Colloque 99, Frontières de la fiction : commentaire
Le message suivant a été posté par le visiteur Cécile De Bary le 12 Janvier 2000 à 10:27:49: en réponse à Frontière de la fiction : digitale ou analogique ? posté par Marie-Laure Ryan le 19 Decembre 1999 à 22:10:33: |
Je vous remercie d'abord de cette synthèse si efficace. La lecture de votre article a été pour moi très éclairante. Ensuite, je voudrais réagir sur un détail de votre communication : l'emploi que vous faites du verbe "croire". Vous écrivez : "Le lecteur fait une évaluation globale de la vérité du texte, et selon cette évaluation, décide de croire le texte littéralement, de le croire plus ou moins, ou de ne pas le croire du tout." "Walton conçoit la différence entre la fiction et le discours référentiel comme une différence d'attitude cognitive : l'un nous invite à imaginer, l'autre nous invite à croire." Et enfin : "Je regarde les textes du pôle fictionnel comme pure invention, mais je présume que les textes référentiels sont "à croire", même s'ils ne me convainquent pas toujours de leur véracité. Entre les deux pôles, il y a toute la zone grise des textes que je crois partiellement, non pas parce que je n'ai pas confiance en l'auteur, mais parce que ces textes me sont offerts comme un mélange de vérité et d'invention." Pour vous, "croire", c'est donc "croire quelqu'un", c'est-à-dire "avoir confiance dans la réalité de son discours". Or, dans mon propre article, j'ai employé ce même verbe, plutôt dans la construction intransitive "croire à". J'ai opposé par exemple "croire au Père Noël" et "faire confiance aux adultes". J'ai surtout insisté sur l'opposition (ambivalente) entre "croire" et "savoir" : c'est parce qu'on "sait bien" que quelque chose n'est pas vrai, que "quand même" on est tenté de le croire. De ce point de vue, des indices plus ou moins clairs, variés (paratextuels, textuels, distance du référent construit par le texte par rapport au monde extra-textuel...) signalent que le texte de fiction n'est pas vrai en tout ou partie , ce qui autorise une "crédulité consciemment cultivée".
Une question de détail : d'où tenez-vous que les écrits de Freud soient aujourd'hui considérés "comme mythe[s] ou comme roman[s]" ? Les deux lectures sont d'abord différentes : dire que Freud a produit un certain nombre de mythes ne signifie pas que ses écrits se lisent comme autant de romans. Quels écrits sont lus comme des romans, par qui ? Tous les écrits de Freud doivent-ils être considérés comme des mythes ? Pourquoi ?