Atelier

Bernard Gendrel, Patrick Moran


Un humour ou des humours?


Notre travail jusqu'à maintenant a été un travail de délimitation (entre tous les sens du mot «humour» et entre les notions d'«humour», de «comique» et d'«ironie»). Après avoir centré notre objet d'étude sur le «jeu de langage» humoristique, qui nous semble, pour l'instant, à la croisée d'un axe rhétorique (procédés, mécanismes…) et d'un axe énonciatif (position du locuteur par rapport à son énoncé), il convient de se poser la question de l'unicité ou de la multiplicité de cet humour.

Les expressions «humour anglais», «humour juif», «humour noir», «nonsense»… laissent à penser en effet à une profusion des formes d'humour. La question est de savoir, d'une part, si ces distinctions sont pertinentes, d'autre part, si elles sont autonomes ou si elles se rapportent à une forme générale de l'humour. Le problème est à peu près similaire à celui posé par Wittgenstein à propos du terme «jeu». Y a-t-il une définition unique possible de ce mot, se demande-t-il aux paragraphes 66 et 67 des Recherches philosophiques? Autrement dit, peut-on trouver un trait commun à tous les jeux? Wittgenstein explique que le rapprochement entre les jeux participe plus d'un réseau de similarités d'un jeu à l'autre que d'une similarité globale. Les différents jeux n'ont, dit-il, entre eux qu'un «air de famille». De la même manière nous pouvons nous demander si les humours ont seulement un «air de famille» ou s'il est possible de trouver un dénominateur commun qui explique le phénomène.

1. Diverses classifications

a. L'humour anglais et l'humour juif

Il ne s'agit plus ici comme dans notre «Panorama de la notion» d'envisager l'expression «humour anglais» dans une perspective diachronique mais de voir plutôt le sens qu'elle peut avoir aujourd'hui et d'étudier la réalité à laquelle elle se réfère. L'humour anglais se définit avant tout par le tempérament que l'on prête au peuple anglais et que l'on a l'habitude d'appeler «flegmatique». On voit que l'on est encore proche de la caractérisation humorale des origines, mais ce flegme n'a d'intérêt que parce qu'il entre en confrontation avec un énoncé qui justement ne devrait pas susciter ce calme – apparent – du locuteur. Ainsi l'humour anglais est souvent rattaché, au delà du flegme, au macabre (humour noir) et à l'absurde (nonsense): «You can't stick lighted matches between the toes of an English butler. He would raise his eyebrows and freeze you with a glance. You'd feel as if he had caught you using the wrong fork.» (P.G. Wodehouse)

Au côté de l'humour anglais, on entend souvent parler de l'«humour juif». Genette le décrit, dans Figures V, comme consistant «à se faire, non pas plus bête, mais par exemple plus cupide, ou plus sale, ou plus roublard, ou plus pleutre, ou plus cynique, ou plus possessif (la «mère juive»), etc.», jouant «constamment de cette ambiguïté dans le registre d'une auto-dépréciation semi-feinte.»[i] Joseph Klatzmann dans son ouvrage L'humour juif[ii], reprend cette caractéristique, en soulignant le risque d'une utilisation antisémite par les non-juifs. L'humour juif est fait par un juif à partir d'éléments de la culture juive. La caractéristique de cet humour est donc à deux niveaux, d'une part la forme employée, l'auto-dénigrement, d'autre part la thématique employée (Klatzmann distingue à cet égard les «thèmes de toujours» – mère juive, religion, argent – des thèmes propres au contexte historico-social des pays d'adoption): «Une femme promène ses très jeunes enfants dans un landau et les présente à une amie rencontrée dans la rue: ″L'avocat a un an et le médecin deux ans.″»

b. L'humour et les minorités

L'humour anglais et l'humour juif sont un peu à part, car ils sont des formes analysées et reconnues de l'humour. On rencontre parfois d'autres qualificatifs culturels qui n'ont pas le même caractère établi. Des articles font notamment référence aux humours québécois, maghrébin, irlandais, cajun[iii]… qui se définiraient avant tout par le contexte social qui les entoure. L'humour juif déjà se faisait l'écho d'une situation bien précise. Ainsi de l'histoire bien connue du juif qui, dans les années 30, en Allemagne lit un journal nazi et explique à un compagnon: «Quand je lis un journal juif, je ne trouve que des nouvelles tristes et des catastrophes. Partout de l'antisémitisme, des persécutions; des portes qui se ferment aux Juifs qui veulent quitter leur pays. Dans ce journal, au contraire, j'apprends que nous dominons le monde, que nous tenons entre nos mains la banque, la finance, la presse. C'est autrement réconfortant!». L'humour juif dans ce cas particulier a quelque chose à voir avec «l'humour mineur» – comme Deleuze parle de «littérature mineure». Il s'agit d'un humour qui se développe au sein d'une petite communauté, face à une majorité plus ou moins hostile[iv]. De même, dans un contexte moins tragique, lorsque Peggy Castex parle de l'humour cajun[v], elle parle avant tout d'un comique dirigé contre le monde anglo-saxon environnant.

