Il/je (les « biographèmes » )
« Si j'étais écrivain et mort, comme j'aimerais que ma vie se réduisît, par les soins d'un biographe amical et désinvolte, à quelques détails, à quelques goûts, à quelques inflexions, disons des « biographèmes ». Transfert du corps éclaté en vie imaginaire, dispersions de l'événementiel dans la mémoire, voilà la formule proposée par Barthes : l'invention de l'auteur passe par la mort, c'est-à-dire la dilapidation, la déflation, de l'auteur en lecteur, tandis que l'invention du lecteur passe par sa reconstruction, comme par une mystérieuse métempsychose, en auteur.
Mais si ces « biographèmes » constituent d'évidence une veine productive dans la fiction littéraire contemporaine, sont-elles pour autant un modèle critique encore opérant, une solution psychologique (s'absoudre de la mauvaise conscience) et méthodologique (neutraliser le je) dont nous pourrions nous emparer?