Fabula-LhT
ISSN 2100-0689

De la littérature à la langue
Fabula-LhT n° 30
La Littérature en formules
Jérémie Nicolas Alliet

Vive Balzac quand même ! Sur la postérité d’une locution conjonctive

Vive Balzac quand même ! On the history of a conjunctive phrase

1Si aujourd’hui l’expression « aimer quand même », popularisée par la culture cinématographique et musicale1, semble être devenue une formule toute faite, dont la plasticité et la variété des emplois est remarquable, il n’est pas inintéressant de remarquer qu’à l’âge classique, et jusqu’au XIXe siècle, l’emploi de la formule est au contraire fixe : on ne rencontre pas la locution dans son emploi adverbial, mais uniquement dans son emploi conjonctif, où elle permet l’introduction de compléments circonstanciels : « Quand même il serait à l’heure, je ne le recevrais pas ». L’emploi de quand même est très proche de celui de même si ; les deux locutions conjonctives circonstancielles indiquant la concession2 sont construites sur le même ajout à la conjonction pure, de l’adverbe même. Quand, qui indique généralement la temporalité, peut recevoir des valeurs conditionnelles ; et, réciproquement, si, qui indique la condition, peut se voir attribuer des valeurs temporelles3. Le travail que nous proposons ici adoptera une ligne diachronique. Nous montrerons comment, au début du XIXe siècle, la locution conjonctive s’impose comme formule politique propre à la culture d’une classe conservatrice. Nous étudierons ensuite la manière dont Balzac insère cette formule au sein de ses œuvres de fiction, en élargissant sa signification et ses emplois. Nous nous interrogerons enfin sur la postérité de cette formule, qui montre une progressive lexicalisation du terme jusqu’aux emplois contemporains, qui ne retiennent plus de signification politique.

« Vive le roi quand même » : origine politique d’une formule de dépit

2L’acte de naissance de l’expression quand même adverbiale, attestée dans la littérature au XIXe siècle, est débattu par les historiens.

3Roger Pierrot (1976, p. 1279) a établi l’hypothèse de l’apparition de cette formule, tout à fait originale dans son emploi absolu, sous la plume de Balzac et dans le sillage d’une formule politique employée par les légitimistes ultras à la suite de l’installation sur le trône de Louis-Philippe et de la Monarchie de Juillet. Ce groupe politique, mécontent de la chute de la monarchie de Charles X et de la Restauration, mais préférant à un régime plus démocratique celui de la société louis-philipparde, aurait eu pour habitude d’exprimer un « vive le roi quand même », l’ajout de la locution verbale marquant avec ironie la déception et l’aigreur d’un parti politique. Comme le rappellent Moeschler et de Spengler, quand même est un « déclencheur de sous-entendus » (1981, p. 97)4 ; ici, la locution conjonctive indiquerait un sous-entendu politique dysphorique et amer. C’est l’hypothèse de l’apparition de la locution en 1830 que j’ai reprise dans l’article du Dictionnaire Balzac consacré à cet objet (voir Alliet, 2021).

4Néanmoins René Rémond repère l’expression chez Chateaubriand, déçu comme les ultras non pas par Louis-Philippe, mais par l’adoption de la Charte de 1814 :

C’est ce qu’exprime dans son éloquente concision leur exclamation [celle des ultras] : « Vive le roi quand même ! » Elle retentit, provocante, à la Chambre introuvable. La brochure de Chateaubriand, « De la Monarchie selon la Charte », s’achève sur un « Sauvez le roi ! quand même ». (Rémond, 1968, p. 27).