Le point positif est que ces appellations mettent en évidence l'importance du monde dans lequel naît l'humour. Les thématiques utilisées peuvent en effet s'ancrer dans la réalité des peuples et il est important de s'en souvenir pour ne pas se laisser enfermer dans l'abstraction théorique. Autre élément important, l'utilisation de l'humour par des groupes minoritaires. Gilles Deleuze dans son Kafka, appelait à l'émergence d'une littérature qui se fasse «mineure» à l'intérieur de sa propre langue: «[…] ce qui est intéressant encore, c'est la possibilité de faire de sa propre langue, à supposer qu'elle soit unique, qu'elle soit une langue majeure ou l'ait été, un usage mineur. Être dans sa propre langue comme un étranger.»[vi] Peut-être l'humour vrai se fait-il aussi toujours «mineur» au sein du monde qui l'entoure, comme en retrait, par rapport à l'ironie surplombante (cela rejoindrait la tendance à l'atténuation analysée par Noguez[vii])

Le point négatif des ces appellations est que trop souvent le terme d'humour est employé à la place de comique ou d'ironie, pour désigner le fonds d'histoires populaires d'un peuple ou d'un groupe humain. Dans le cas de l'humour juif le caractère auto-dénigrant empêche la taxation d'ironie. Dans les cas des humours minoritaires la frontière est parfois plus mince et le terme d'humour perd souvent sa pertinence.

c. Classifications par sexes, par classes, par idéologies?

Il est toujours possible, à partir de là, de trouver d'autres classifications. Le développement des gender studies conduira certainement à une bi-partition humour masculin – humour féminin. Des études médicales viennent déjà de révéler qu'homme et femme ne réagissent pas de la même manière face à l'humour, la femme analysant plus l'histoire qu'on lui raconte et ne s'attendant pas obligatoirement à en rire[viii]. De là à conclure qu'homme et femme ne produisent pas la même sorte d'humour il n'y a qu'un pas. Et on reconnaîtra sans peine qu'une femme ne traitera pas obligatoirement des mêmes sujets qu'un homme.

Une conclusion similaire peut être donnée à propos de l'humour prolétarien, «classe moyenne» ou aristocratique, de l'humour de gauche ou de droite. Difficile de dire qu'un camp politique ou qu'un groupe social n'a pas d'humour, et l'humour étant une valeur très positive dans notre monde, chacun revendiquera son humour et au besoin niera celui du voisin. Là encore, nous semble-t-il, les différences se feront jour plus au niveau des thématiques que du fonctionnement même de l'humour.

d. Les couleurs de l'humour

Une autre classification, plus littéraire, part de l'expression de Huysmans «humour noir» pour établir un «arc-en-ciel des humours». Cette idée des couleurs de l'humour est déjà présente dans un ouvrage d'Alexandre Mavrocordato, L'humour en Angleterre[ix], pour désigner le rapport plus au moins grand à la réalité: tout au bout de la chaîne, poussant le réalisme jusqu'au bout il y a «l'humour noir», à un niveau moindre, «l'humour gris» et lorsque l'affectif l'emporte sur le réalisme «l'humour rose». C'est néanmoins Dominique Noguez qui dans L'arc-en-ciel de l'humour va proposer une classification rigoureuse des différents types d'humour selon leur couleur. Il distingue

- un humour jaune, qui serait du côté de l'auto-dénigrement «dépathétisant» (à la limite donc de la mélancolie): «Suis chauve de naissance par pure bienséance.» (Erik Satie)

- un humour noir qui serait du côté du macabre, du scandale et de la mort: «L'amputation de la jambe est un grand pas vers la sédentarité.»

- un humour violet, qui a rapport à la religion: «Adam et Eve sont nés à Quimper.» (Max Jacob)

- un humour gris, qui serait du côté de la grisaille quotidienne («façon enjouée qu'on peut avoir d'être déprimé»): «Bien que vivant seul, il s'était fait faire un rond de serviette à son nom.» (Dominique Noguez)

- un humour rouge, «couleur que prend le noir quand le malheur dont il ricane ne vient pas de Dieu (ou de la Nature) mais des hommes. Par là relatif, évitable»: «La très belle phrase ″Prolétaires de tous les pays, unissez-vous″ ne résiste plus à une cuisine en formica.» (Raymond Borde)

- un humour rose, qui serait du côté de l'atténuation sentimentale: «Quand les fausses notes étaient trop fausses, elle disait alors d'une voix plaintive, abstraitement, comme un ordre discret qu'elle eût donné à un esprit: ″Il faudra faire venir l'accordeur.″ Mais l'esprit ne faisait pas la commission.» (Gide)

