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Les cinq sens et les textes

Les cinq sens et les textes

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Paul Dirkx (Université de Lorraine))

APPEL À COMMUNICATIONS

Les cinq sens et les textes

Colloque international à l’Université de Lorraine

Laboratoire LIS (Littératures, Imaginaires, Sociétés)

29, 30 et 31 mai 2013

 

1.         Problématique et objectif

Dans le domaine des études littéraires et discursives en général, les cinq sens (vue, ouïe, toucher, odorat et goût) passent souvent inaperçus. Ils évoquent habituellement des choses peu ou prou anodines, dont le caractère d’évidence ne suscite guère la curiosité et qui, perçues comme périphériques par rapport aux questions d’écriture et de sens au singulier, méritent au mieux un traitement thématique. Rares sont les travaux qui réservent aux cinq sens une place plus appropriée, voire les considèrent comme inhérents aux processus de production scripturale. Le colloque international « Les cinq sens et les textes » a pour objectif principal d’explorer, pour la première fois de manière systématique, les rapports qu’ils entretiennent avec les textes artistiques (en premier lieu littéraires, mais aussi scénaristiques, etc.) dans toutes leurs dimensions : stylistique, poétique, sociohistorique, etc. Le but est donc de problématiser ces rapports en vue de contribuer à une meilleure compréhension des types d’écriture concernés. À cet effet, il propose de dépasser une perspective phénoménologique aux effets descriptifs  plus ou moins redondants (de type « les cinq sens dans l’oeuvre de »), afin d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche, sans négliger les travaux existants (voir 4. Bibliographie).

2.         Objets et méthodes d’analyse

Quatre niveaux d’analyse seront distingués :

1.         les cinq sens tels qu’ils apparaissent dans l’espace diégétique proposé par le texte : quelles caractéristiques ou contraintes cet espace impose-t-il à la vie sensorielle, et vice-versa ? cette dernière tend-elle à séparer les êtres doués de sens du monde anorganique ou végétal, ou est-elle plutôt caractérisée par des phénomènes associatifs de symbiose ou d’empathie ? quel est le rôle joué par les procédés stylistiques et rhétoriques ? quel est l’impact du cadre générique sur la distribution des cinq sens ? etc. ;

2.         les cinq sens en tant qu’ils relèvent de l’instance narrative : celle-ci se différencie-t-elle d’un texte à l’autre en fonction des sens qu’elle met en récit ou en scène ? quel est son propre fonctionnement sensoriel ? dans quelle mesure est-elle dotée non pas de la seule vue (« focalisation »), mais d’autres sens ? peut-on, à partir de ces questions, élaborer une critique du concept de narration, voire de celui de narrateur ? etc. ;

3.         les cinq sens en tant qu’ils se rapportent à l’auteur : est-il possible de mieux circonscrire les options esthétiques, éthiques ou politiques d’un auteur ou d’un réseau d’auteurs en dégageant d’un corpus les fonctions et fonctionnements des sens, leurs relations hiérarchiques, etc. ? quels sont les rapports entre les sens mis en texte et les sens de l’auteur ou, du moins, les dimensions sensorielles de sa pratique d’écriture, voire de pratiques d’écriture en vigueur dans telle ou telle partie du champ ? etc. ;

4.         les cinq sens en tant qu’ils relient tout ou partie des niveaux précédents : quelles modifications note-t-on en passant d’un niveau à l’autre et quelles conclusions peut-on en tirer quant à la narration ou l’énonciation du texte considéré, ou quant à sa conformité à la catégorie (générique, esthétique, etc.) à laquelle il est censé ressortir? le biais sensoriel permet-il de mieux appréhender les « problèmes » posés par les textes au statut générique ou fictionnel complexe (par exemple, autofictions ou poèmes en prose) ? etc.

Toutes ces questions ne sont qu’indicatives et chacune d’elles nécessite l’étude d’un corpus précis, de préférence à production (les problèmes de réception seront plutôt mis au service d’une meilleure appréhension de l’engendrement textuel). Le colloque ne pourra fournir de réponses intéressantes, susceptibles de défricher le terrain exploré, qu’en proposant un programme qui, dans la mesure du possible, croise des corpus hétérogènes, relevant de périodes, de genres ou de poétiques différents. Dans un souci de cohérence, il évitera, certes sans exclusive aucune, de varier les traditions nationales ou linguistiques, au profit des productions de langue française. Sous chacun des quatre angles indiqués ci-dessus, il y aura lieu de circonscrire les logiques scripturales, narratives, rhétoriques, (socio)poétiques, imaginaires, etc., qui font des sens des sens proprement littéraires – ou non. Compte tenu de l’objectif principal du colloque, il faudra éviter de privilégier un sens plutôt qu’un autre, sauf si pareille réduction sert une analyse qui éclaire l’ensemble du dispositif sensoriel. Si le point de vue synesthésique n’est pas indispensable, c’est bien la sensorialité dans ses rapports avec les textes qui sera au centre des débats.

