Collectif
Nouvelle parution
S. Martin (dir.) Émile Benveniste pour vivre langage

S. Martin (dir.) Émile Benveniste pour vivre langage

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Serge Martin)

Compte rendu publié dans le dossier critique d'Acta fabula "Ce qui a fait signe & ce qui fait sens" (Octobre 2013, Vol. 14, n° 7) : "De la parole poétique & de la possibilité d’une anthropologie historique du langage" par Irene D'Agostino.

 

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Émile Benveniste pour vivre langage

Sous la direction de Serge Martin

Mont de Laval : L'Atelier du grand tétras, coll. "Résonance générale-essais pour la poétique", 2009.

112 p.

 

Présentation:

La journée d’étude du vendredi 30mai 2008 qui avait pour titre une citation d’Émile Benveniste, « Où sontles titres du langage à fonder la subjectivité[1] ? »,organisée par l’IUFM de Basse-Normandie (recherche et formation de formateurs,GRIF « les archives, la vie et la théorie du langage ») à l’abbayed’Ardenne à Caen avec le soutien de l’IMEC, a permis de poser l’actualité vivedu grand linguiste pour la recherche et l’enseignement d’au moins trois pointsde vue :

- tout d’abord, l’invention du « discours » nesemble pas avoir été vraiment considérée autrement qu’à travers de rapidesinstrumentalisations (en particulier dans l’enseignement secondaire) quiignoraient la visée d’une théorie d’ensemble du langage ;

- ensuite, la découverte des archives « Benveniste »qui est en cours à la Bibliothèque nationale montrerait que bien des problèmessoulevés par Benveniste risquent d’être relancés pour qu’on puise considérer laportée de sa lucidité, en particulier s’agissant d’une poétique des discours ;

- enfin, Benveniste oblige à « mettre en questionl’évidence » et à travailler sans cesse contre « toute notionsimpliste du langage », ce qui demande à la recherche et à l’enseignementune éthique qui s’entend dans l’écriture même de Benveniste :« l’instance de discours est ainsi constitutive de toutes les coordonnéesqui définissent le sujet et dont nous n’avons désigné sommairement que les plusapparentes[2] ».

Cette journée dont les actes se voient publiés aura donc étél’occasion d’encourager les travaux en cours et à venir pour que les« problèmes » de Benveniste continuent de nourrir, dans l’espritd’une anthropologie historique du langage, tant les recherches linguistiquesque didactiques attentives à la vie et la théorie du langage pour « vivrelangage » puisque « le langage sert à vivre[3] ».

Lelivre vient ouvrir la nouvelle collection, « Résonance générale, essaispour la poétique », liée à la revue Résonance générale, cahiers pour lapoétique.Ce livre a reçu le soutien de l'IUFM de Basse-Normandie.

 

Sommaire:

  • Serge Martin et Jean-François Thémines (université de CaenBasse-normandie) => présentation
  • Émile Benveniste => Manuscrits inédits
  • Chloé Laplantine (ITEM et université Paris VIII) => La poétique d’Émile Benveniste
  • Jérôme Roger (université Bordeaux IV et IUFM d’Aquitaine) => Émile Benvenistecontre la doxa : l’allure pensive de l’essai
  • Laurent Mourey (lycée, Sélestat) => Benveniste, phrase, discours, littérature. Penser le langage et lepoème dans les silences des programmes de l’enseignement secondaire
  • Gérard Dessons (université Paris VIII) => La place du poème dans la théorie du discours
  • Daniel Delas (université de Cergy-Pontoise) => L’aporie du sujet dans la réflexionpost-coloniale
  • Serge Martin (université Caen Basse-normandie) => Émile Benveniste, aujourd'hui : la relationdans et par le language
  • Henri Meschonnic => « Partant de Benveniste » en1970… et en 2009 (entretien et poème)

 



 

[1] « De lasubjectivité dans le langage », 1958, repris dans Problèmes delinguistique générale, 1, Gallimard, 1966,p. 261.

[2] « De lasubjectivité dans le langage », 1958, repris dans Problèmes delinguistique générale, 1, op.cit., p. 263.

[3] É.Benveniste, « La forme et le sens dans le langage » (1966) dans Problèmesde linguistique générale 2, Gallimard,1974, p. 217. Henri Meschonnic écrit significativement : « C’estpourquoi la théorie du langage a un si grand rôle. Elle est le lieu majeur oùse fonde, et combat, l’historicité radicale du sens et de la société. Quis’élabore, depuis Humboldt et Saussure, et passe par Benveniste. Benveniste aécrit que le langage sert à vivre. Je dirai que la théorie du langage, àtravers l’histoire et le statut des concepts avec lesquels vit une société, etplus que d’autres sciences sociales, sinon même l’économie et les techniques,généralement jugées bien plus vitales, sert à vivre. Poétiquement etpolitiquement » (Modernité modernité (1988), Folio/Gallimard, 1993, p. 10-11). C’est à Henri Meschonnic eten hommage que nous prenons ce « vivre langage » : Vivrepoème, éd. Dumerchez, 2005.