5Indication implicite d’un désaccord avec le(s) nouveau(x) roi(s), cette formule agit au sein du monde ultra comme un sociolecte, renforçant l’identité collective du discours. Gérard Gengembre soutient cette hypothèse de l’historien, notant :

[L’expression] est fréquemment formulée par les Ultras « plus royalistes que le roi », et ce dès 1816, comme le prouve une chanson intitulée « Vive le Roi quand même ! », qui reprend l’exclamation lors de la discussion le 6 janvier 1816 d’un article de loi sur le régicide du député ultra Charles de Béthisy s’insurgeant contre l’indulgence supposée de Louis XVIII. Avec la graphie « Vive le roi !... quand même », ce fut à partir de 1819 la devise du Drapeau blanc, le journal ultra de Martainville. (Gengembre, 2022, p. 179)

6Le repérage de Roger Pierrot quant à la date de popularisation de la formule balzacienne est donc discutable : on peut également nuancer l’approche que j’ai proposée en termes d’« anachronisme dans le cas de Mémoires de deux jeunes mariées dont l’action se passe en 1824 » (Alliet, 2021, p. 1081).

7La postérité de la formule est, en tout état de cause, indéniable chez Balzac : elle apparaît à 22 reprises dans La Comédie humaine (voir la liste des occurrences ci-dessous). Balzac la popularise largement, reprenant à son compte l’implicite ironique de cet usage absolu, qui laisse beaucoup de sous-entendus en suspens. Le politiquement correct, ou l’impossibilité pour les légitimistes de s’opposer frontalement aux premières années de règne de Louis XVIII, ampute la subordonnée conjonctive concessive de son contenu. Par cette stratégie d’énonciation et de reconnaissance de deux rivalités politiques, celle des Ultras et celle des royalistes modérés, la formule réalise bien « l’acceptabilité d’une contradiction » dont parlent Moeschler et de Spengler (1981, p. 110).

8Il n’est pas étonnant, à ce propos, que Balzac popularise la formule dans des œuvres de fiction des années 1830, tandis que d’autres écrivains, comme Victor Hugo, ne l’emploient pas dans leurs textes. L’appartenance politique de Balzac aux groupes Ultras dans les années 1830 (notamment au travers de sa liaison avec Mme de Castries, qui a pu lui glisser la formule) contribue peut-être à la fréquence de « quand même » dans La Comédie humaine. En tous les cas, avant de se répandre dans l’espace social, la formule s’appréhende comme un trait de style, qui, selon Éric Bordas, contribue à la représentation d’une communauté politique spécifique :

C’est pourquoi le style est un élément constituant de l’autoreprésentation (représentation de soi, pour soi/pour les autres) : avec le style, on indique son appartenance sociale ainsi que son individualité, on choisit son style pour dire qui l’on est, ou, plus souvent, l’on rejoint un style collectif disponible pour acquérir l’identité qui lui est associée. (2016, §3)

9La formule joue un rôle politique de ralliement de tout un fragment de la société hostile au couronnement du roi. Quand elle se répand dans le discours littéraire, elle est marquée par un processus de stéréotypage. Dans la majorité des exemples ci-dessous, qui rapportent des paroles de personnages, le narrateur balzacien se tient à distance de l’emploi de la formule, qui devient un moyen pour certains personnages (comprenant l’allusion) de se reconnaître. Véritable parole talismanique, la phrase stéréotypée, comme l’a montré Ruth Amossy, contribue à « [d]es effets de connivence et de regroupement » (2010, p. 32).

10La locution est recatégorisée depuis la classe des conjonctions à celle des adverbes, marquant un emploi propre au XIXe siècle et très largement popularisé aux XXe et XXIe siècles. Elle devient alors véritablement une formule, en adéquation avec la définition qu’en donne Dominique Maingueneau :

[D]es énoncés brefs, ce qui explique qu’ils soient facilement mémorisés, dont le signifiant et le signifié sont pris dans une organisation prégnante (par la prosodie, des rimes internes, des métaphores, des antithèses...) Certaines de ces formules circulent dans une communauté plus ou moins restreinte (une secte, une discipline académique...) ; d’autres sont connues d’un grand nombre de locuteurs répartis dans de multiples zones de l’espace social : dans l’espace francophone par exemple. (2004, p. 2)

11Chez Balzac en particulier, le « quand même » devient la formule de l’ambiguïté et de l’ironie par excellence. Elle a tout de la « "coquetterie" désabusée avec laquelle Balzac, en des pirouettes plus ou moins élégantes, esquive ses contradictions idéologiques » (Terrasse-Riou, 2000, p. 108)5, contradictions que nous pouvons résumer dans les oppositions suivantes : modernité/tradition, ironie/sérieux, sincérité/hypocrisie, et que nous allons développer maintenant.

