Acta fabula
ISSN 2115-8037

Dossier critique
2019
Décembre 2019 (volume 20, numéro 10)
titre article
Jacob Lachat

Ce qui reste du temps. Histoire et littérature

Judith Lyon‑Caen, La Griffe du temps. Ce que l’histoire peut dire de la littérature, Paris : Gallimard, « NRF Essais », 2019, EAN 9782072826696.

1À l’heure où l’on assiste en France à une augmentation des recherches sur les relations entre littérature et histoire, la parution de La Griffe du temps, en février 2019, peut apparaître comme une évidence. Le dernier ouvrage de Judith Lyon‑Caen intervient dans une vague de travaux qui explorent, depuis maintenant une dizaine d’années, de nouvelles lectures historiennes des textes littéraires. Pensons par exemple au numéro important des Annales consacré aux Savoirs de la littérature1, où plusieurs articles interrogent l’attrait de l’histoire et des sciences sociales pour des œuvres littéraires (celles de Balzac, de Gracq, etc.); à La Petite‑fille de la sorcière de Vincent Robert2, une étude sur les pratiques magiques au xixe siècle à travers La Petite Fadette de George Sand ; ou encore à Une Guerre au loin : Annam, 1883 de Sylvain Venayre3, qui retrace la prise de Huê par le récit qu’en fit Pierre Loti. Outre leurs divergences théoriques, ces publications ont toutes l’ambition de prouver la fécondité de la littérature dans la connaissance historique.

2Si l’ouvrage de J. Lyon‑Caen participe à coup sûr de cette actualité historiographique, il s’en démarque aussi par son approche résolument méthodique du fait littéraire. À partir d’une lecture détaillée de La Vengeance d’une femme, la dernière nouvelle des Diaboliques de Jules Barbey d’Aurevilly parue en 1874, il s’attache à montrer, d’une part, que la littérature constitue une ressource majeure pour l’histoire à condition d’y recourir avec une certaine prudence ; d’autre part, que l’historicité d’un texte littéraire ne se réduit ni à sa manière de représenter des événements politiques, ni à sa situation chronologique, mais qu’elle relève d’un ensemble d’indices matériels qui requièrent une attention spécifique.

3Le livre se présente comme la démonstration en acte d’une réflexion que l’historienne, spécialiste des usages sociaux de la littérature aux xixe et xxe siècles, poursuit depuis la parution, en 2010, de L’Historien et la littérature4. Ce brillant essai co‑signé avec Dinah Ribard et paru dans la collection « Repère » ouvrait de nombreuses pistes pour étudier la littérature comme un fait social et historique ; il invitait notamment à faire preuve de vigilance face aux potentialités et aux limites de l’analyse historienne des textes littéraires, en particulier quand ceux‑ci sont élevés au rang de chefs‑d’œuvre. La Griffe du temps est une nouvelle incitation à repenser les façons de faire de l’histoire avec la littérature. Au fil d’une enquête rigoureuse — parfois proche d’une fouille archéologique —, cet essai met au jour des strates de l’histoire du xixe siècle, tout en déployant une série de perspectives critiques stimulantes.

L’historicité d’un « reste »

4La première de ces perspectives critiques concerne le type de lecture historienne à adopter face à un texte littéraire. Avant d’entrer dans le récit de Barbey, J. Lyon‑Caen prend soin d’expliquer en quoi sa démarche se distingue des usages que les historien(ne)s font habituellement de la littérature. Au lieu d’envisager La Vengeance d’une femme pour sa valeur strictement documentaire, elle choisit de partir de ce qui échappe en général à l’analyse historique d’un tel récit. Elle s’appuie pour cela sur l’idée de « reste », employée jadis par le critique Pierre Barbéris au cours d’un débat avec Georges Duby5 pour désigner le sens complexe que recèlent les textes littéraires, et qui fait leur singularité par rapport à d’autres sources écrites. Comment interpréter ce « reste » sans le restreindre à des propriétés formelles ou des qualités esthétiques ? Quel savoir permet‑il de produire sur le passé ? Voilà les questions qui sont au point de départ d’une méthode que J. Lyon‑Caen nomme « herméneutique historienne » (p. 35-36) : celle‑ci permet, à partir d’une lecture rapprochée (close reading), de révéler la « signification historique » de détails textuels qui se dérobent parfois à l’interprétation.

