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"Faut-il montrer les images de violence ?", par E. Taïeb (laviedesidees.fr, 7/7/15)

Publié le par Marc Escola

Faut-il montrer les images de violence ?, par Emmanuel Taïeb (7/7/15)

 

Lynchages, décapitations, cadavres…Les images de violence, en libre diffusion sur Internet, sont souvent occultées par les médias français. Pourquoi montrer ou, au contraire, cacher certaines images ? Toute violence ne serait-elle pas bonne à voir ?

Les images de Darius, jeune Rom lynché en 2014 en Seine-Saint-Denis, et laissé pour mort dans un chariot de supermarché, n’ont pas été diffusées par la presse française. La découverte de ces images sur les sites web des médias étrangers est un choc pour qui ignorait leur existence. Ce qu’on y voit est saisissant : un visage ensanglanté et boursouflé, un quasi-cadavre, dont on pourrait croire qu’il est celui d’une victime de guerre, alors que l’agression s’est produite à quelques kilomètres de Paris.

Dans le flux ininterrompu des informations télévisées et de la presse papier, nombre d’images de violence sont en fait absentes. Cette assertion peut sembler contre-intuitive, tant il semble que la mort, les attentats ou les guerres forment la matière même des nouvelles que nous recevons. Elles relèvent cependant davantage du « dire » que du « montrer », et les spectateurs français n’ont parfois pas connaissance de diverses images relatives à des événements qui se sont déroulés dans leur propre pays. Sauf à consulter la presse étrangère, notamment anglaise, moins rétive à la publication de photos frappantes, et pas seulement dans les tabloïds.

Sauf à faire également la démarche d’aller regarder, en plus des médias classiques, ce qui circule sur internet, où toutes les images occultées se trouvent en quelques clics, pas seulement sur des sites dédiés (il y a deux ans, la vidéo de la décapitation d’une femme au Mexique avait circulé longtemps sur Facebook, avant d’être supprimée), et dévoilent en creux l’étendue de ce qui n’est plus montré dans les médias généralistes. Internet s’impose là comme un média alternatif et ouvert, où les images de violence circulent sans entrave ni mesure. Voir ces images implique cependant une démarche, et l’assomption par le spectateur qu’il pourra supporter ce qu’il verra.

À lire sur laviedesidees.fr…