Emplois balzaciens de la formule : un authentique « balzacisme6 » ?

12La variété des emplois de cette formule par Balzac est remarquable. Par souci de présentation, on distinguera les emplois qui portent sur un verbe et les emplois qui portent sur un nom.

131) La locution adverbiale caractérise un verbe :

a) Le verbe « aimer » est le candidat favori, chez Balzac, au renchérissement par quand même, au point même que l’expression « aimer quand même » (voir les exemples 1, 2, 3, 6, 7, 10, 14, 15) devient un trait de style balzacien. Les tiroirs temporels du verbe sont riches (passé (1), présent (10), futur (7)), tout comme la diathèse (active (2), passive (1, 14, 15)) et le mode (infinitif (6), impératif (13), aucune occurrence de subjonctif cependant). La sémantique du verbe aimer autorise Balzac à quelques variantes avec des verbes qui partagent son sens, telles qu’ « adorer quand même » (7, 18), « protéger quand même » (20).

b) Le seul verbe d’action que Balzac emploie avec quand même est « siffler » (12), dans la bouche d’un personnage, Finot : l’emploi est très moderne et je propose de voir dans le sémantisme de la formule un sens plus fort que dans la construction « aimer quand même ». Ici, l’adverbe irrémédiablement semble pouvoir paraphraser l’expression et celle-ci traduit l’aspect dramatique et la fatalité de l’échec au théâtre de Coralie dans Illusions perdues, en dépit des tentatives de corruption dans les loges.

c) Les verbes « rester » et « protéger » (13, 20), dont le sémantisme est proche, sont également appuyés par la formule ; mais les deux emplois sont ironiques pour le narrateur qui rapporte les paroles de Camusot, préférant rester auprès de Coralie même si elle a un amant, et les paroles de d’Arthez, choisissant de défendre l’indéfendable Mme de Maufrigneuse, dont la collection d’amants est célèbre dans toute la société aristocratique.

142) La locution adverbiale caractérise un nom :

a) Le nom fait référence à une vertu : « fidélité » (9, 17, 227), « obéissance » (5), « attachement » (11), « amitié » (16), et « amour » (21) ; toutes vertus aristocratiques et politiques, qui rappellent l’origine légitimiste du mot.

b) Le nom fait référence à une personne : « amant » (4), « amis » (8), occurrences rares juxtaposant un nom à l’adverbe et n’ayant pas de réelle postérité dans l’histoire de la langue

153) La locution adverbiale caractérise un adjectif (19) : cette occurrence « [un voleur émérite] demeure fidèle quand même ! aux lois de la haute pègre », est particulièrement ambiguë, car on ne sait pas bien sur quoi porte l’emploi de quand même. La construction attributive « demeurer fidèle » est tout entière glosée par la formule, dont la place dans la syntaxe de la phrase est originale (on attendrait « demeure quand même fidèle »).

Évolution linguistique de la formule

16L’évolution de la formule vers le figement semble très lente tout au long du XIXe siècle.

17La seule occurrence dans le corpus fictionnel stendhalien se trouve dans La Chartreuse de Parme, avec une italique de mise à distance, et sous la plume du comte Mosca évoquant, dans une lettre à Gina, sa démission auprès du prince Eugène-Ranuce VI : « Si je meurs, ce sera en t’adorant quand même, ainsi que j’ai vécu8 » ; occurrence qui date donc de la fin des années 1830. La reprise de Mosca est, dans la perspective de l’affrontement romanesque entre le personnage et le prince, une forme de pastiche. Par cet effet, Stendhal compare ironiquement la désinvolture méprisante du héros de son roman envers son prince et celle des aristocrates ultras et de leur roi Louis XVIII. L’écho louis-philippard de la formule chez Mosca offre également un décalage géographique remarquable qui contribue à l’usage ironique de la formule : Mosca, ministre italien, ne devrait pas connaître, dans la diégèse, une formule parisienne et française.

