examen critique métalinguistique de l’analyse et de la théorie en acte). Les quelques rares explorations de champs nouveaux que l’on a pu voir émerger depuis une vingtaine d’années, après la grande vague structuraliste (l’ethnocritique, la génétique littéraire, pour ne citer que les deux principales) y ont été tout naturellement admises (même si la génétique dispose d’une revue spécifique à part entière, Genesis). Ainsi que le souci de traiter des nouveaux « genres » en stade d’émergence (l’autofiction par exemple) aussi bien que de l’ensemble de la production discursive (textes du Moyen-Age, étrangers, folkloriques, textes du patrimoine classique, textes de l’extrême contemporain) et de ses traditions (notamment la tradition rhétorique). Elle reste du côté des cadrages génériques des textes, du côté d’une poétique des postures d’énonciation, du côté d’une histoire et de l’interaction des formes plutôt que du côté de leurs cadrages sociaux, éditoriaux ou institutionnels, sans méconnaître évidemment le poids des contraintes et du jeu de ces derniers. D’autres revues littéraires plus anciennes (Revue d’Histoire littéraire de la France) ou plus récentes comme elle (Romantisme, Littérature) occupent très bien ces positions complémentaires, et l’ensemble du champ me paraît au fond, maintenant (2012), stabilisé et cartographié de façon satisfaisante. Il y en a pour tout le monde, surtout si l’on tient compte de la pérennité, parfois difficile à assurer, des revues spécialisées dans l’étude de tel auteur ou de telle école (Cahiers naturalistes, Revue Flaubert, Cahiers Goncourt, etc.). Et il vaut sans doute mieux un champ de recherche littéraire balisé par quatre ou cinq revues généralistes bien définies dans leurs orientations, qu’un champ occupé par un trop grand nombre de publications à lignes éditoriales hétéroclites ou à sujets monographiques. Une revue, en 2012, garde sans doute un rôle à jouer si elle sait laisser les modes, les rumeurs, la polémique, l’anecdote historique, la critique d’humeur, les faux débats, la monographie, le pointillisme documentaire, la petite thématique sans problématisation, l’éclectisme et la polyphonie méthodologique aux endroits faits pour cela, je veux dire internet.

14Restent bien sûr des questions gravissimes touchant à un avenir proche (les années 2010), celui de Poétique comme celui de toutes les revues : coût croissant des éditions sur papier des revues, problème de leur visibilité et de leur commercialisation, passage éventuel à une publication électronique2, désintéret institutionnel et éditorial pour la recherche littéraire théorique (seules les biographies romancées semblent encore se vendre), concurrence internationale de revues similaires. Faut-il impérativement, pour faire vivre aujourd’hui une revue, l’adosser à (ou la fondre dans) un site consultable électroniquement, ou à une collection d’essais (la revue et la collection Poétique), ou à une association internationale fonctionnant par adhésions (la Société des études romantiques et dix-neuviémistes pour la revue Romantisme), ou à des Presses universitaires dynamiques ? La question la plus grave étant bien entendu celle du renouvellement (celui de la revue et de ses publications d’articles inédits, celui de son comité de rédaction) par des représentants des jeunes générations.

15Je crois vous avoir entendu récemment regretter que la recherche actuelle en littérature ne se préoccupe plus guère de grands objets, et que se multiplient colloques et autres ouvrages collectifs sur des questions peu problématisées, amenant un empilement de monographies ponctuelles. A quoi attribueriez-vous ce sommeil théorique : massification de l’enseignement supérieur, balkanisation des savoirs, faillite des idéologies, méfiance envers les grands systèmes totalisants, conduisant à se réfugier prudemment dans l’érudition pointilleuse, voire une posture « pragmatique » prétendant « dépasser » les conflits théoriques ?

16Allons, allons, pas de pessimisme, de déclinisme, de défaitisme. Certes, qui n’a pas connu les années 65-80 n’a pas connu, non pas la douceur de vivre (il s’agissait de l’ancien régime, vu par Talleyrand), mais l’excitation intellectuelle à son degré supérieur (excitation intellectuelle et douceur de vivre culminaient et s’associaient parfaitement d’ailleurs lors des séminaires d’été à Urbino dans ces années-là). Et ces années-là ont effectivement bien déblayé le terrain sur de nombreux points : la construction d’une grammaire narrative (Greimas, Genette), la constitution d’une stylistique structurale (Riffaterre), d’une typologie des genres, des cultures, des énonciations (Lotman, Bakhtine), la récupération de certains « objets perdus » (la rhétorique, l’idéologie, l’ironie, l’« effet de réel »), la théorie de l’énoncé poétique (Jakobson), la théorie de l’acte de lecture et du plaisir du texte (Barthes), la sémiotique de l’image (Marin). Nous vivons tous sur ces acquis, et la période actuelle paraît en effet bien pâle, n’être qu’une période de rumination ou de digestion de ces acquis, une période de non-conflits et de non-débats méthodologiques. Sauf sur de rares points, où de nouveaux objets semblent encore à construire : la génétique (des textes, des arts, autour de l’ITEM au CNRS et de la revue Genesis), l’ethnocritique (l’« école de Metz »), les relations entre presse, littérature et médias (travaux d’Alain Vaillant, de Marie-Eve Thérenty), l’impact sur la littérature des nouvelles technologies (celles du tout numérique). Ailleurs, c’est plutôt le calme plat. Peut-être parce que les conflits et débats se situent aujourd’hui autre part, notamment sur le plan institutionnel (crise de l’enseignement de masse, autonomie et regroupements des universités, réformes des grilles et des cursus universitaires, querelles des « nouvelles » pédagogies et de l’évaluation de la recherche etc.) qui mobilise et épuise toutes les énergies. Peut-être aussi parce qu’aucune « science » nouvelle ne semble aujourd’hui, après la grande période récente d’influence des sciences humaines, avoir assez d’« autorité » pour s’imposer et pour entraîner, par mimétisme ou par repoussoir et parodie (pensons aux sciences juridiques et médicales pour un Rabelais, aux sciences physiognomoniques pour un Balzac, aux sciences historiques pour un Hugo, aux sciences biologiques et médicales pour un Zola, aux sciences psychologiques pour les surréalistes etc.) un renouvellement de la production littéraire et donc de son enseignement et donc de sa théorie.