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Observer le théâtre, pour une nouvelle épistémologie des spectacles

Observer le théâtre, pour une nouvelle épistémologie des spectacles

Publié le par Marc Escola (Source : Pierre Katuszewski)

Observer le théâtre,

pour une nouvelle épistémologie des spectacles

 

fin novembre 2016

sous la direction de Sandrine Dubouilh et Pierre Katuszewski

EA CLARE 4593

En partenariat avec Théâtre national Bordeaux Aquitaine – Théâtre du Port de la Lune

 

Ce colloque, soutenu et encadré par l’équipe d’accueil CLARE (Cultures, Littératures, Représentations, Esthétiques) et porté par les études théâtrales de l’Université Bordeaux Montaigne  a pour objectif de recenser et faire se rencontrer les recherches proposant de nouveaux objets, de nouveaux outils et de nouvelles méthodes pour aborder le phénomène spectaculaire.

Par spectaculaire, nous entendons d’une part le temps du spectacle dans sa dimension performative ou autrement dit ce qui réunit dans le temps et l’espace les participants[1], et, d’autre part, dans la lignée des études récentes sur les théâtres du jeu[2], ce qui ne fait pas forcément signe ou sens et fait du théâtre un espace de présentation, d’invention et de ludisme.

 Le verbe « observer » est choisi à dessein pour établir un parallèle avec les sciences de l’observation, placer les évènements spectaculaires passés ou présents sous la lame du microscope et valoriser ainsi l’observation factuelle comme préalable à l’analyse, ceci afin de confirmer la diversité des outils aujourd’hui à notre disposition pour appréhender les œuvres.

Si cette recherche entend  dépasser l’accumulation de constats descriptifs, on notera cependant la fertilité des développements scientifiques fondés ces dernières années sur le retour à une observation fine et débarrassée de cadres préétablis pour aborder des formes délaissées ou mal appréciées. On pense notamment ici aux travaux portant sur l’Antiquité ou sur le théâtre du dix-septième siècle qui s’émancipent de l’analyse exclusivement littéraire qui était encore prédominante dans ces champs et ce, jusqu’à récemment. Nous pensons aussi aux dix-huitième et dix-neuvième siècles au cours desquels des formes jugées mineures telles que les spectacles forains, le mélodrame, la féérie ont retrouvé une place, pour ne citer que quelques exemples. On pourra ajouter à cette liste non-exhaustive les travaux portant sur la modernité théâtrale et les avant-gardes, ouvrant des questionnements féconds sur la naissance de la mise en scène et la scénographie, ainsi que les recherches sur l’époque contemporaine exploitant de nouvelles méthodologies d’analyse, particulièrement heuristiques.

Le croisement avec les sciences sociales (anthropologie, ethnologie, sociologie, etc.) a été un puissant vecteur de cette transformation, de même que l’ouverture vers des formes non occidentales ritualisées, agissant parfois comme des révélateurs de nos parentés ou au contraire de nos écarts, amorçant dans les deux cas des remises en question critiques de nos connaissances et appréciations. Pour les formes présentes, pluridisciplinaires, davantage fondées sur l’expérience du spectateur, l’observation et la narration de l’expérience sont souvent le seul point de visée, difficile à dépasser faute de repère ou de méthode adaptée à ces objets ; sans oublier certaines performances qui sortent elles-mêmes du descriptible. Les recherches actuelles sur le ludisme apportent d’ores et déjà des outils pour aborder ces œuvres qui échappent aux points de vue texto et logo centrés. Mais on notera qu’aborder la dimension spectaculaire et performative du théâtre n’exclut pas de s’intéresser au texte. Il s’agit bien de le lire autrement, en contexte, pour ce qu’il est et sans partir de l’a priori qu’il comporte un sous-texte à décrypter, mais qu’il porte en lui-même les marques du spectacle auquel il est destiné.

L’objectif du colloque « observer le théâtre, pour une nouvelle épistémologie des spectacles » est donc de se demander ce que signifie et produit ce grand brassage des formes et des idées, porté par des disciplines aussi variées que l’anthropologie, l’ethnologie, l’ethnopoétique, les gender studies, l’histoire, les sciences etc., dans notre façon de penser les arts du spectacle au passé et au présent. Il ne s’agit pas de cumuler des études de cas ou des curiosités, mais de croiser des analyses. Qu’observe-ton ? Comment observe-t-on des faits passés ou des objets spectaculaires « non identifiés » ou atypiques ? Comment, en retour, observe-t-on et analyse-t-on nos objets faussement familiers que sont le texte de théâtre ou les spectacles produits à partir de ces textes ? En quoi ces recherches contredisent-elles des présupposés analytiques ou critiques et quelles en sont les perspectives ? Comment l’idée de « spectacle » peut-elle perdre sa connotation péjorative ? Comment en saisir la fertilité dans l’histoire et dans l’époque contemporaine ? Telles sont quelques-unes des questions qui devront sous-tendre les interventions dans la perspective de la publication d’un ouvrage collectif (Presses Universitaires de Bordeaux) faisant un état de la recherche dans ce domaine.

 

Le colloque sera organisé en trois sessions correspondant aux thèmes suivants :

  • Observer un art éphémère et performatif : qu’observe-t-on ? Avec quels outils ? Quelles méthodes ?
  • Observer ailleurs : que nous enseigne l’étude de formes mineures ou d’objets spectaculaires jugés illégitimes  ou étrangers à notre tradition ?
  • Observer d’ailleurs : que nous apportent les sciences dures, les sciences humaines et sociales et les autres arts pour l’analyse des arts du spectacle ?

Comité scientifique :

Pauline Beaucé (Bordeaux Montaigne)

Nathalie Coutelet (Paris 8 – Vincennes Saint-Denis)

Raphaëlle Doyon (Paris 8 – Vincennes Saint-Denis)

Sandrine Dubouilh (Bordeaux Montaigne)

Léonor Delaunay (Revue d’histoire du théâtre)

Omar Fertat (Bordeaux Montaigne)

Pierre Katuszewski (Bordeaux Montaigne)

Maëline Le Lay (CNRS/LAM)

Baptiste Pizzinat (Bordeaux Montaigne)

Cristina Tosetto (Bordeaux Montaigne)

Cyril Triolaire (Clermont-Ferrand)

 

Les propositions (300 mots environ et une notice biographique) sont à envoyer au plus tard le 15 novembre 2015 à :

Sandrine Dubouilh : sdubouilh.universite@orange.fr

Pierre Katuszewski : pierre.katuszewski@u-bordeaux-montaigne.fr

 

[1] Cette définition renvoie bien entendu aux travaux de Richard Schechner. On pourra aussi se rapporter à l’article de Guy Spielman, « L’évènement spectacle » in Communications, n°92, 2013.

[2] Voir les travaux de Florence Dupont.

  • Adresse :
    Université Bordeaux Montaigne