18De l’autre côté du siècle, chez Proust, l’usage reste intermittent. Dans Du côté de chez Swann, c’est l’expression « être fidèle quand même », sans italique cette fois, que l’on retrouve dans la bouche de la vieille dame qui accompagne Gilberte aux Champs-Élysées en hiver : « Vous êtes comme moi, fidèle quand même à nos vieux Champs-Élysées ; nous sommes deux intrépides » ([1919] 1988, p. 391). La parole rapportée met à distance de la langue du narrateur une expression relativement stéréotypée et encore marquée politiquement du sceau du conservatisme ultra. Cependant, dans À l’ombre des jeunes filles en fleur, l’emploi se modernise, s’insère dans la parole du narrateur au discours direct, se détache de l’adjectif « fidèle » qu’il qualifiait préférentiellement, et prend un sens proche de « malgré tout », commentant l’énonciation de la phrase :

Mais comme, n’eussé-je pas raconté ce que Bergotte avait dit de moi, rien ne pouvait plus quand même effacer l’impression qu’avaient éprouvée mes parents, qu’elle fût encore un peu plus mauvaise n’avait pas grande importance. ([1919] 1988, p. 143)

19Mobile et suppressible, la locution conjonctive se rapproche définitivement de l’adverbe. Mais l’usage absolu de l’expression reste un fort marqueur idéologique, tel qu’on le retrouve dans cet emploi par Robert de Saint-Loup, à la fin des mêmes Jeunes filles :

« C’est tout de même effrayant, le monde, me dit Saint-Loup à l’oreille. Préférer Racine à Victor [Hugo], c’est quand même quelque chose d’énorme ! » Il était sincèrement attristé des paroles de son oncle, mais le plaisir de dire « quand même » et surtout « énorme » le consolait. (p. 330)

20On reconnaît ici l’intérêt extrême porté par le narrateur aux pratiques langagières des personnages. Saint-Loup, en opposition affirmée au monde de Guermantes dont il est issu, utilise le « quand même » comme marqueur d’une appartenance lexicale populaire. Le texte oppose deux formules semblables mais contrastées : le « tout de même » et le « quand même », la première étant totalement neutre du point de vue politique et idéologique, et la deuxième étant toujours, à l’époque de rédaction du roman, investie de sous-entendus peut-être moins politiques que sociaux.

21Déjà chez Balzac, l’expression vérifie les critères de la formule établis par Maingueneau. Sa capacité à être détachable (Maingueneau, 2004, p. 3) se remarque dans la manière dont la formule est déplaçable : sa nature de locution adverbiale (obtenue par recatégorisation depuis la conjonction et depuis l’adjectif) autorise en discours plusieurs structures. On peut la retrouver en détachement en début ou fin de phrase (13), ou bien rapprochée d’un syntagme nominal qu’elle qualifie, ou encore l’expression peut être postposée à un verbe (19), cette postposition présentant un effet sémiotique fort car la place de l’adverbe impliquerait d’être entre l’auxiliaire et le participe dans le cadre de verbes à temps composés. Balzac module le sens de la phrase (1) depuis le modèle « J’ai voulu savoir si j’étais quand même aimée ! » au modèle « J’ai voulu savoir si j’étais aimée quand même ! » : ce déplacement de la locution adverbiale rapproche le sens de quand même de celui de malgré tout. Un autre aspect qui indique le caractère détachable du quand même balzacien est l’usage de la ponctuation exclamative, qui est parfois une modalité de la phrase (3), parfois une modalité de mot (1, 11, 19), rapprochant ainsi la locution adverbiale de l’interjection, catégorie par nature mobile et suppressible. Parfois, la modalité exclamative porte de manière ambiguë, indifférenciée, sur la phrase ou le mot (voir 3), ce qui oblige l’auteur ou l’éditeur à dédoubler la ponctuation en exclamation et suspension (voir 10).

