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Figurations de la mort et du deuil en littérature de jeunesse (Lille)

Figurations de la mort et du deuil en littérature de jeunesse (Lille)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Bochra Charnay)

Figurations de la mort et du deuil en Littérature de jeunesse

Colloque international en Littérature de Jeunesse

Université de Lille sciences humaines et sociales

Organisé par Bochra et Thierry Charnay

E.A. 1061 ALITHILA

16-17 novembre 2017

 

L’enfant mourut. La mort entra comme un voleur

Et le prit. – Une mère, un père, la douleur,

Le noir cercueil, le front qui se heurte aux murailles,

Les lugubres sanglots qui sortent des entrailles,

Oh ! la parole expire où commence le cri ;

Silence aux mots humains !

Victor Hugo[1]

 

Si les mots sont impuissants à exprimer la perte et la douleur d’un « être cher », pour employer une expression stéréotypée, certains auteurs de littérature pour l’enfance et la jeunesse ont surmonté l’indicible, transgressé le tabou de la mort, et mis en récit ce qui ne peut être dit par crainte, par respect, par pudeur ou par bienséance.

On peut essayer d’envisager comment ces différents récits expriment la façon dont on peut vivre la mort d’un proche avec ses rites, supporter l’existence ensuite, faire son deuil.

Lors de ces journées lilloises de littérature de jeunesse pourront être abordées aussi des thématiques connexes telles que l’expression de la douleur, du désespoir, de la compassion, ou encore la consolation, le traitement du souvenir et pourquoi pas la cruauté, la résignation. On pourra réfléchir également à la représentation  des « résistances » à la mort, de sa négation, de son apprivoisement, ou au contraire de  son évitement, à leur traitement stylistique comme à leur mise en images.

L’objectif des communications sera d’étudier les rapports à la mort des personnages fictionnels, leur attitude, et les effets de sens ainsi produits et la manière dont l’auteur tente de le traduire. On pourra examiner, entre autres :

  • la mort comme rite de passage (Arnold Van Gennep),
  • la mort comme « abîme du présent, le temps sans présent avec lequel je n’ai pas de rapport, ce vers quoi je ne puis m’élancer, car en elle je ne meurs pas, je suis déchu du pouvoir de mourir, en elle on meurt, on ne cesse pas et on n’en finit pas de mourir » (Maurice Blanchot [2])
  • ou enfin, sans exclusive, l’expérience de la mort par le truchement d’un personnage selon la conception freudienne : « dans le domaine de la fiction nous trouvons cette multiplicité de vies dont nous avons besoin. Nous nous identifions avec un héros dans sa mort, et cependant nous lui survivons, tout prêt à mourir aussi inoffensivement une autre fois, avec un autre héros. [3] »

On songe évidemment pour ces différentes pistes d’études aux contes les plus connus : Le Petit Chaperon rouge, Le conte du Genévrier, ou Ma mère m’a tué, mon père m’a mangé…Mais également à Babar qui débute par l’assassinat de la mère du petit éléphant, à l’album Au revoir Blaireau[4]ou encore aux Mémoires d’un âne de la Comtesse de Ségur notamment pour son chapitre intitulé « Le cimetière ».

Le corpus sera constitué de récits incluant des épisodes où la mort est configurée et exclura toutes les productions contemporaines à visées psychologique et pédagogique ou documentaire (du type « comment aborder la mort avec des enfants », etc.). Les études pourront porter, outre la littérature, sur la bande dessinée, le dessin animé, le cinéma, les jeux vidéos, etc.

Les propositions de communication (titre,  résumé de 1000 caractères maximum, mots clés, et références bibliographiques), accompagnées d’une brève biobibliographie (statut, établissement et équipe d’accueil ainsi que les principales publications) sont à adresser au plus tard le 1 septembre 2017 à l’adresse  suivante :

litteraturejeunesselille3@gmail.com

Les communications retenues et présentées lors du colloque feront l’objet d’une publication, sous réserve de l’approbation du comité scientifique.

Comité d’organisation

  • Bochra Charnay
  • Thierry Charnay

Comité scientifique

CHARNAY Bochra, Docteur en études littéraires françaises, EA 1061 ALITHILA (Analyses littéraires et Histoire de la Langue), Université de Lille SHS.

CHARNAY  Thierry, Maître de conférences en linguistique française, sémiotique, EA. 1061 ALITHILA (Analyses littéraires et Histoire de la Langue), Université de Lille SHS.

CHEKALOV Kirill, Directeur du Département « Lettres modernes de l’Occident et Littérature comparée » de l’Institut de  Littérature mondiale de l’Académie des Sciences de Russie, Moscou.

DEOM Laurent, Maître de conférences en littérature de jeunesse, EA 1061 ALITHILA (Analyses littéraires et Histoire de la Langue), Université de Lille SHS.

HENKY Danièle, Maître de conférences, HDR, en langue et littérature françaises, E.A. 1337 Configurations littéraires, Université de Strasbourg.

KUNEŠOVÁ Kvĕtuše, Docteur en études romanes, Département de langue et littérature françaises,  Faculté de Pédagogie, Université de Hradec Kralové, République tchèque.

RIMASSON-FERTIN  Natacha, Maître de conférences en langue et littérature allemande, UFR de Langues étrangères, Section d'études germaniques et slaves, Université Grenoble-Alpes.

THIRARD Marie-Agnès, Professeur émérite, EA 1061 ALITHILA (Analyses littéraires et Histoire de la Langue) Université Lille sciences humaines et sociales.

 

[1] Victor Hugo, Les Contemplations, « Autrefois », XXIII « Le revenant », Gallimard et LGF, 1965, p. 196.

[2] Maurice Blanchot, L’Espace littéraire, Gallimard, 1955, p. 160.

[3] Sigmund Freud, Essais de psychanalyse, « Notre attitude à l’égard de la mort », Petite Bibliothèque Payot, 1971, p. 256.

[4] Susan Varley, Au revoir Blaireau, Gallimard jeunesse, 1986.