5Il faut l’avouer, La Vengeance d’une femme se prête particulièrement bien à une telle « herméneutique historienne ». La nouvelle est reproduite in extenso, sans note ni apparat critique, entre l’introduction et le premier chapitre de l’essai, et soumise à une première « expérience de lecture » — l’expression est employée avec insistance et de manière polysémique par l’historienne. Avant de se confronter aux commentaires d’extraits choisis, les lecteurs et les lectrices sont invités à mesurer par eux‑mêmes la richesse textuelle de ce récit que l’on pourrait résumer ainsi : à la fin des années 1840, un jeune flâneur parisien remarque une prostituée au coin d’une rue obscure de la capitale ; pris d’un désir incontrôlable, il décide de la suivre jusque dans sa chambre et passe la nuit avec elle ; c’est là que la femme lui raconte l’histoire de sa vengeance acharnée contre son mari, un aristocrate espagnol dont elle cherche à salir le nom en se prostituant, car il a fait assassiner brutalement l’homme qu’elle aimait.

6Dans son analyse, J. Lyon‑Caen commente brièvement ce récit passionné, où il est essentiellement question d’érotisme, de violence et de diffamation. Elle s’attache surtout à étudier le cadre référentiel dans lequel se déroule l’intrigue : le monde de la prostitution à Paris sous la Monarchie de Juillet. S’appuyant sur les travaux qu’on trouve sur le sujet, en particulier ceux d’Alain Corbin6, l’historienne montre que la nouvelle met en récit non seulement une réalité sociale des années 1840, mais une « réalité de l’écriture littéraire » (p. 86) au moment où Barbey prend la plume. Le milieu prostitutionnel est alors un sujet dans l’air du temps ; on le trouve aussi bien dans les romans et les journaux que dans les rapports de police. Ce simple constat invite à lire La Vengeance d’une femme en considérant « la centralité de la littérature dans les modalités de saisie et de mise en texte du monde social, et en particulier en ses franges les plus obscures » (p. 91). Mieux, il conduit à examiner de près la manière dont l’écriture littéraire de Barbey informe, par un ensemble de modalités discursives, la construction même de cette réalité :

L’impact de la littérature, la littérarisation du social, traverse toutes [les] écritures, non parce qu’il s’agirait de mettre la société en roman, mais parce que l’écriture littéraire, telle qu’elle se pratique dans le roman et ses avatars (tableaux de mœurs parisiennes, physiologies et panoramas sociaux) à partir de 1830 est un puissant outil cognitif et descriptif, un outil de saisie et de déchiffrement du monde, tantôt de désinquiètement, tantôt de critique, quand il s’agit d’explorer et de dénoncer les mystères et les envers menaçants, ou scandaleux, de la vie urbaine. (p. 91‑92)

7De telles considérations permettent d’envisager la nouvelle de Barbey non comme une représentation plus ou moins imaginaire d’une réalité préexistante, mais comme un objet historique qui participe aux formes d’expériences du monde social tout au long du xixe siècle. En d’autres termes, elles ouvrent la réflexion sur ce que Jacques Rancière appelle une « politique de la littérature7 », une approche pragmatique qui considère les productions littéraires comme des parties intégrantes de la description des faits sociaux et des interventions concrètes dans l’univers des lecteurs et des lectrices.