22La capacité de la formule à être surassertée (Maingueneau, 2004, p. 9) est aussi lisible dans les usages balzaciens de la locution : la formule est très brève, elle est mise en relief par l’usage (intermittent néanmoins, et conjectural au regard de l’édition Furne de La Comédie humaine) de l’italique, elle marque originellement une prise de position idéologique, enfin elle souligne dans l’énonciation un moment d’emphase, liée à son fonctionnement tour à tour à la suite d’un nom ou d’un verbe. On remarquera la progressive prépondérance de la formule à la suite du verbe, sur le modèle de 10, « Je vous aime quand même », dont la postérité est évidente, alors que la formule à la suite du nom (modèle de 16 : « ces amitiés quand même »), qui propose un fonctionnement de la locution adverbiale plus subduit encore car il se rapproche de celui de l’adjectif, a disparu dans le discours contemporain. Il s’agit, pour reprendre les termes de D. Maingueneau, d’une « surassertion forte » (p.16), car l’usage originel de la locution adverbiale, dans un emploi pour ainsi dire absolu, politiquement orienté et socialement marqué, n'existe plus dans l’usage contemporain de la formule.

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23On remarquera, à ce sujet, que l’usage de la locution conjonctive parallèle — comme dans cette citation de Gobseck : « – Monsieur, me répondit-il, il n’entre pas dans ma pensée de vous forcer à me rendre un service, quand même vous me l’auriez promis. » (Balzac, CH, t. II, 1976, p. 985) — tend à se raréfier dans le discours contemporain, remplacée progressivement par la locution adverbiale balzacienne. Cette structure historiquement première est construite sur le modèle d’une proposition subordonnée concessive introduite par une conjonction de subordination paraphrasable par même si (les deux conjonctions sont construites par l’ajout à une conjonction pure, dite « conjonction circonstancielle9 » (quand et si), de l’adjectif même) et présente presque systématiquement un verbe au conditionnel. Elle semble disparaître en français moderne, à moins d’être renforcée par l’adverbe « bien », offrant la locution surcomposée quand bien même...

24La variété des emplois et la fréquence de la locution dans le discours contemporain masquent donc bien l’évolution complexe de ce qui, avant d’être un adverbe exprimant la concession, voire un simple constat (parfois paraphrasable par en réalité), constituait une véritable formule politique énoncée par un groupe social singulier, utilisant ce fait de langue comme outil de ralliement politique et d’exclusion de ceux qui ne comprennent pas l’allusion. La langue de Balzac et l’usage qu’il fait des parlures et des argots de certaines classes, n’ont donc pas uniquement une fonction testimoniale, celle d’un enregistrement de l’état de la langue (Bordas, 2003) : ils préfigurent la fortune de certaines formules, tellement utilisées à l’époque moderne qu’on en a oublié la paternité. Ironie de l’histoire de la langue, ce qui était au départ un mot de l’entre-soi réactionnaire et aristocratique, sorte de barrière de langage, est devenu l’une des formules les plus populaires et les plus démocratiques du français moderne.

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Liste des occurrences

251. « J’ai voulu savoir si j’étais aimée quand même ! le grand et sublime mot des royalistes, et pourquoi pas des catholiques ? » (Mémoires de deux jeunes mariées, 1976-1981, t. I, p. 292)

2. « – Tu ne supposes aucun événement, aucune trahison, reprit le vieux soldat, tu l’aimes quand même, à cause de son charme personnel, et ce serait un d’Estourny, tu l’aimerais encore ? … » (Modeste Mignon, 1976-1981, t. I, p. 605)

3. « La question de fortune a toute l’importance de mon avenir, aujourd’hui en question. Toutes les jeunes filles à marier doivent être aimées quand même ! » (Modeste Mignon, 1976-1981, t. I, p. 675)

4. « Après trois mois de désespérance plutôt que de désespoir, la pensée de me consacrer au bonheur d’Honorine, en prenant Dieu pour confident de mon rôle, fut un de ces poèmes qui ne tombent qu’au cœur d’un amant quand même ! » (Honorine, 1976-1981, t. I, p. 555)

5. « Je sais que si je ne me réconcilie pas avec Octave je serai damnée : tel est l’arrêt de la loi religieuse. La loi civile m’ordonne l’obéissance quand même. » (Honorine, 1976-1981, t. II, p. 580)