- un humour vert, qui serait du côté de la fausse naïveté (le «vert paradis des amours enfantines»): [Madame Rosa] n'avait pas de taille et les fesses chez elle allaient directement aux épaules, sans s'arrêter. Quand elle marchait, c'était un déménagement.» (Romain Gary)

- un humour bleu, qui serait du côté de la fantaisie et du rêve, voire de l'absurde (référence aux «contes bleus»): «Dans un récipient contenant de l'air sous une pression de trois atmosphères et soumis à une très basse température, la terre fournit l'aiguille à tricoter. En augmentant la pression et en diminuant la température, on a le merle, le berceau, le petit pois et l'horrible motocyclette.» (Benjamin Péret)

- un humour caméléon, qui serait du côté de la parodie: «Il était une fois un roi, une reine, un huissier et un serpent à sonnettes. Comme la reine avait des dettes, l'huissier vint le trente et un octobre pour la saisir. Mais le serpent à sonnettes avala complètement l'huissier et ils eurent beaucoup d'enfants.» (Henry Somm)

- un humour blanc, qui serait la tendance à l'atténuation commune à tout humour: «je ne plie le genou devant rien ni personne: j'ai de l'arthrose.» (Scutenaire)

Ces classifications, que l'on soit d'accord ou non avec certaines d'entre elles, montrent que l'humour peut revêtir plusieurs formes. Cela veut-il dire qu'on ne peut définir l'humour et qu'il faut, comme pour le «jeu» chez Wittgenstein, s'en remettre à l'étude de réseaux de similarité?

2. Forme et matière

Toutes ces considérations pourraient nous amener à la position prise par Benedetto Croce en 1903 dans son article «L'umorismo»: l'humour ne serait qu'un nom donné à un groupe de représentations bien particulières. Et l'on pourrait au delà même des classifications culturelles ou colorées, s'intéresser à des humours encore plus singuliers, ceux des auteurs: «Il critico letterario deve andare oltre queste osservazioni generiche: deve individualizzare. Per lui, non c'è l'umorismo, ma c'è Sterne, Richter, Heine.»[x]

Pourtant, lorsque Dominique Noguez établit sa classification des humours, il ne pense pas à l'absence de traits communs. Il renvoie d'ailleurs à un article fondateur de Louis Cazamian, «Pourquoi nous ne pouvons définir l'humour» (Revue Germanique, novembre 1906). Malgré un titre provocateur, Cazamian tente de définir l'humour mais explique qu'il faut distinguer la forme de l'humour et sa matière: «Pour nous, l'humour échappe à la science parce que ses éléments caractéristiques et constants sont en petit nombre et surtout négatifs, alors que ses éléments variables sont en nombre indéterminé; parce que sa matière, avons-nous dit, dépasse infiniment sa forme.» Cazamian cherche à sauver les auteurs de la menace théorique que ferait peser sur eux la possibilité d'une définition de l'humour: pour lui, l'originalité de tel ou tel humoriste est plus importante que le mécanisme commun à tous les humours. Il n'en reste pas moins qu'il y a bien une forme fixe d'un côté et une matière livrée à la – plus ou moins libre – invention des auteurs de l'autre.

La «forme» dont parle Cazamian nous paraît plus complexe et plus intéressante que ce qu'il laisse entendre. Si nous suivons notre hypothèse d'un humour à la croisée d'un axe rhétorique et d'un axe énonciatif, nous pouvons dire que l'axe énonciatif n'est pas concerné par la variété des humours. L'idée selon laquelle le locuteur prendrait en charge l'énoncé (contrairement à l'ironie) mais que l'énoncé serait tellement gros que l'allocutaire verrait une distance entre le locuteur et le sujet parlant, n'est remis en cause par aucune des classifications ci-dessus. Bien plus, elle sert dans deux cas à distinguer l'humour de l'ironie. En effet, à propos de l'«humour rouge», Dominique Noguez explique que la frontière avec l'ironie est assez faible: «Convenons que l'humour rouge ressemble parfois beaucoup à l'ironie, qu'il n'en est séparé que par une mince feuille de papier, mais que cette feuille est en papier bible: c'est cette irréductible nuance d'humanité et de compassion qui est le critère sine qua non de tout humour.» L'humanité, la compassion, la sympathie, qu'est-ce d'autre que cette implication du locuteur dans l'énoncé (à l'opposé de la distance du locuteur au fondement de l'ironie)? De même à propos de l'humour caméléon, qui oscille entre agressivité et complicité: «[L'humour] sera d'autant plus pur qu'il s'éloignera plus […] de la raillerie grossière et des travestissements appuyés.» Pour la parodie c'est encore la situation énonciative qui permet de faire la part des choses.