Enfin, quant aux choix méthodologiques, de nombreuses approches (génétiques, stylistiques, narratologiques, historico-littéraires, (socio)poétiques, sociocritiques, ethnocritiques, etc.) seront inévitablement mises à contribution, voire devront être combinées, afin de traiter de manière adéquate une problématique dont l’étude peut, si elle est bien menée, éclairer d’un jour nouveau l’écriture artistique et ses spécificités. Le séminaire du Centre d’études littéraires Jean Mourot de l’Université de Lorraine dont est issu ce colloque, ainsi que la journée d’étude « L’oeil littéraire » (http://www.fabula.org/actualites/l-oeil-litteraire-le-regard-comme-operateur-scriptural_41421.php) ont montré que les cinq sens sont de puissants analyseurs de ces spécificités. Le colloque que la nouvelle équipe LIS (Littératures, Imaginaires, Sociétés) organisera les 29, 30 et 31 mai 2013 à l’Université de Lorraine propose de les envisager plus précisément comme des opérateurs scripturaux, dont l’intérêt scientifique et critique dépasse de loin l’image ordinaire des cinq sens comme phénomènes aussi « bien connus » que méconnus, voire encore largement inconnus.

3.         Modalités de soumission d’une proposition

Les propositions de communication (25 minutes) en français devront tenir compte des orientations esquissées ci-dessus. Elles comporteront un titre (susceptible de modification), un résumé de 1500 à 2000 signes, ainsi que le nom, l’appartenance institutionnelle, le titre, le grade et les coordonnées de l’auteur (adresse postale, adresse électronique et téléphone). Elles devront parvenir à

Paul Dirkx (paul.dirkx@univ-lorraine.fr)

avant le 30 septembre 2012. Après une double évaluation en aveugle par le comité scientifique du colloque, une réponse sera envoyée avant le 15 novembre 2012. Ce colloque débouchera sur une publication en volume.

Adresse postale pour information : Université de Lorraine, CÉLJM, Paul Dirkx, Bd Albert Ier Roi des Belges, F-54000 Nancy.

4.         Bibliographie

L’Esprit créateur 24, 2 (été 1984). Literature and Perception.

Littérature 163 (septembre 2011). Comment dire le sensible ? Recherches sémiotiques.

Bakhtine, Mikhaïl, L’Oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance, Paris, Gallimard, 1970.

Binczek, Natalie, Der Tastsinn in Texten des Aufklärung, Tübingen, Niemeyer, 2007.

Caws, Mary Ann, The Eye in the Text. Essays in Perception, Mannerist to Modern, Princeton, Princeton University Press, 1981.

Corbin, Alain, Le Miasme et la jonquille. L’odorat et l’imaginaire social, 18e-19e siècles, Paris, Flammarion, 1982.

Greimas, Algirdas Julien - Fontanille, Jacques, Sémiotique des passions. Des états de choses aux états d’âme, Paris, Seuil, 1991.

Laurichesse, Jean-Yves, La Bataille des odeurs. L’espace olfactif des romans de Claude Simon, Paris, L’Harmattan, 1998.

Léopold, Sandrine, L’Écriture du regard dans la représentation de la passion amoureuse et du désir, Oxford, Peter Lang, 2009.

Ouellet, Pierre, Poétique du regard : littérature, perception, identité, Limoges, PULIM, 2000.

Richard, Jean-Pierre, Proust et le monde sensible, Paris, Seuil, 1974.

Rindisbacher, Hans J., The Smell of Books. A Cultural-Historical Study of Olfactory Perception in Literature, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1992.

Serres, Michel, Les Cinq Sens, Paris, Grasset, 1985.

5.         Comité scientifique

Bernard Andrieu (Université de Lorraine)

Pascal Brissette (Université McGill)

Christian Chelebourg (Université de Lorraine)

Laurence Denooz (Université de Lorraine)

Pascal Durand (Université de Liège)

Alain Génetiot (Université de Lorraine)

Rainier Grutman (Université d’Ottawa)

Pierre Halen (Université de Lorraine)

Laurence Kohn-Pireaux (Université de Lorraine)

Daniel Lançon (Université de Grenoble)

Jean-Yves Laurichesse (Université de Toulouse - Le Mirail)

Jérôme Meizoz (Université de Lausanne)

Rachel Monteil (Université de Lorraine)

Ursula Moser (Université d’Innsbruck)

Pascal Mougin (Université de Paris - Sorbonne Nouvelle)

Marie-Jo Pierron (Université de Lorraine)

Richard Samin (Université de Lorraine)

Jean-Michel Wittmann (Université de Lorraine)

 

Coordination et organisation : Paul Dirkx (Université de Lorraine)