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Le portefeuille sous toutes ses coutures. Archiver et conserver ses documents de travail (XVIe-XVIIIe s.)

Le portefeuille sous toutes ses coutures. Archiver et conserver ses documents de travail (XVIe-XVIIIe s.)

Publié le par Marc Escola (Source : Simon Dolet)

Le stockage des données numériques est au cœur de nos préoccupations depuis une soixantaine d’années. Les technologies se succèdent – disquette, CD-Rom, clé USB, disque dur externe, cloud computing – avec une meilleure capacité de stockage pour répondre à la croissance exponentielle de la production de données numériques. Le nouveau « secteur du numérique » doit aussi répondre à la peur croissante de la perte de données, lorsque les anciens formats de conservation sont frappés d’obsolescence. Pourtant, la question est plus ancienne et mérite d’être mise en perspective sur le temps long. Une inflexion semble notamment s’opérer au XVIIIe siècle où la quantité de documents conservés et donc disponibles, par rapport aux siècles précédents, enregistre une croissance inédite. Le portefeuille (ou « porte-feuille ») manifeste ce souci de la conservation des documents.

Employé depuis le XVIe siècle selon l’Académie française, ce terme désigne encore en 1718 un « carton plié en deux, couvert de peau ou de quelque étoffe, & servant à porter des papiers ». Alors que son usage s’élargit au cours du siècle dans la langue française, le terme entre dans les dictionnaires étrangers au début du XIXe siècle, avec des traductions littérales de « porte-feuille». C’est dans l’espace européen et ses extensions mondiales que le portefeuille sera ici envisagé en tant que support de rangement et de classement des documents personnels, documents connus ou non de ses contemporains, publiés ou non.

Avec l’essor du concept de literacy, la « vie des écrits » (Bertrand, 2015) a animé les récentes études historiques. Le portefeuille pourrait ajouter à ce renouvellement historiographique un outil utilisé dans tous les secteurs de la société – les portefeuilles d’un ministre, d’un négociant, d’un artiste, d’un artisan, d’un homme de lettres, d’un savant, etc. – qui renferme des documents permettant de se rapprocher au plus près du quotidien des acteurs. Brouillons (Ferrand, 2012), prises de notes de lecture (Blair, 2010), lettres (Chapron, Boutier, 2013), imprimés et autres sont des « écrits vivants » (Bertrand, 2015) offrant la possibilité d’écrire une histoire matérielle, culturelle, sociale et politique.

Modalité de soumission :

Suite au succès de la journée d’études « Le portefeuille sous toutes ses coutures. Archiver et conserver ses documents de travail (XVIe-XVIIIe siècle) » tenue en septembre 2023, la publication d’un volume collectif a été décidée. Si vous souhaitez proposer une contribution, vous pouvez envoyer un résumé de 500 mots avant le 1er juin à l’adresse suivante : simon.dolet@univ-cotedazur.fr

Les contributions écrites, de 40 000 signes maximums, seront à rendre pour début novembre 2024.

Vous trouverez l’appel en pièce jointe. C’est ici le portefeuille comme outil de travail dans la société entière qui est envisagé : le portefeuille d’un ministre, d’un négociant, d’un artiste, d’un artisan, d’un homme de lettres ou encore d’un savant. Des propositions sur ses utilisations au XIXe siècle seront également les bienvenues.

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Bibliographie indicative :

Benrekassa Georges, Les manuscrits de Montesquieu : secrétaires, écritures, datations, Naples, Liguori Editore et Oxford, Voltaire Foundation, 2004.

Bertrand Paul, Les écritures ordinaires. Sociologie d’un temps de révolution documentaire (entre royaume de France et empire, 1250-1350), Paris, Publications de la Sorbonne, 2015.

Blair Ann M., Too Much to Know. Managing Scholarly Information before the Modern Age, Yale, Yale University Press, 2010.

Chapron Emmanuelle, Boutier Jean, « Utiliser, Archiver, Éditer. Usages savants de la correspondance en Europe, XVIIe-XVIIIe siècles », Bibliothèque de l’École des chartes, 171/1 (2013), p. 7-49.

Chartier Roger, Inscrire et effacer : culture écrite et littérature (XIe-XVIIIe siècle), Paris, Gallimard, Le Seuil, 2005.

Ferrand Nathalie (dir.), numéro thématique « Brouillons des Lumières », Genesis. Manuscrits, Recherche, Invention, 34 (2012).

Gardey Delphine, Ecrire, calculer, classer. Comment une révolution de papier a transformé les sociétés contemporaines (1800-1940), Paris, La Découverte, 2008.

Grandsaignes R. (de), « L’affaire du portefeuille d’Antraigues », Annales historiques de la Révolution française, 167 (1962), p. 54-69.

Guerre Stéphane, Nicolas Desmaretz (1648-1721) : Le Colbert oublié du Roi Soleil, Paris, Champ Vallon, 2019.

Schapira Nicolas, Maitres et secrétaires (XVIe-XVIIIe siècles). L’exercice du pouvoir dans la France d’Ancien Régime, Paris, Albin Michel, 2020.