Ludmila Oulitskaïa (Préface), Nicolas Werth (Préface), Sophie Benech (Traduction)
"Alors qu'elle est à peine âgée de trente ans, Euphrosinia Kersnovskaïa voit l'URSS imposer le joug soviétique à la Bessarabie, où sa famille s'est installée après la révolution. Victime de la collectivisation, Euphrosinia perd tout. Très vite, elle est envoyée sur un chantier d'abattage de bois en Sibérie. Elle s'évade, erre des mois seule dans la taïga, puis finit par être arrêtée et condamnée à des années de camp – pour finalement travailler dans des mines de charbon. Une fois libre, elle produit cette œuvre inouïe : un récit où le témoignage écrit cohabite avec des dessins réalisés sur des cahiers d'écolier – en illustrant elle-même son histoire, elle restitue dans les moindres détails les scènes dont elle a été témoin et auxquelles elle a participé. Sa destinée s'apparente à celle des plus grandes héroïnes de roman. On se demande avec stupéfaction comment autant d'épreuves et de malheurs peuvent tenir en une seule vie : Euphrosinia affronte les obstacles de sa vie d'un cœur pur et candide, faisant toujours passer les autres avant elle-même. Le dessin, qui aurait pu n'être pour elle qu'un simple passe-temps, devient entre ses mains la lance de Don Quichotte qui lui sert à pourfendre inlassablement le mal. Écrit à l'insu des autorités, Envers et contre tout est le récit d'un destin hors du commun. Un témoignage fort et inspirant, l'odyssée d'une irréductible qui constitue une source de joie profonde, un antidote aux compromissions et à la peur, au mensonge et à l'oubli. "
Née en 1907, Euphrosinia Kersnovskaïa est une Russe dont la famille d'origine noble a quitté Odessa en 1919 pour fuir la révolution bolchevique et s'installer en Bessarabie. En 1940, ce petit territoire est envahi par l'URSS et devient une région de la république soviétique de Moldavie. L'auteur va alors assister, impuissante, à la collectivisation forcée et à l'appauvrissement rapide de sa seconde patrie mais refusera toutefois de se réfugier en Roumanie. Elle découvre ensuite la Russie, son pays natal, au cours d'un long périple en train, en bateau et à pied, qui l'amènera jusqu'au cercle polaire. Après avoir passé onze années en relégation, en prison et dans les camps, elle est libérée en 1952 et travaille dans une mine de charbon avant de prendre sa retraite dans le Caucase, à Essentouki, où elle est décédée le 8 mars 1994.