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"Joan W. Scott ou l’histoire critique des inégalités", par C. Plumauzille (laviedesidees.fr)

Publié le par Marc Escola

Joan W. Scott ou l’histoire critique des inégalités
par Clyde Plumauzille, sur laviedesidees.fr, mis en ligne le 17 juin 2014

Depuis plus de trente ans, Joan Scott informe et transforme notre histoire comme notre façon de faire de l’histoire et nous oblige à repenser nos catégories, à déplacer notre regard. De la lutte des classes à la différence des sexes en passant par l’émancipation sexuelle et la question raciale, elle propose une analyse critique des rhétoriques républicaines pour déjouer les formes naturalisées de l’inégalité.

« La critique ce sera l’art de l’inservitude volontaire, celui de l’indocilité réfléchie » [1]. Placée en exergue de son article « L’Histoire comme critique » [2], cette citation de Foucault constitue un raccourci saisissant pour appréhender le parcours épistémologique de l’historienne américaine Joan Scott. Professeure à l’Institute for Advanced Study de Princeton, Joan Scott est l’auteure de nombreux travaux sur le genre, le féminisme et la citoyenneté. Chercheuse mouvante et plurielle, elle a évolué de l’histoire sociale marxiste à l’histoire des femmes, puis, dans le courant des années 1980, de l’histoire des femmes à l’histoire du genre dont elle a été une des premières théoriciennes. Ces historiographies engagées furent à chaque fois pour Joan Scott matière à une réflexion critique, susceptible d’éclairer les points aveugles des systèmes sociaux de la Révolution française à nos jours. À la recherche des paradoxes de l’histoire, son parcours traduit également un combat contre la naturalisation des différences et des inégalités qui en découlent. Historienne et féministe critique, elle réclame que les concepts mobilisés par les sciences sociales demeurent des catégories d’intervention critique dans le débat politique et universitaire. C’est pourquoi, de son article de référence de 1986, « Genre : une catégorie utile d’analyse historique », à la récente parution de son recueil De l’utilité du genre en 2012, l’historienne n’a cessé de souligner les enjeux politiques, sociaux et même fantasmatiques que permet d’appréhender la conceptualisation de la différence des sexes [3]. Dans cette perspective, l’universalisme républicain français a constitué son terrain de recherche privilégié et elle s’est régulièrement investie dans la discussion publique de ses apories. La politisation des questions sexuelles en France dans le courant des années 1990 et les débats suscités par la parité, le PaCs ou encore le port du voile dans la reformulation du contrat républicain ont constitué autant d’objets de réflexions et de discussions saisis sur le vif par Joan Scott. […]

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