Traces & contextes

8La deuxième perspective critique explorée par La Griffe du temps ressortit aux modes de contextualisation du fait littéraire. J. Lyon‑Caen rappelle que les contextes de la littérature ne sont jamais des données indépendantes des textes, mais au contraire les fruits d’« opérations de contextualisations multiples, incertaines, de méthode et de nature variable » (p. 27‑28), qui sont autant d’élaborations intellectuelles pour déchiffrer la « signification historique » des écrits que nous qualifions de littéraires. Comme bon nombre de chercheurs et de chercheuses qui utilisent la notion de contexte au croisement de la littérature et des sciences sociales8, l’historienne marque ses distances à l’égard des méthodes traditionnelles de l’histoire littéraire. Alors que ces méthodes se limitent pour la plupart à une lecture « externe », qui porte sur les conditions de production et de réception des œuvres davantage que sur leurs significations « internes », son approche consiste à « abandonner la topographie du dedans et du dehors pour regarder ensemble, sur un même plan, le texte et son soi‑disant “dehors” comme éléments d’un même passé » (p. 28). Elle vise à étudier la littérature comme une « activité sociale » et une « pratique d’écriture et de lecture » dépendante de « l’expérience vécue des individus » (p. 28). Cette approche était déjà déployée dans La Lecture et la vie, le premier ouvrage de J. Lyon‑Caen consacré aux pratiques de lecture des romans sous la Monarchie de Juillet9. Elle s’applique ici à un exercice quelque peu différent, puisqu’il s’agit d’analyser la nouvelle sans tenir compte en priorité des usages sociaux qui en ont été faits.

9Afin de déceler la signification historique de La Vengeance d’une femme au cœur du texte, l’analyse prend appui sur les travaux de la micro‑histoire, notamment ceux de Carlo Ginzburg, pour qui les textes littéraires constituent des sources privilégiées dans l’enquête historique. Depuis la fin des années 1980, l’historien italien défend un usage indiciaire de la littérature, qui ne la réduise ni à un patrimoine d’exception ni à un simple discours pourvu d’une cohérence propre et transhistorique. Ses essais consacrés à la notion de « trace » ont généré de nouveaux questionnements sur la portée historique de certaines œuvres littéraires. J. Lyon‑Caen s’inspire explicitement de ces essais de Ginzburg : il s’agit pour elle d’élaborer une micro‑histoire de La Vengeance d’une femme, c’est‑à‑dire de lire la nouvelle comme un « vecteur de passé » (p. 16), afin « d’exhumer et de contextualiser des objets, des souvenirs, des images, tout un monde de choses et d’expériences — urbaines, artistiques, érotiques — qui font trace, indirectement, dans la fiction » (p. 34). Au‑delà d’un certain idéalisme critique attaché aux propriétés sémantico‑formelles des textes, tout l’enjeu de son herméneutique historienne consiste à déchiffrer la diversité de ces traces du réel au sein du récit, en prenant au sérieux leur historicité.

10Les manuscrits de La Vengeance d’une femme conservés à la Bibliothèque nationale de France offrent un premier échantillon de ces traces multiples. Alors que les manuscrits d’un écrivain sont souvent étudiés comme des avant‑textes pour dévoiler différentes étapes de la production d’une œuvre, ceux de Barbey « brouillent la frontière entre la phase rédactionnelle et la phase post‑rédactionnelle » (p. 109). Ils se révèlent également utiles pour examiner la posture littéraire de l’auteur, caractérisée par « un mépris du présent et un goût du passé » (p. 113). Figure emblématique du dandy à la française, Barbey n’a cessé de modeler sa posture d’excentrique dans la forme même de ses écrits. Fasciné par les enluminures médiévales, il en a reproduit le « chic » dans ses propres « brouillons », dont quelques reproductions figurent dans les illustrations de l’essai. On y découvre une graphie bigarrée, richement agrémentée d’encres colorées et de dessins énigmatiques, qui témoigne à l’évidence d’une « conscience littéraire du manuscrit » (p. 110) et d’une attention aux effets de l’écriture archaïque, inséparables de l’image sociale et du style de l’auteur. Ces manuscrits, étudiés depuis longtemps par la critique aurévillienne pour leur singularité, font ici l’objet d’une enquête historique sur les conditions matérielles des éléments esthétiques dans la nouvelle.

