Colloque 99, Frontières de la fiction : commentaire
Le message suivant a été posté par le visiteur Domnique Rabaté le 14 Janvier 2000 à 11:42:29: en réponse à Le trompe-l'oeil image usée d'un usage perecquien de la fiction posté par Cécile De Bary le 19 Decembre 1999 à 22:21:27: |
Merci à Cécile de Bary de ses remarques qui complètent ce que j'avais essayé de dire, et son article sur le trompe-l'oeil chez Perec (notion en effet capitale pour l'économie des récits). Je réponds à votre commentaire: tout d'abord par un "oui": vous pouvez diffuser ce texte auprès des perequiens, avec plaisir. Je me permets de vous informer que j'ai aussi parlé de Perec dans toute la dernière partie de mon Que Sais-je ? (Le roman français depuis 1900, 1998), intitulée en hommage à Perec "Le récit, mode d'emploi". Je serai très intéressé de connaître votre travail sur les dessins de Perec que vous avez pu voir. Merci de me l'envoyer si vous pouvez. Votre article dans ce colloque propose l'idée très stimulante de l'usure, de l'érosion de la fiction. Cela irait dans le sens que j'ai essayé de souligner, d'une insuffisance à faire apparaître, mais d'une insuffisance qui nécessite aussi le détour par la fiction. La citation que vous donnez de Perec sur le réel irait dans ce sens. Le réel ne s'authentifie plus (rencontre du Perec sociologue pour dire vite des Choses et du Perec en faussaire). Le faux est un motif essentiel, entre ludique et angoisse- car le réel est le lieu du manque. Je crois que l'analyse menée par Perec est, en ce sens, déterminante. Elle lève une inhibition mais ne fait pas retrouver un caractère plein au réel. Les jeux de l'écriture, du signifiant doivent se déployer dans cette brèche (le trou du bretzel), le suturer en un certain sens mais sans jamais pouvoir (ou vouloir) le combler.La fiction doit dès lors s'avouer pour telle: jouer au maximum et dans la conscience maintenue (et vertigineuse, délicieusement vertigineuse) du simulacre. On peut dire que, comme chez Boltanski, la fiction est un dispositif de mémoire lacunaire, fétichiste mais sans prétendre à la totalité qui doit toujours être réouverte. C'est la leçon de La Vie mode d'emploi; je suis tout à fait d'accord avec votre conclusion.