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S. Clingman, Première fois, dernière fois, souvenirs de Nadine Gordimer

S. Clingman, Première fois, dernière fois, souvenirs de Nadine Gordimer

Publié le par Nicolas Geneix

Stephen Clingman, Première fois, dernière fois, souvenirs de Nadine Gordimer

Article publié dans Libération, 29 juillet 2014.

Traduit de l’anglais par Florence Illouz.

"Elle est née dans la petite ville minière de Springs. Autre monde, autre époque. Son père était originaire de Lituanie et sa mère d’Angleterre. Juifs tous les deux. Mais Nadine n’a pas été imprégnée de culture juive. Son premier objectif fut de découvrir ce qui valait la peine d’être dit sur l’Afrique du Sud. Toutes ses références littéraires étaient européennes. C’est d’Europe que venait, par définition, la littérature. C’est en «décolonisant» son talent que l’inspiration émergea : maîtres, maîtresses et serviteurs, le monde racialement divisé auquel elle appartenait, les énergies, les passions, la créativité et le désespoir des ghettos noirs, l’expérience personnelle et vécue du monde politique, devinrent ses sujets, son champ d’investigation. Elle suivait son instinct. C’est l’écriture qui clairement la mena vers la politique et non le contraire. Elle a eu cette déclaration mémorable : «En Afrique, la politique et les personnages sont une seule et même chose. Si vous vous intéressez aux personnages, vous réalisez rapidement que l’apartheid imprègne tous les aspects de la vie des gens.»

(...)

Dans son esprit, elle était avant tout écrivain. «Rien n’est plus vrai que ma fiction», déclarait-elle dans Vivre dans l’interrègne, essai dans lequel elle cite aussi Gabriel García Márquez : «Le devoir de l’écrivain, son devoir révolutionnaire si vous préférez - est de bien écrire.» En tant que citoyenne, Gordimer pratiquait ce qu’elle appelait une «parole extérieure» et dans ces écrits, cette mystérieuse combinaison de parole intérieure et extérieure dont seuls les auteurs sont capables. Elle n’a jamais perdu son engagement à ces deux choses."

Stephen Clingman enseigne à l'Université du Massasuchets.

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(Image : détail d'une photo de Bengt Oberger)