11Un deuxième ensemble de traces exploré dans La Griffe du temps est constitué des nombreux objets qui émaillent La Vengeance d’une femme. Au cours de son analyse, J. Lyon‑Caen s’arrête autant sur des évocations de peintures de maîtres (le Tintoret, Horace Vernet) que sur des détails a priori décoratifs. Elle consacre par exemple tout un chapitre à dégager le sens historique d’une « énigmatique statuette de bronze » (Madame Husson) qualifiée d’« obscène » par le narrateur — un détail qui révèle tout un pan d’une culture des images licencieuses sous la Monarchie de Juillet. C’est que ces objets hétéroclites dont le récit est parsemé sont de véritables leviers interprétatifs pour l’historienne : ce sont, pour reprendre une de ses formules, des « images du présent des années 1840, qui se répondent l’une à l’autre dans un chatoyant défilé fantasmatique » (p. 131). De plus, leur abondance implique une attention matérielle, voire matérialiste, qui va à l’encontre d’un certain formalisme fondé sur l’idée d’« illusion référentielle » : « Il s’agit de rendre aux objets, en les rendant à leur histoire, les cadres dans lesquels ils étaient perçus par leurs premiers lecteurs, l’attention (ou l’inattention) qu’ils pouvaient susciter, leur politique en somme. » (p. 174) Ces détails qu’on trouve en quantité infinie dans la littérature du xixe siècle doivent être appréhendés comme des empreintes révélatrices de plusieurs contextes socio‑historiques — des « griffes du temps », et non comme de simples « effets de réel » destinés à « dénoter le monde des personnages » (p. 141).

12Un troisième ensemble de traces concerne, lui, les innombrables allusions intertextuelles dont regorge La Vengeance d’une femme. Ce sont les traces à l’égard desquelles J. Lyon‑Caen manifeste la plus grande prudence, dans la mesure où les jeux d’intertextualités ont souvent sous‑tendu une conception autotélique de la littérature. Or tout l’objectif de sa lecture consiste à historiciser ces jeux d’intertextualité en les envisageant comme des façons de télescoper des époques et des générations d’écrivains du xixe siècle dans un même texte, et ainsi de thématiser le passé littéraire dont hérite, bon an mal an, Barbey. C’est surtout dans le traitement de l’espace urbain qu’il est possible d’examiner les marques intertextuelles les plus explicites. La nouvelle des Diaboliques déploie le fantasme d’un Paris spectral enraciné dans une « mémoire morphologique de la ville » située entre Balzac et Baudelaire : « Le Paris d’avant Haussmann pouvait, à l’aube des années 1870, hanter un texte littéraire, comme il hantait peut‑être ceux qui parcouraient les nouvelles percées et appréciaient, éventuellement, la modernisation de la ville. » (p. 213) Au cœur d’une période où le présent tourne le dos au passé, la trace intertextuelle est bien plus qu’une simple référence à des écrivains admirés ou honnis. Elle révèle la conscience d’un écart entre deux historicités d’un même espace urbain. Parcourant méticuleusement — plans cadastraux à l’appui ! — cet « immense territoire arraché à l’histoire » (p. 219), l’historienne montre comment la littérature permet de penser des expériences différenciées de la ville au xixe siècle.

Écritures de l’histoire

13Étudier les entailles de la « griffe du temps », c’est donc travailler à partir de la matérialité de ces traces et de ces souvenirs qu’on trouve dans la littérature, ou, comme dirait Proust, à partir de la « griffe de leur authenticité10 ». Pour autant, J. Lyon‑Caen n’entend pas restituer la vérité du passé dans La Vengeance d’une femme, ni offrir l’image pleine de l’époque dont cette nouvelle émane — ce qui constituerait, sans mauvais jeu de mots, une recherche du temps perdu. Son enquête par bribes et par détails vise, en fin de compte, à interroger de manière « expérimentale » et réflexive les façons d’écrire l’histoire avec des textes littéraires où l’histoire occupe, précisément, une place importante. C’est la troisième perspective critique de l’essai.