Pour que l'allocutaire comprenne qu'il y a néanmoins une distance entre le locuteur et le sujet parlant, il faut que l'énoncé paraisse incongru. C'est là qu'intervient l'axe rhétorique, indispensable. Pour faire naître l'incongruité, il est besoin de procédés particuliers, de mécanismes. Plusieurs figures peuvent être utilisées (hyperbole, litote, astéisme, épitrope…). Mais elles obéissent toutes à un principe général: il faut que le thème (ce dont on parle) soit en décalage avec le propos (ce qu'on dit du thème). Prise en charge de l'énoncé par le locuteur et décalage thème/propos seraient ainsi la forme fixe de l'humour, thème et propos devant s'entendre ici au sens large, et pouvant s'appliquer aussi au langage pictural (voire même au langage musical).

La matière mouvante dont parlent Noguez et Cazamian consisterait alors dans tous ces visages que peuvent prendre le thème d'un côté et le propos de l'autre, l'important étant que le décalage subsiste. Si nous reprenons les grandes catégories étudiées plus haut, nous nous apercevons qu'elles précisent soit le thème utilisé, soit le propos, soit les deux:

- l'humour anglais a un thème macabre/absurde et un propos flegmatique.

- l'humour juif a des thèmes fortement ancrés dans le monde juif (familier) et un propos dépréciatif.

- l'humour jaune a un thème personnel ou familier et un propos dénigrant et dépathétisant.

- l'humour noir a un thème macabre.

- l'humour violet un thème religieux.

- l'humour gris un thème quotidien.

- l'humour rouge un thème traitant des malheurs d'origine humaine.

- l'humour rose un propos sentimental.

- l'humour vert un propos naïf

- l'humour bleu un thème fantaisiste, onirique ou absurde.

- l'humour caméléon un propos parodique.

- l'humour blanc un propos euphémistique[xi].

On voit par là les relations qu'entretiennent humour anglais et humour noir, humour anglais et humour bleu, humour juif et humour jaune, humour juif et humour violet[xii].

3. En guise de conclusion

Nous avions pris au début de ce parcours l'exemple du «jeu» chez Wittgenstein comme garde-fou, pour nous rappeler de ne pas nous laisser abuser par une vision unilatérale du langage qui nous ferait croire qu'une seule réalité se cache derrière le mot«humour». Cette traversée des différents humours a été profitable à plusieurs plans. D'une part elle a rappelé l'importance du contexte dans lequel naît l'humour, d'autre part elle a montré que l'humour peut prendre divers visages, que sa matière est variée, multiple, inventive. Mais cette traversée a permis aussi d'asseoir l'idée de traits communs à tous les humours, l'humour se différenciant en cela du «jeu» wittgensteinien. C'est cette forme fixe que nous essayons, d'une séance à l'autre, de définir avec le plus de précision possible.



[i] Genette, Figures V, Paris, Seuil, «collection Poétique», 2001, p. 212.

[ii] Joseph Klatzmann, L'humour juif, Paris, P.U.F., «Que sais-je?», 1998. Signalons aussi L'Humour juif dans la littérature de Job à Woody Allen de Judith Stora-Sandor, Paris, P.U.F., 1984.

[iii] v. la revue Humoresques et notamment les deux volumes L'humour d'expression française, Nice, Z'éditions, 1990.

[iv] Pour Deleuze et Guattari«les trois caractères de la littérature mineure sont la déterritorialisation de la langue, le branchement de l'individuel sur l'immédiat-politique, l'agencement collectif d'énonciation», Kafka. Pour une littérature mineure, Paris, Les Éditions de Minuit, collection«Critique», p. 33.

[v] «Humour chez les Cajuns de la Louisiane», in Humoresques. L'humour d'expression française, op. cit..

[vi] Deleuze et Guattari, op. cit., p. 48.

[vii] v. infra.

[viii] Source: Dr Guy Benzadon, «L'humour passé au crible du cerveau féminin», Le Quotidien du médecin, 8 novembre 2005.

[ix] Paris, Aubier, 1967.

[x] Benedetto Croce, «L'umorismo», in Problemi di Estetica e contributi alla storia dell'Estetica italiana, Paris, Bibliopolis, 2003, pp. 276-277.

[xi] Notons que Noguez place aussi dans cette catégorie le nonsense grammatical: «Fin 1984, on évaluait à un, environ, le nombre des alunissages» (Pierre Desproges). L'absurde se trouve donc à la fois du côté du thème dans l'humour bleu et du côté du propos dans l'humour blanc.

[xii] Les humours qui se définissent par leur thème peuvent se combiner également avec les humours qui se définissent par leur propos: ainsi de l'humour caméléon et de l'humour bleu dans la citation d'Henry Somm.



Bernard Gendrel, Patrick Moran

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Dernière mise à jour de cette page le 22 Novembre 2005 à 19h22.