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Tropics n° 10 :

Tropics n° 10 : "Ancien Régime : Esthétique et Réception" (dir. A. Armand)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Guilhem Armand)

Esthétique et réception : le titre de ce numéro peut interroger. La discipline esthétique telle qu’elle s’élabore au XVIIIe siècle est la science du sensible, la critique du goût ; elle correspond bien à un défi des Lumières qui consiste à faire du sensible, du subjectif, de l’émotion, une science, c’est-à-dire un savoir positif. La réception est, quant à elle, un concept plus large qui porte sur l’accueil du public. La première peut donc être conçue comme une théorisation de la seconde. Une réception peut être bonne ou mauvaise et, même si elle fait l’objet d’une justification, celle-ci peut ne pas être – et n’est d’ailleurs le plus souvent pas – théorique. Bien sûr, on peut toujours trouver un soubassement théorique à un accueil dont la raison se trouve explicitée. Et dans le cadre de la littérature d’Ancien Régime, implicitement ou explicitement, l’explication repose régulièrement sur des théories, celles d’Aristote en particulier – même sur le mode de la refutatio, ou de l’apparente indifférence. 
Mais les règles de La Poétique ne sont pas, par définition, une esthétique. Là est toute la différence entre les deux domaines, et le cœur d’une querelle qui ne cessera pas avec la fin de l’Ancien Régime. L’esthétique définit le beau à partir d’un résultat, d’une réception ; la poétique établit les règles censées produire ce beau (et partant l’effet esthétique souhaité). Mais la frontière heuristique est vite brouillée et engendre nombre de querelles et de débats. Les contributions de ce dossier témoignent d’abord de l’importance de ces questionnements à l’âge classique, elles soulignent ensuite les hésitations, la recherche d’une façon de rendre compte d’une réception qui n’est peut-être pas encore une esthétique, elles analysent enfin ces discours affrontés à une nouveauté littéraire ou artistique.

Sommaire du dossier

Introduction 

Annette Deschamps,
« La belle clarté de la « science du cœur » : géométrie du roman moderne dans La Lettre sur laPrincesse de Clèves et la Lettre sur Eléonore d’Yvrée de Fontenelle »

Dimitri Garncarzyk
« Charles Batteux, « Lettre à mes neveux » (†1788) : édition et présentation »

Juan Manuel Ibeas-Altamira et Lydia Vázquez
« Du chichisbeo au cortejo dans l’Espagne du XVIIIe siècle »

Guilhem Armand
« La réception de L’Accordée de village de Jean-Baptiste Greuze : admiration unanime et interprétations nuancées »

Marc Arino
« L’adaptation de La Princesse de Montpensier par Bertrand Tavernier : vers une représentation d’un empowerment original »

Varia

Marina Ruiz Cano,
« Le Paradoxe sur le comédien, une pantomime de la pensée diderotienne »