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Les métaphores de la traduction (Lyon)

Les métaphores de la traduction (Lyon)

Publié le par Université de Lausanne (Source : François Géal)

Colloque

Les métaphores de la traduction

à l'Université Lyon 2

les jeudi et vendredi 19 et 20 octobre 2017

 

Depuis quelque temps, la métaphore semble susciter un véritable engouement dans les milieux universitaires. En témoignent diverses études, souvent complémentaires, parmi lesquelles : « Nouvelles approches de la métaphore », n° spécial de Langue française[1] ; Que peut la métaphore ?, dir. Sylvain David, Janusz Przychodzen, François-Emmanuel Boucher[2], fruit des réflexions de chercheurs québécois ; Métaphore et cultures. En mots et en images, dir. Véronique Alexandre-Journeau, Violaine Anger, Florence Lautel-Ribstein et Laurent Mattiussi, préface Eric Dayre[3]; Le Livre des métaphores. Essai sur la mémoire de la langue française, de Marc Fumaroli[4] ; ou encore le volumineux ouvrage, annonçant de plus amples développements, récemment paru sous la conduite de Xavier Bonnier : Le Parcours du comparant[5].

 Or, s’il existe nombre de travaux consacrés à la question de la traduction des métaphores et de leur problématique transposition dans telle ou telle langue, la réciproque – l’étude des métaphores de la traduction – est encore à l’état embryonnaire. Pourtant, « métaphore » et « traduction » ont au moins deux points communs que vient rappeler l’étymologie latine (translatio, transfert de dénomination chez Cicéron, va désigner la traduction chez Quintillien). D’une part, elles désignent un transport – Pascal Quignard, confiant sa joie de voir affiché en lettres capitales METAPHORA sur un camion grec de déménagement, propose de définir la métaphore comme « le transport de ce lieu ancien à un autre lieu futur, allant d’un univers connu à un univers inconnu »[6] ; d’autre part, elles peuvent être qualifiées, du moins la seconde, de « concept aporétique », pour reprendre une expression de Jean-René Ladmiral suggérant par là que la traduction tend à résister à toute conceptualisation, alors même que cette activité renvoie à une expérience bien connue.

La mise en évidence de champs et de sous-champs métaphoriques de la traduction plus ou moins étroitement articulés en système – certains occupant une position centrale, d’autres une position périphérique – est de nature à éclairer le sens de l’opération traductive. Ces métaphores, nullement arbitraires, évoluant sous l’influence conjointe des données matérielles et des représentations[7], exercent probablement en retour une profonde influence sur les pratiques qui les suscitent ou les accompagnent.

Il y a trente ans, en 1985, dans La Traduction et la Lettre ou l’Auberge du lointain, le regretté Antoine Berman affirmait : « un "florilège" des métaphores de la traduction [...] nous en apprendrait plus sur l’acte de traduire que bien des traités spécialisés »[8]. Berman donnait en deux pages un aperçu de ce florilège qu’il appelait de ses vœux, avec des citations empruntées à Cervantès, Boileau, Goethe, Gide ou encore Nabokov. En 2007, le traductologue québécois Jean Delisle a publié aux Presses Universitaires d’Ottawa un magnifique dictionnaire intitulé La Traduction en citations, comprenant plus de 3000 entrées dûment référencées et muni de précieux index : si toutes les citations répertoriées dans cette compilation n’ont pas un caractère métaphorique, c’est le cas d’une part non négligeable, en particulier celles ayant trait au personnage du traducteur, qualifié par J. Delisle d’« être métaphorisable à souhait »[9]. Mais il reste encore beaucoup à faire...

C’est dans cette perspective que j’ai lancé, en 2014, le projet TMT – Trésor des métaphores de la traduction –, base de données sur les métaphores de la traduction, en français et dans une dizaine de langues « majeures ». Cet outil, destiné à constituer un instrument pérenne à la disposition de la communauté scientifique au sens large, est  désormais largement accessible et interrogeable à l’adresse http://recherche.univ-lyon2.fr/tmt/.

Grossissant peu à peu, la base TMT permettra d’atteindre une masse critique sans laquelle l’exploitation des données serait, comme en épidémiologie, sujette à caution. Si la collecte est destinée à se poursuivre dans les années qui viennent, permettant d’affiner les catégories métaphoriques qui structurent cet ensemble, le temps des premières analyses est venu. Ce colloque international, s’il est articulé sur le projet TMT, n’aura donc pas pour seul objectif de dresser un premier bilan scientifique de l’utilisation d’un outil informatique : sur la question bien circonscrite des métaphores de la traduction, tout l’éventail diachronique des époques (certaines métaphores, dans le domaine qui nous occupe, sont manifestement anciennes, d’autres, beaucoup plus récentes) et des langues-cultures pourra être déployé par les chercheurs intéressés et toutes les approches seront les bienvenues.

 

Si vous souhaitez participer à ce colloque (format des communications : 30 mn), merci d’envoyer un projet de communication (une page maximum) ainsi qu’une présentation bio-bibliographique succincte à François Géal (Francois.Geal@univ-lyon2.fr) et Touriya Fili-Tullon (Touriya.Filitullon@univ-lyon2.fr) avant le 1er juin 2017. Une réponse sera donnée aux propositions dans un délai d'un mois environ après réception.

 

 

Comité d’organisation :

-François Géal

-Touriya Fili-Tullon

 

Comité scientifique :

-Mohammed Chaouki Zine (Univ. de Tlemcen)

-Edoardo Costadura (Univ. d’Iena)

-Eric Dayre (ENS Lyon) 

-Touriya Fili-Tullon (Univ. Lyon 2)

-François Géal (Univ. Lyon 2)

-Samia Kassab Charfi (Univ. de Tunis)

-Jean-René Ladmiral (Univ. de Nanterre)

-Jean-Pierre Lefebvre (ENS Ulm)

-Jean-Yves Masson (Univ. Paris IV)

-Salah Mejri (Univ. Paris XIII)

-Axel Nesme (Univ. Lyon 2)

-Alicia Roffé (Univ. de Grenade)

-Bénédicte Vauthier (Univ. de Berne)

 

 

[1] n° 134, mai 2002.

[2] Paris, L’Harmattan, 2009.

[3] Paris, L’Harmattan, 2012.

[4] Paris, R. Laffont, « Bouquins », 2012.

[5] Paris, Classiques Garnier, 2014. Deux laboratoires de recherches de l’Univ. de Rouen, le CÉRÉdI et l’ÉRIAC, ont été directement impliqués dans ces travaux. De nombreux motifs analogiques, tels que la flèche, le lion, la bulle d’air ou le diamant, y sont étudiés sur la longue durée.

[6] « En suivant un camion de déménagement sur les routes de Grèce », in Le Parcours du comparant, op. cit., p. 27-28.

[7] Voir, sur un plan général, X. Bonnier, « Avant-propos », ibid., p. 24.

[8] Paris, Le Seuil, 1999 [1re éd. 1985], p. 45.

[9] P. XXI.