14Barbey, à l’instar d’autres romanciers (Balzac, Mérimée, Hugo ou Flaubert), a échafaudé un « dispositif historiographique singulier » qui « met en présence des mondes et des durées hétérogènes » (p. 221). Mais en quoi ce dispositif offre‑t‑il une prise interprétative à celui ou celle qui travaille sur l’histoire sociale du xixe siècle ? Si La Vengeance d’une femme relève d’une forme d’écriture historique, si la critique tend à y voir une certaine « opération historiographique », au sens de Michel de Certeau, c’est qu’elle est d’abord « produite en un lieu social — la sphère littéraire des années 1860‑1870 —, à partir de ressources spécifiques mobilisées dans une écriture “de littérature” » (p. 227). De fait, les références historiques qui saturent la nouvelle sont moins les indices d’une écriture singulière de l’histoire, que la « synthèse de bien des passés rêvés du romantisme, du Moyen Âge mérovingien et wisigothique aux extases de sainte Thérèse » (p. 228). Loin des vieux débats sur la dimension littéraire de l’écriture historique — débats pour le moins conflictuels qui, dans la mouvance du linguistic turn, ont longtemps dominé les réflexions sur le « discours de l’histoire » (Barthes) —, l’analyse montre ainsi que la prétendue « historiographie aurévillienne » repose avant tout sur un « matériau culturel » (p. 235) et des « opérations d’écriture » qui mettent en contraste l’imagerie d’une Espagne immémoriale avec « l’historicité vivante de la modernité de 1840 » (p. 236).

15Cette analyse nuancée de la « fabrique littéraire du passé » (p. 221) dans le récit fait cependant l’impasse sur l’environnement intellectuel dans lequel écrit Barbey. Pour expliquer en quoi La Vengeance d’une femme ne constitue pas à proprement parler un savoir historique, J. Lyon‑Caen aurait pu tirer profit des recherches sur l’histoire de l’historiographie dans la seconde moitié du xixe siècle11. Lorsqu’il différencie, dans le préambule de sa nouvelle, le roman de l’histoire en affirmant que l’un a « un idéal » tandis que l’autre est « bridée par la réalité » (p. 38), Barbey ne se contente pas seulement de reproduire une distinction convenue ; il semble également répondre, de manière indirecte, à ce moment crucial où la littérature devient un repoussoir pour les historiens de métier. De même, en emmêlant des époques différentes dans un même récit, en construisant une narration où « l’antique et noble Espagne se fracasse sur le présent du trottoir parisien » (p. 217), ce romancier « obsédé de l’expérience de l’histoire, nourri de Scott et de Balzac » (p. 220) se situe manifestement en marge de la discipline historique, notamment de son orientation scientifique ou méthodique durant les années 1860‑1870, à laquelle contribuèrent des historiens comme Hippolyte Taine, Fustel de Coulanges ou Gabriel Monod. Il est donc regrettable que cet environnement historiographique contemporain de l’écriture de la nouvelle n’ait pas été pris en compte dans le travail de contextualisation et de réflexion méthodologique.


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16La Griffe du temps demeure une démonstration puissante de ce que « l’histoire peut dire de la littérature ». À l’écart de certains projets d’historiens qui cherchent actuellement à faire de l’histoire « une littérature contemporaine12 », Judith Lyon‑Caen propose une lecture scrupuleused’un texte qui la confronte en historienne à « cette autre écriture et cet autre savoir du temps qu’est la “littérature”, avec ses moyens figuratifs propres » (p. 220). Elle se place dans une situation à mi‑chemin entre les études littéraires et les études historiques : une situation féconde qui ouvre une trajectoire herméneutique consciente de ses propres limites, mais surtout une piste méthodologique pour réfléchir avec rigueur aux usages littéraires de l’histoire dont se targuent maints écrivains du xixe siècle et d’aujourd’hui.