Pitié et affect : « le retour du signifiant »
Les "trois contes" qui ont consacré en Barthes l'écrivain peuvent apparaître comme une acceptation de la voix du pathos. Le retour du thème amoureux, la tentation du roman, l'accentuation du modèle proustien, le souci éthique, tout cela a culminé dans la forme du récit pathétique de La Chambre claire. Ce discours de l'affect, cette voix "un peu bête" des sentiments s'ordonne, dans les tout derniers textes, autour du thème de la Pitié : "ce sentiment qui doit animer l'oeuvre est du côté de l'amour".
Que faire de cette transformation pathétique ? Y doit-on voir une modulation générique de l'essai, ou le passage à tout autre chose ? Est-ce l'incarnation réussie de ce refus de l'arrogance des "discours triomphants" ?
Est-ce à mettre en rapport avec les tentatives de description de l'ineffable, le grain de la voix rejoignant le point de l'image ? On pourrait voir dans le retour à l'attention aux lieux communs, à une phénoménologie de la présence, dans la tentation du minimal d'un pan de la littérature contemporaine un héritage barthésien.
L'héritage littéraire de Barthes, ou la conversion de ses tentatives - fragmentaires, prudentes en termes d'écriture - en véritables options stylistiques, prennent-ils alors le pas sur son héritage critique ?