6. « La chère Béatrix est attachée à Conti par la fierté, elle est condamnée à l’aimer quand même. » (Béatrix, 1976-1981, t. II, p. 732)

7. « Elle adorera son mari quand même » (Le Contrat de mariage, 1976-1981, t. III, p. 648)

8. « Si donc le commandant Potel et le capitaine Renard, deux officiers du faubourg de Rome, dont les opinions sur les péquins ne varièrent pas, furent les amis quand même de Maxence Gilet, le commandant Mignonnet et le capitaine Carpentier se rangèrent du côté de la bourgeoisie, en trouvant la conduite de Max indigne d’un homme d’honneur. » (La Rabouilleuse, 1976-1981, t. IV, p. 371)

9. « La fidélité quand même est une des qualités de la femme libre. » (L’Illustre Gaudissart, 1976-1981, t. IV, p. 575)

10. « Des trois amants de Dinah, monsieur de Clagny, seul, lui dit : – je vous aime quand même ! … aussi Dinah le prit-elle pour confident et lui prodigua-t-elle toutes les douceurs d’amitié que les femmes confisent pour les Gurth qui portent ainsi le collier d’un esclavage adoré. » (La Muse du département, 1976-1981, t. IV, p. 733)

11. « La noblesse des sentiments y était beaucoup plus réelle que dans la sphère des grandeurs parisiennes ; il y éclatait un respectable attachement quand même aux Bourbons. » (Illusions perdues, 1976-1981, t. V, p. 163)

12. « – Allons, je le vois, ce ne sera qu’un succès d’estime, dit Finot. – Il y a une cabale montée par les trois théâtres voisins, on va siffler quand même ; mais je me suis mis en mesure de déjouer ces mauvaises intentions. » (Illusions perdues, 1976-1981, t. V, p. 378)

13. « – Allons, se dit-il [Camusot], restons avec elle, quand même ! » (Illusions perdues, 1976-1981, t. V, p. 439)

14. « Comment pouviez-vous vous défier d’une femme qui vous faisait de tels sacrifices ! Et d’ailleurs belle et spirituelle comme elle l’est, elle devait être aimée quand même. » (Illusions perdues, 1976-1981, t. V, p. 484)

15. « David était profondément honoré, tandis que Lucien était aimé quand même, et comme on aime une maîtresse malgré les désastres qu’elle cause. » (Illusions perdues, 1976-1981, t. V, p. 646)

16. « Lucien sentait l’effusion d’une de ces amitiés quand même, avec lesquelles on ne compte jamais et qu’on se reproche d’avoir trompées. » (Illusions perdues, 1976-1981, t. V, p. 671)

17. « D’abord, la guerre déclarée entre la France et l’Angleterre avait séparé les deux amants, et la fidélité quand même n’était pas et ne sera guère de mode à Paris. » (La Fille aux yeux d’or, 1976-1981, t. V, p. 1055)

18. « Monsieur de Sérizy avait le malheur d’adorer sa femme quand même, il la couvrait toujours de sa protection. » (Splendeurs et misères des courtisanes, 1976-1981, t. VI, p. 779)

19. « Le mot ami signifie, en argot, un voleur émérite, un voleur consommé, qui, depuis longtemps, a rompu avec la société, qui veut rester voleur toute sa vie, et qui demeure fidèle quand même ! aux lois de la haute pègre. » (Splendeurs et misères des courtisanes, 1976-1981, t. VI, p. 825)

20. « – La princesse est une des héroïnes du parti légitimiste, n’est-ce pas un devoir pour tout homme de cœur de la protéger quand même ? répondit froidement d’Arthez. » (Les Secrets de la princesse de Cadignan, 1976-1981, t. VI, p. 1003)

21. « – Hulot est le premier exemple de l’amour quand même, voilà le second, dit-elle ; mais il [Montès] ne devrait pas compter, car il vient des Tropiques ! » (La Cousine Bette, 1976-1981, t. VII, p. 441)

22. « En conservant dans quelques détails de sa mise une fidélité quand même aux modes de l’an 1806, ce passant rappelait l’Empire sans être par trop caricature. » (Le Cousin Pons, 1976-1981, t. VII, p. 478)