Colloque 99, Frontières de la fiction : commentaire
Le message suivant a été posté par le visiteur René Audet le 21 Fevrier 2000 à 14:52:48: en réponse à La fiction bien commode posté par Isabelle Lachance le 19 Decembre 1999 à 22:18:11: |
Communication très intéressante par les nuances qu'elle apporte à des textes non pris isolément, mais s'inscrivant dans des discours plus larges, dans des modes de structuration cognitive qui de toute évidence diffèrent selon les époques (ce que les chercheurs en littérature contemporaine, à commencer par moi, tendent à oublier). N'étant pas spécialiste de la Renaissance, je ramène la discussion à des considérations plus larges, celles qui sont l'objet général du colloque.
"ma réflexion s'oriente de plus en plus vers une hypothèse anti-fictionnelle en ce qui a trait à la littérature géographique de la Renaissance et [...] je tends à m'expliquer les fantaisies et les " mensonges " qu'ils contiennent selon une perspective plus rhétorique et sociocritique"
Il me semble que réside là, dès l'abord de la communication, un des éléments les plus productifs quant à la réflexion sur la notion de fiction: en quoi la perspective rhétorique et sociocritique tend à exclure la fiction de ses questionnements? En quoi même est-elle incompatible avec la rhétorique et la sociocritique? parce que la fiction est spécifique à certaines approches?
Pierre d'assise de la narrativité mais trop souvent prise pour acquis, la fiction apparaît comme une modalité du langage unanimement admise tant qu'on ne tente pas de définir ce qui n'est pas fiction... Interrogée d'un point de vue logique par les diverses théories anglo-saxonnes, elle semble s'exclure des propos tentant de saisir de façon analytique ou discursive (participation aux discours sociaux) la construction du langage. Pourtant, elle repose de toute évidence sur des facteurs langagiers et surtout pragmatiques (contextuels). Pourquoi la fiction est-elle exclue? Simplement parce que toutes ses tentatives de définition de cette notion confirment son caractère insaisissable malgré son omniprésence dans toute production langagière? Comment serait-il possible de considérer la dimension fictionnelle dans des approches sociocritiques ou rhétoriques?
RA